mardi 27 novembre 2012

Ami, entends-tu / les cris de / l'étranger / qu'on malmène?



Enfermés par la police qui veut les garder sous la main pour organiser leur expulsion, brusquement bannis de la vie normale qu'ils avaient cru pouvoir vivre, malgré le non consentement de l'Etat à leur présence, ils ont été plus de cinquante mille à subir la rétention administrative en 2011 - et sans doute autant en 2012.

Selon l'AFP (21 novembre 2012), "sept étrangers en situation irrégulière se sont évadés dans la nuit de mardi à mercredi du centre de rétention administrative (CRA) du bois de Vincennes, à Paris. (...) Ces immigrés, dont la nationalité, l'âge et le sexe n'ont pas été précisés, sont parvenus à forcer une porte arrière du CRA moins surveillée que d'autres". Ces sept personnes ont fui la promesse d'expulsion qui motivait leur enfermement. Elles sont forcément identifiées par la police. Si elles sont reprises, ce sera le passage en correctionnelle, une condamnation à la prison et, à la sortie, encore l'expulsion - c'est la double peine.

La CAF, une machine à broyer usagers et salariés


Partout en France, l’accueil des usagers des caisses d’allocations familiales est aussi déplorable que les conditions de travail de ses agents. Politique du chiffre, réductions d’effectifs, impuissance face à l’augmentation de la pauvreté : les salariés se sentent dépossédés du sens même de leur travail. Le malaise et la souffrance se répandent des deux côtés du guichet.


Une file d’attente, des vigiles en guise de comité d’accueil. «Ça devient vraiment n’importe quoi», lâche une femme en arrivant ce 19 novembre devant la CAF du 13e arrondissement de Paris. Devant elle, une soixantaine de personnes piétinent sur le trottoir. Découragés d’avance, certains font demi-tour. «Je suis venue ce matin à l’ouverture, c’était pareil, soupire une allocataire venue retenter sa chance pendant sa pause déjeuner. Encore foutu, il faut que je retourne bosser». La semaine dernière, elle avait trouvé porte close. «Ils ont fermé une semaine, sans prévenir. Comment fait-on dans ce cas-là pour faire nos démarches ?» Par téléphone, c’est payant et ils sont injoignables, expliquent les allocataires. «Et puis sur Internet, le service est très limité. A part télécharger un justificatif de base, vous n’avez accès à rien.»

vendredi 23 novembre 2012

Le choc de cUMPétitivité


Faudra penser à remercier les 2 pitres de l’umplouf pour cette épatante illustration du choc de compétitivité, ou comment mettre en concurrence deux petits caïds de gang politicard jusqu’à l’épuisement.
« Vous en avez assez de cette racaille ? Eh bien on va vous en débarrasser... » croyait pas si bien dire, l’autre.
Jean-François pignouf, arriviste en eaux troubles et briseur de tabous, de ceux qui protégeaient encore des bouffées de haine, des remontées de gerbe, du rot repu à table et du pet satisfait dans le lit conjugal.

dimanche 18 novembre 2012

Calais : des migrants harcelés par les policiers selon le Défenseur des droits



Pas de violences policières, mais des pratiques humiliantes, parfois illégales, qui s’apparentent à un véritable harcèlement policier des migrants transitant dans la région de Calais (Pas-de-Calais). Dans une décision datée du 12 novembre 2012, rendue publique ce vendredi, le Défenseur des droits Dominique Baudis demande « qu'il soit mis fin à ces pratiques et que la hiérarchie policière, qui ne peut les ignorer, y porte une attention particulière ». Les faits décrits se situent entre 2009 et 2011, mais « c'est aussi ce que nous aurions pu constater en 2012 », précise son adjointe chargée des questions de déontologie de la sécurité, Françoise Mothès.

Distribution de repas sur la zone portuaire, avril 2012.Distribution de repas sur la zone portuaire, avril 2012.© Rachida El Azzouzi

Paroles de retenus depuis le cra de Vincennes, avant et après la manifestation du 16-11-12


Le vendredi 16 novembre, une manifestation était appelée à 18 heures pour s’approcher au plus près du centre de rétention de Vincennes. (Un récit de la manifestation est consultable ici)
Nous avions déjà appelé durant le mois précédent pour prévenir les retenus, et nous avons passé des coups de fil le jour même, avant et après la manifestation. Ces appels nous ont permis d’apprendre que les retenus nous avaient entendus dans les centres 1 et 2. On a surtout pu être au courant de révoltes à l’intérieur, faire circuler les informations entre les centres, et raconter la manifestation aux retenus. Ces contacts nous motivent d’autant plus à venir crier notre rage et notre solidarité devant le centre de Vincennes, et devant tous les autres lieux d’enfermement.
16-11-12 MIDI
Vincennes centre 2
« Ca se passe très mal, y’a une personne qui a fait une tentative de suicide hier, il est passé à l’hôpital après. Et après y’a des cars de crs qui sont arrivés, en force, avec les boucliers vous voyez. On est traité comme des chiens, voilà. Y’a un Egyptien qui est parti à l’hôpital parce qu’il a tenté de se suicider, il a été maltraité en fait, il est à l’hôpital encore. Y’a un groupe de gens ils ont commencé à mettre le feu ici, à casser à peu près partout. »


Davantage de logements sociaux, mais moins accessibles



En dix ans, le parc social s’est enrichi de près de 450 000 logements en France. Mais les nouveaux logements proposés sont moins accessibles pour les ménages à faibles ressources car les plafonds de revenus pour y accéder et les loyers pratiqués sont plus élevés. Par Noam Leandri, président de l’Observatoire des inégalités.


Au 1er janvier 2012, la France comptait 4,5 millions de logements sociaux, soit 15 % des résidences principales. Depuis 2002, le parc social s’est enrichi de 446 000 logements. Le financement de nouveaux logements sociaux a atteint un niveau record de 130 000 habitations en 2010, du jamais vu depuis 30 ans. L’évolution est restée soutenue en 2011 avec plus de 116 000 nouveaux logements financés. Mais ces nouveaux logements sont souvent destinés à des ménages plus aisés.

Liberté pour Aurore Martin




« La lucidité est la blessure la plus proche du Soleil. »
                                                              René Char




Jeudi 1er novembre. Il est 17 heures. J’apprends par téléphone la nouvelle de l’arrestation d’Aurore Martin, militante basque victime d’un mandat d’arrêt européen émis par Madrid pour appartenance à un parti politique interdit sur le territoire espagnol : Batasuna, considéré comme proche de l’organisation indépendantiste armée Euskadi Ta Askatasuna (ETA). En France, Batasuna est légal et Aurore travaillait à l’organisation d’un forum pour la paix prévu pour le 15 décembre à Bayonne. Ce qui devrait achever de convaincre les sceptiques qu’Aurore Martin est tout simplement victime d’une répression uniquement motivée par des motifs politiques. Valls donne suite aux arrestations des jours précédents (Saúl Curto López le 22 octobre, Izaskun Lesaka Argüelles et Joseba Iturbidee Ochoteco dimanche 28 octobre) et, surtout, à sa déclaration tout feu tout flamme de lundi dernier quand il clamait qu’il continuerait « à lutter avec fermeté » contre l’indépendantisme basque tant qu’ETA n’aurait pas déposé les armes. Les armes, justement, ETA les a lâchées il y a un an, un certain 20 octobre 2011, et l’a fait savoir dans un communiqué qu’elle concluait ainsi : « ETA a décidé l’arrêt définitif de son activité armée. ETA lance un appel aux gouvernements d’Espagne et de France pour ouvrir un processus de dialogue direct qui aura comme objectif la résolution des conséquences du conflit et, en conséquence, le dépassement de la confrontation armée. À travers cette déclaration historique, ETA montre son engagement clair, ferme et définitif. »

jeudi 15 novembre 2012

Merci au peuple grec pour sa résistance et espérons que Syriza ne le déçoive pas



Dans cette interview donnée à Syriza dans le cadre du festival de la jeunesse qui a eu lieu les 6-7 octobre 2012 à Athènes, Eric Toussaint explique en quoi, selon lui, la coalition de gauche radicale Syriza peut représenter un espoir pour toute la gauche européenne.




 Voir aussi « Le peuple grec se trouve aujourd’hui à l’épicentre de la crise du capitalisme » et la vidéo

On n'a plus Sarkozy, mais on a les médias !



La propagande antisalariale bat son plein : c'est tous azimuts qu'une presse, en manque de la petite musique sarkozyste, se charge de la distiller. Ici, avec les travailleurs low-cost de l'Union européenne.



Le Parisien a ouvert le bal ce matin, annonçant que quelque 300.000 salariés étrangers (ressortissants de l'Union européenne) travailleraient en France «à prix cassés, selon une note du ministère du Travail. Et ce, en toute légalité». Très instructif, l'article nous apprend que la directive Bolkenstein — qui était censée permettre à tous les ressortissants de l'UE de travailler aux conditions sociales de leur pays d'origine, donc à des salaires défiant toute concurrence et fut à l'origine du mythe du «plombier polonais», bien que réformée suite au tollé général qu'elle avait provoqué en 2005, a pu conserver son principe grâce à un tour de passe-passe imaginé par Bruxelles, ses technocrates ayant mis en place un dispositif de contournement portant sur les «sociétés étrangères de prestations de services».

dimanche 11 novembre 2012

Le MEDEF ou l’école aliénée


I'm not heartless
                            photo

Ils auraient tort de s’en priver ! Confortés par la procession de ministres lors de son université d’été du mois d’août, le Medef lâche désormais la bride. Et devinez quoi ? Ils ont l’oreille de Matignon, de l’Elysée et d’ailleurs. 98 patrons menacent le dimanche, le gouvernement Ayrault se couche huit jours en adoubant le rapport Gallois sur la compétitivité. Laurence Parisot et Michel Pébereau charpentent l’école sauce Medef via une tribune dans Le Figaro, le sempiternel Ayrault annonce 3 jours après qu’il faut faire découvrir l’entreprise dès le CP !

Au Front de Gauche, les courbettes devant le Medef, ce n’est pas notre truc. Le débat argumenté oui. Ce que le ministre de l’éducation nationale a été incapable de faire, ou plutôt n’a pas voulu faire faute de convergences trop nombreuses avec la dite tribune, nous le faisons à sa place.

Vous trouverez ci-dessous la tribune réponse co-écrite avec Francis Daspe. Sans oublier de vous préciser que celle-ci a été…refusée par le Figaro. Mais vous comprendrez vite pourquoi :

Lettre à Angela Merkel




Madame la Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, Angela Merkel,

À l’occasion de votre visite au Portugal, je vous demande de bien vouloir faire suivre ce bref message à vos concitoyens :

.  Nous savons qu’au cours de la dernière décennie, vos gouvernements vous ont dit qu’il vous faudrait sacrifier une partie de votre salaire afin d’assurer la survie de votre État providence. Ils vous ont dit, et vous les avez crus, qu’en faisant une croix sur une petite partie de vos revenus, votre pays deviendrait “plus compétitif” et pourrait ainsi économiser suffisamment pour continuer à verser vos retraites et les allocations de vos enfants.

.  Nous savons que ces dix dernières années n’ont pas été faciles pour vous et que votre pays est devenu moins agréable et plus inégalitaire. Nous savons aussi que l’objectif recherché a bel et bien été atteint. Que l’Allemagne est devenue « plus compétitive », qu’elle a beaucoup exporté, qu’elle a moins importé et pour moins cher, et que sa balance des paiements a enregistré d’importants excédents, accumulés dans vos banques.

samedi 10 novembre 2012

Sans-papiers: le Sénat vote la garde à vue bis




Le Sénat a voté dans la nuit de jeudi 8 à vendredi 9 novembre le projet de loi présenté par Manuel Valls visant à remplacer la garde à vue des sans-papiers, rendue illégale, par une nouvelle procédure de privation de liberté d’une durée de seize heures. Contesté par les associations de défense des droits des étrangers, le texte a été salué sur les bancs du centre et de l’UMP, mais critiqué par les élus Verts, qui se sont abstenus, et par les communistes, qui s'y sont opposés.

Après le rejet de la loi sur la tarification progressive de l’énergie et de la loi de programmation budgétaire, l'adoption par le Sénat du projet Valls, débattu dans le cadre d’une procédure accélérée (un seul passage devant chaque assemblée), a cette fois-ci été acquise grâce notamment au soutien de la droite.


La politique menée en matière d’immigration n’a, de fait, pas lieu d’indigner l’opposition. D’un quinquennat à l’autre, les expulsions n’ont jamais cessé. Le ministre de l’intérieur a même récemment admis qu’il y aurait « un peu plus » de reconduites à la frontière en 2012 qu’en 2011, en raison de l’avance prise au premier semestre par Claude Guéant et de la multiplication des démantèlements de campements de Roms cet été et cet automne.

L'étranger, gibier de police ou sujet de droit ?




Depuis toujours l'Etat s'octroie le droit de rudoyer les étrangers qu'il juge indésirables, en alléguant des impératifs d'ordre public. Mais un contre-courant, tourné vers l'avenir et vers l'universel, est aussi à l'oeuvre.
Le Conseil Constitutionnel fait en 2011 le constat suivant. "Aucune règle de valeur constitutionnelle n'assure aux étrangers des droits de caractère général et absolu d'accès et de séjour sur le territoire national. Les conditions de leur entrée et de leur séjour peuvent être restreintes par des mesures de police administrative conférant à l'autorité publique des pouvoirs étendus reposant sur des règles spécifiques. L'objectif de lutte contre l'immigration irrégulière participe de la sauvegarde de l'ordre public qui est une exigence de valeur constitutionnelle". En effet, dans la Constitution de la Vème République, l'étranger vivant en France n'apparait nulle part, sauf en matière de droit d'asile: "(...) les autorités de la République ont toujours le droit de donner asile à tout étranger persécuté en raison de son action en faveur de la liberté ou qui sollicite la protection de la France pour un autre motif" (Art. 53-1).
N'ayant pas d'existence positive, l'étranger devient fatalement un gêneur susceptible de troubler l'ordre public, surtout s'il n'a pas réussi à obtenir un titre de séjour, et plus encore si on lui en a refusé le renouvellement. Situation aggravée depuis les années 70 du siècle passé, quand l'administration décida qu'il n'était plus nécessaire d'importer de travailleurs pour l'industrie française. Dès lors, la place de l'étranger ne peut être définie que par ses limitations, depuis le droit à l'entrée, au séjour, au travail, à la vie de famille, jusqu'à l'expulsion et l'interdiction de retour. L'application de ces restrictions relève du domaine des préfets et de la police. Lesquels trouvaient commode d'enfermer dans des prisons clandestines les étrangers en voie d'expulsion (l'entrepôt d'Arenc, sur le port de Marseille). En octobre 1981 sont institutionnalisés les Centres de Rétention Administrative (CRA) toujours contrôlés par la police et avec le même objectif de préparation de l'expulsion, mais en y introduisant une association d'aide juridique aux retenus - à l'époque, uniquement la Cimade.

« 5000 ans de dettes »



Si l’histoire montre quelque chose, c’est qu’il n’y a pas de meilleure manière de justifier des relations fondées sur des inégalités massives que d’utiliser la moralité absolue de la dette, car il apparaît alors directement que ce sont les victimes qui font quelque chose de mal

David Graeber, anthropologue anarchiste et activiste politique qui participe activement au mouvement Occupy Wall Street, a récemment publié un ouvrage intitulé Dette, les 5000 premières années |1|. Il y traite un large champ de thématiques – de la création monétaire, au rôle de l’État, en passant par différents systèmes de relations économiques existants, etc. – dont nous allons donner un bref aperçu en nous concentrant sur la dette |2|.


Argument moral

Le livre s’ouvre sur une anecdote qui se déroule à l’Abbaye de Westminster (Londres) : Graeber y rencontre une avocate activiste avec laquelle il s’entretient de la politique du FMI dans le Tiers Monde durant la crise de la dette, et des conséquences de celle-ci (pauvreté, privatisations massives, violences structurelles, malnutrition etc.). Tout à fait d’accord avec l’analyse, elle répondra toutefois à la proposition d’annuler la dette des pays du Tiers Monde qu’« il faut tout de même bien payer ses dettes ». Par où commencer se demande-t-il ? Rappeler que les prêts de ces pays ont surtout servi aux dictatures en place pour financer la répression et leur corruption, que ces pays ont déjà remboursé de nombreuses fois le capital qu’ils avaient « emprunté », que ces emprunts ont justifié une ingérence (pour ne pas dire mainmise) externe sur la gestion de leurs budgets nationaux, que les politiques du FMI n’ont tout simplement pas fonctionné ? Les réponses sont sans fin, mais Graeber se rend compte que le problème est plus fondamental : cet argument moral (« il faut payer ses dettes ») est en fait la seule chose au monde qui permette de percevoir des horreurs - comme par exemple la mort de dizaines de milliers d’enfants pour cause de coupes budgétaires dans des programmes de prévention contre la Malaria - comme inévitables.

Nous ne gagnerons pas sans la grève générale

"Grève générale !!" ou l'anarchie dans les clous / General strike in France where anarchy respects pedestrian crossings !!! (Lyon, France)
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Que ce soit sous Hollande, que ce soit sous Sarkozy, le capitalisme demeure. Depuis quelques années, ce système économique et sa financiarisation ultralibérale fabriquent une crise qui cible toujours les mêmes catégories sociales pour mieux enrichir les barons du système. Les profits obtenus par les pressions sur les salaires sont détournés de l’investissement dans l’appareil productif pour enrichir toujours plus les actionnaires et alimenter des spéculations financières qui partent en fumée.

Quelques individus comme Bernard Arnault, PDG de LVMH (Louis Vuitton, Moët Hennessy), ou Lakshi Mittal, le patron d’Arcelor-Mittal comptent parmi les milliardaires mondiaux les plus fortunés, tandis que la famille Peugeot s’est installée en Suisse avec un petit coussin douillet de 4 milliards d’euros.