vendredi 17 juin 2011

Pauvreté : « La dette est le verrou qu’il faut faire sauter »



25 septembre 2010 
par Damien Millet

                                                                                                                                                         

Chronique - Les objectifs du millénaire ? Sept sur huit ne seront sans doute pas atteints. Mais plus que la crise, c’est notre système capitaliste qui est en cause. Il est temps de revoir la copie et d’annuler une fois pour toute la dette des pays du Sud.
Du 20 au 22 septembre 2010 s’est déroulé à New-York, au siège des Nations-unies, le Sommet mondial sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dont le but annoncé était de « permettre une accélération des progrès en vue de la réalisation des OMD ». Car à seulement 5 ans de l’échéance, le tableau dressé par le dernier rapport de l’ONU de juin 2010 est pour le moins sombre. A ce stade, seul un objectif sur huit pourrait être atteint.

Certains affirment que la crise économique mondiale est passée par là. En réalité, ce sont les choix économiques imposés par les promoteurs de la mondialisation financière qui sont responsables à la fois du déclenchement de cette crise et de la dégradation des conditions de vie sur la planète depuis trente ans.

Les OMD étaient dès le départ voués à l’échec car ils ne sont pas contraignants pour les États, contrairement aux politiques désastreuses dictées par le FMI et la Banque mondiale. Plus fondamentalement, l’échec des OMD est intrinsèquement lié à la nature du système actuel : le capitalisme, incapable de satisfaire les besoins des peuples. Comment expliquer autrement qu’en dépit de l’augmentation exponentielle des richesses mondiales, l’extrême pauvreté a doublé en Afrique subsaharienne entre 1981 et 2005 et les inégalités n’ont cessé de s’accroître partout où les recommandations du FMI étaient appliquées ?

Un changement radical est donc nécessaire pour, d’une part, permettre aux États de respecter leurs engagements de protection des droits humains tels que le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels de 1966 et, d’autre part, garantir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes consacré par plusieurs textes internationaux dont la Déclaration de l’ONU sur le droit au développement de 1986.

Le président français Nicolas Sarkozy a proposé une taxe internationale sur les transactions financières, dont le contour est encore très flou. Il est très probable que les pays du G20 ne parviendront pas à se mettre d’accord sur ce point. On sent bien là qu’il cherche à sauver un système complètement délégitimé, au lieu de chercher à construire un modèle radicalement différent.

Un tel changement passe inévitablement par l’annulation totale et sans conditions de la dette extérieure publique des pays en développement. La situation est d’autant plus urgente qu’une nouvelle crise de la dette du Sud est en préparation, conséquence de la crise économique mondiale.

Il est donc cohérent d’exiger des pays du Nord trois mesures immédiates :

La suspension immédiate du remboursement de la dette des pays du Sud (avec gel des intérêts)
Un audit de cette dette pour annuler la part illégitime (celle qui n’a pas profité aux populations) sans inscrire, comme l’a fait le Norvège en 2006, les montants annulés dans l’aide publique au développement (APD) pour la gonfler artificiellement.
Le versement de réparations pour la dette historique, écologique et culturelle qu’ils ont à l’égard du Sud.

Ces mesures, indispensables mais non suffisantes, sont fondées sur la justice et non sur une quelconque charité des créanciers. La dette est le verrou qu’il faut faire sauter au plus vite. Sans cela, aucune solution juste et durable ne pourra voir le jour.

Voir en ligne : Terra-economica



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