dimanche 3 février 2013

Si le social était une guerre, ils l’auraient déjà financé…



Si la France est en faillite, comme nous l’affirmait hier le désopilant François Fillon et nous le dit aujourd’hui l’impayable Michel Sapin avant de se dédire, et comme naturellement finit par s’en convaincre 63% des français à force de se l’entendre marteler dans cette fabrication du consentement autrement nommé propagande, alors, est ce bien raisonnable de balancer 50 millions d’euros en trois semaines, soit plus de deux millions par jour, dans une guerre qui pourrait bien s’ensabler du côté du Mali ?
Pour paraphraser le tout convalescent Chavez, qui déclarait que si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé, on pourrait rajouter que si le social était une guerre, ils l’auraient déjà financé.
Il se trouve qu’il en va de notre armée comme du reste de la société. Un bataillon de généraux et d’officiers grassement payés, représentant plus du double des soldats dont dispose le ministère, tandis que le prolétariat de la gâchette attend sa solde avec un an de retard dans certains cas.
Circonstance aggravante, cette piétaille militaire, étant condamnée au silence par la grande muette, ce sont les épouses qui doivent revendiquer pour obtenir leurs droits élémentaires comme celui par exemple d’être payé, ou même d’avoir un gilet pare-balles décent pour affronter la camarde.
Dans cette armée mexicaine, on trouve donc au final deux officiers touchants autant à la retraite qu’en activité, pour un homme de rang, celui là même qui à l’infime privilège de faire le voyage retour en bodybag dans l’indifférence générale.
Certes, personne n’est obligé, même pauvre, de faire chair à canon comme profession, ils n’avaient à tout prendre, qu’à faire Florence Cassez comme métier, nonobstant, en France, dans ce pays où paraît-il la lutte des classes n’existe pas, comme une constance :
- une classe supérieure pantouflante, pantouflarde, se pressant autour des buffets à se goinfrer de petits fours et canapés, dans l’impunité, la sécurité, les privilèges
- une classe inférieure qui se les beurre se les tartine et se la boucle, ceinture y compris.
Honneurs et faveurs pour les uns,
hommages éventuels pour les autres mais posthumes.

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Il fut un temps où cette armée de métier était une armée de conscription. Le jeu consistait donc à se faire réformer. Dans les années 80, sans même être planqué, c’était assez facile. C’est ainsique je devins P4.
La suspension par Chirac du service national en 1995 fut accueillie comme une délivrance. Par moi y compris. Pourtant, à bien y réfléchir, sans idéaliser, ce service militaire avait quelques avantages :
Chaque mère de France (ou à peu près) pouvant laisser son gosse sur le champ de bataille, on y regardait à deux fois avant de partir la fleur au fusil, faire couler un sang impur dans nos sillons ou dans les leurs.
Dans les chambrées, un type de Neuilly pouvait, se retrouver pote avec une racaille de la cité, un érudit rencontrer un analphabète, du moins se croisaient-ils dans des classes sociales mélangées, ça servait de creuset à ce que l’on appelait encore, la république…
On ne déléguait pas, en s’en lavant les mains, nos saloperies post coloniales rebaptisées humanitaires, à une poignée de robocops mal payés pour tuer certainement, et mourir éventuellement à notre place et en notre nom ou du moins en celui de l’OTAN.
Pour cette nouvelle génération de dirigeants politiques n’ayant jamais connus la guerre, ce goût malsain à jouer aux petits soldatset à envoyer nos militaires ici ou là, a quelque chose d’assez immature, voire de désinvolte.

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Serait-ce tout simplement parce que dans ce monde renversé où un président de la république n’a plus le moindre pouvoir économique mais étrangement encore, la capacité à dévaster la planète, il use et abuse de cette ultime autorité ?
Si "la politique est l'art d'obtenir de l'argent des riches et des suffrages des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres." ( Michelet ), la guerre, hier de conscription, aujourd’hui professionnelle, et demain privée, reste « un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » (Paul Valéry),
bref, reste bien, une affaire de classes.
tgb

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