lundi 27 juin 2011

juste pour se souvenir...

              

                    


Un cœur de poète gros comme ça : Maurice Fanon

Il arrive sur scène, petit nerveux, cheveux longs, bon enfant.

Il dit deux ou trois mots amicaux au public du cabaret puis se lance dans la chanson tête en avant.

Curieux bonhomme au cœur de poète si gros qu'il semble parfois ne plus pouvoir le supporter. Il se présente « Avec Fanon » et expose ses idées de liberté, d'indépendance, de bonheur, de se vouloir original. Il fera sa route, il l'a déjà faite et l'on se souvient de ce « Paris Cayenne » qui reçut le Grand Prix de la chanson poétique en 1964, puis de la tendresse de « Martine », de ce cœur taraudé par l'image de la « Petite Juive » tombée en mains allemandes.

Ne voulant ni dieu ni maître, il combat contre la sentence et son clerc..., il lutte le verbe aux lèvres, l'amour au coin du cœur, et les poings serrés.

C'est un plaisir que de l'entendre et le réentendre ; il chante aussi une nouvelle chanson « Monsieur Léo » dans laquelle il exprime toute la sensibilité qui le lie à Léo Ferré son grand maître, ce Phare de la bonne chanson et de la révolte.

Fanon est aussi un révolté mais si bon, si gentil, qu'il fait oublier la désespérance que recouvrent certains de ses thèmes ; si comme dans « Le testament » il semble trompé par tous il retrouvera quand même la délicatesse de l'enfance dans la chute de cette belle chanson, au romantisme en filigrane.

Tendresse, révolte et amitié, c'est la grande fraternité qu'il voudrait voir s'établir, s'enraciner dans le cœur et les actes des hommes, en cela son chant est optimiste.
Malgré les grands malheurs humains Fanon chante pour le bonheur et la joie, c'est un grand poète écorché, tragique mais ce que sa lucidité lui démontre, son cœur le refuse et ses efforts sont toujours pour arracher des moments de joie au malheur...
Il crie contre les cons « pour qu'ils entendent enfin, les cons, la chanson de Villon »...
Fanon c'est un poète au cœur gros comme l'amour et la vie.
Un chanteur à voir, entendre et continuer d'apprécier.


Paul Chauvet
Alain Dervin
                                                        

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire