Nathalie Loubeyre est réalisatrice. Elle revient aujourd’hui de Patras (Grèce), où elle tourne un film sur la politique européenne de « maîtrise des flux ».
À l’heure où la « bêtise systémique » qui gouverne le monde menace sa propre survie, où le projet européen dévoile son vrai visage, antidémocratique et inégalitaire, où se profile une forme de « fascisme financier » dont les institutions européennes sont le fer de lance, il est une réalité dont personne ne parle ou presque. Pourtant, elle dessine bien plus sûrement que d’autres le visage de cette Europe en marche vers le pire.
Cette réalité, tout le monde la connaît, mais nous sommes très peu à la voir. Tout le monde en voit des images, mais très peu en prennent la véritable mesure. Pourtant, elle n’est pas difficile à observer de visu, pour qui s’en donne la peine. Car même si elle se joue souvent loin des regards, elle se donne néanmoins à voir en de nombreux endroits du territoire de l’Europe, inhumaine, coercitive et violente.














L’opportunisme du Ministre est manifeste dans son argumentation, puisqu’il présente la limitation d’un droit légal comme si elle était l’extension d’un autre droit plus important et plus réel. Il compare le droit à l’avortement avec le droit à la maternité, de telle sorte que les deux semblent s’opposer. Comme dans tout sophisme, l’argument de Gallardón mêle des éléments de vérité à un mensonge qui les déforme. Il est parfaitement exact que le droit à la maternité et à la paternité de nombreux citoyens espagnols est aujourd’hui très limité par l’imposition aux nouvelles générations de la précarité économique massive, le chômage, les bas salaires et l’impossibilité réelle d’accès à un logement abordable. Ces éléments ont fait descendre le taux de fécondité de la population espagnole au niveau des plus bas en Europe. Les mesures d’austérité adoptées par le gouvernement auquel appartient M. Gallardón ne semblent pas en mesure de corriger la situation créée depuis des nombreuses années par les gouvernements du PSOE et du PP. Il ne semble pas non plus qu’on aille vers l’introduction en Espagne des prestations de maternité ou des allocations familiales qui existent dans les pays européens développés, et encore moins que le gouvernement actuel ait la moindre intention d’établir un revenu de base capable de donner aux parents potentiels la stabilité économique nécessaire pour avoir des enfants.









