vendredi 24 février 2012

Ce n'est pas le RSA qui créé des emplois




Que d'inepties ne faut-il pas entendre en cette période électorale ! Entre Nicolas Sarkozy qui assimile les RSAstes à des délinquants et François Bayrou qui s'imagine que le RSA créé des emplois, on est mal barrés.


Hier, sur i>Télé, le candidat du Modem a dit : «La puissance publique doit faire ce qu'elle peut pour que les gens retrouvent un travail. Je vais discuter avec Martin Hirsch du RSA, nous devons l'améliorer pour qu'il réintègre davantage les gens sur le marché du travail».

S'il avait été sensé et volontariste, François Bayrou aurait pu dire : "La puissance publique doit tout mettre en œuvre afin de générer des créations d'emplois". Mais non : c'est aux gens de «retrouver un travail» et au RSA de «réintègrer davantage les gens sur le marché du travail» alors qu'il manque 5 millions d'emplois en France. Ou il fait exprès d'ignorer que la création d'emplois ne dépend ni du RSA, ni de Pôle Emploi mais bel et bien d'une volonté politique et de choix économiques, ou il est vraiment à côté de la plaque.

Quant à Nicolas Sarkozy, roi de l'esbroufe et du radotage, son cas est désespérant. Hier soir sur France 2, malgré un bilan accablant, il nous a fait avaler des couleuvres en déclarant vouloir «valoriser le travail», sa vieille antienne de 2007. Comment ?

Le TIG des pauvres

D'abord en «allégeant puissamment les charges payées par les entreprises pour améliorer leur compétitivité» (c'est-à-dire en détruisant méthodiquement la protection sociale des salariés), alors que l'Insee vient de démontrer que coût du travail élevé ne rime pas avec mauvaises performances économiques et chômage élevé.

Ensuite, en généralisant l'expérimentation des CUI de 7 heures par semaine pour les RSAstes : «Quelqu’un qui est au RSA, qui n’a pas d’emploi et qui n’est pas en formation devra faire sept heures de travail d'intérêt général par semaine rémunérées au niveau du Smic». Outre le fait qu'il n'a que de l'emploi en miettes à proposer, de surcroît grassement subventionné par la collectivité, notez qu'il parle de travail d'intérêt général, terme utilisé dans le cadre d'une sanction pénale de substitution à l'emprisonnement pour les délinquants.

Personne ne l'a relevé, personne n'est choqué. Pas même Martin Hirsch qui a réagi ce matin sur France Info en reprenant le même terme sans sourciller.

Pour lui, la responsabilité de ce qui ne marche pas est à rechercher non du côté des allocataires mais des pouvoirs publics : en cela il a parfaitement raison. Mais pour lui, la responsabilité incombe également… à Pôle Emploi qui «n'a pas fait son boulot» : comme si Pôle Emploi était responsable des destructions d'emplois dans le public comme dans le privé; comme si c'était Pôle Emploi qui créait les emplois alors qu'il n'est qu'un intermédiaire entre l'offre (misérable) et la demande (considérable). Quand les choses ne tournent pas rond, il faut bien désigner des boucs émissaires...

Que leur incompétence relève de la bêtise ou du mensonge, ces gens sont insupportables. Trop bien payés pour ce qu'ils font, leur illégitimité devient criante.

SH

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