Une fois n’est pas coutume, je voudrais aborder un problème de mesure et de méthode. : combien y a-t-il de pauvres en France ? On sait, depuis la récente publication de l’Insee sur le sujet (voir
http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1412/ip1412.pdf, ainsi que le commentaire que j’ai publié sur mon blog le 7 septembre) que, en 2010, la pauvreté monétaire concerne 8,6 millions de personnes, un nombre en forte croissance par rapport à 2008 (7,8 millions). Mais ce chiffre tend sans doute à sous-estimer le nombre des personnes dont la situation sociale est dégradée ou menacée. Pour quatre raisons.
D’abord, il ne porte que sur la France métropolitaine et écarte un ensemble non négligeable de ménages. Il s’agit de ceux qui n’ont pas déposé de déclaration de revenus, soit environ 2 % des ménages, qui sont généralement parmi les plus pauvres, car vivant plus ou moins dans les marge de la société (sans domicile fixe, en hébergement d’urgence, en institutions, …). Il s’agit également des ménages dont la personne de référence est étudiante, car leurs revenus sont souvent complétés par des transferts intra-familiaux difficiles à mesurer. Enfin, sont écartés les ménages dont le revenu déclaré est nul ou négatif (situation que l’on trouve surtout chez les indépendants). Ainsi, alors que la France métropolitaine comportait au 1er janvier 2010 62,8 millions d’habitants, seules 61 millions de personnes étaient visées par l’enquête permettant de chiffrer la pauvreté monétaire. Près de 2 millions de personnes sont donc ignorées, parmi lesquelles sans doute une proportion relativement élevée (mais impossible à chiffrer) est en situation de pauvreté, voire de très grande pauvreté.