La République française est devenue bien fragile : 15.000 Rroms bulgares et roumains suffisent à la faire trembler… Depuis quelques jours, la paranoïa de l’antitsiganisme s’étale à nouveau à la « une » des médias. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et les ténors de l’UMP rivalisent dans cette course au mensonge, au populisme et à la démagogie. Le dernier éditorial du Courrier des Balkans.
Par Jean-Arnault Dérens
Tous les médias « sérieux » l’annoncent avec assurance : la « question des Rroms » va « parasiter », voire « dominer » la campagne en vue des élections municipales du printemps. Un nouveau « bras de fer » s’annonce d’ailleurs sur le sujet entre Paris et Bruxelles... Chaque éditorialiste, chaque commentateur y va de son point de vue, comme s’il n’existait pas, en France, de question plus urgente, plus brûlante que le sort de quelque 15 à 20.000 personnes.
Le nombre de Rroms de Bulgarie et de Roumanie qui vivent dans des bidonvilles et des campements insalubres reste d’ailleurs étonnamment stable malgré la poursuite des politiques de démantèlement des camps et d’expulsions systématiques. Cette petite communauté alimente l’antitsiganisme contemporain, alors qu’elle ne représente qu’une infime partie des Rroms, Tsiganes et voyageurs vivant en France, qu’ils y soient établis depuis des siècles ou qu’ils s’y soient installés au cours des dernières années.
Au vrai, chacun le sait bien, cette question des Rroms de Bulgarie et de Roumanie relève exclusivement d’un problème humanitaire fort simple à résoudre. Comment la France serait-elle incapable de loger 20.000 personnes dans le besoin ? De scolariser leurs enfants ? De garantir leurs droits à la santé ou à la formation ?
Le caractère dérisoire du nombre de personnes concernées suffit à rappeler que la question est sortie de toute logique rationnelle. En vérité, il n’existe aucun problème rrom en France, mais certains politiciens, de gauche comme de droite, ont cru pertinent de créer et d’alimenter un fantasme, d’entretenir un délire paranoïaque, qui se répand dans une société fragilisée par bien d’autres problèmes.