dimanche 29 janvier 2012

Le Sarkozysme, ça use ! Et pas que les talonnettes...



Si l'on excepte le tout premier gouvernement Fillon qui devait assurer la transition jusqu'aux Législatives et qui ne dura qu'un seul mois, le véritable aréopage qui prit en main les destinées de la France, fut celui qui gouverna du 18 juin 2007 au 13 novembre 2010, soit près des deux tiers du quinquennat. Il nous a paru intéressant de constater ce que sont devenus ses membres originels...

Si l'on excepte Fillon lui-même, qui aura réussi l'exploit de supporter les colères du roitelet tout en acceptant de se faire piétiner tel un vieux paillasson râpé, les têtes pensantes du début de règne ont bel et bien été coupées. Inventaire...

Borloo, ministre de l'Ecologie : il rêvait de prendre la place de Fillon. Il s'était même relooké pour la circonstance. Costar repassé et brushing soigné. Mais le satrape, qui lui avait promis monts et merveilles, le trahissait au dernier moment et reconduisait le sourcilleux sarthois. Vexé, "la Banane" refusait tout strapontin ministériel, quittait alors l'UMP et préparait une candidature à l'Elysée en compagnie de quelques lucky losers revanchards. Surprise, surprise, au moment de franchir l'obstacle, il se cabrait tel un cheval couard et rentraitdans le rang, la queue basse et les bourses molles.

Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur : un parcours sans faute ou presque. Le doigt sur la couture de son tailleur-pantalon, elle alignait sans coup férir trois ministères régaliens. On croyait la chiraquienne indéboulonnable. On causait même d'elle pour Matignon. Et puis patatras, elle se prenait les pieds dans le tapis tunisien et devait lamentablement démissionner. Depuis, elle peine à réaliser un come-back convainquant en tentant de casser duHollande... Paraît que c'est à la mode !

Kouchner, ministre des Affaires étrangères : un naufrage. Que venait-il faire dans cette galère ? Par ambition et en deux coulées gros, il réussissait à totalement brouiller l'image de bon samaritain qui lui collait à la peau depuis la nuit des temps. Perpétuellement à la ramasse au quai d'Orsay, il avalait des couleuvres grosses comme des anacondas, subissant de perpétuelles humiliations de la part de Sarkozy, Guéant et consorts. Il a depuis pratiquement disparu des écrans radars. Jacques Pradel pourrait presque lancer un avis de recherche...

Lagarde, ministre de l'Economie : assurément, la dame bon chic bon genre s'en tirait bien. Après un passage calamiteux à Bercy, où, ballottée par la crise, elle se plantait régulièrement sur la date d'une éventuelle accalmie financière, elle saisissait la chance de sa vie en prenant la succession de DSK, débarqué pour cause de "troussage de domestiques", à la tête du FMI. Adoubée par les anglo-saxons, elle leur cire depuis régulièrement les bottes...

Hortefeux, ministre de l'Immigration : le meilleur ami de trente ans du locataire élyséen était aussi son souffre-douleur préféré. Et, tandis que l'autre lui confiait successivement trois ministères, Brice de Clermont échouait à chaque fois à incarner la fonction. On ne retiendrait de sa piteuse épopée que sa croisade estivale 2010 contre les Roms, estampillés mal absolu... Il anime désormais la célèbre cellule Riposte, doux mélange de subtilité et de finesse...

Dati, garde des Sceaux
: l'égérie du Sarkozysme métissé n'avait plus la côte. Copine de Cécilia mais rivale de Carla, elle était exilée au Parlement européen de Strasbourg après un séjour houleux place Vendôme. S'ennuyant à mourir dans la cité des Flammekueches et de la Choucroute réunies, elle envisageait de conquérir Paris et sa mairie. Manque de chance, Fillon avait la même idée. Et tandis que l'Elysée penchait pour ce dernier, Rachida, folle de rage, ruait dans les brancards et balançait à tout va. Mais malgré les chausses-trappes, la féline n'a pas encore renoncé à ses ambitions...

Woerth, ministre du Budget : promis à un grand avenir, l'ancien trésorier de l'UMP coulait des jours paisibles entre sa mairie de Chantilly et les hippodromes de France et de Navarre. L'affaire Bettencourt allait bouleverser la vie du gentil Eric. Soupçonné d'avoir reçu des enveloppes pleines de gros billets pour financer la campagne 2007 de Sarkozy, il était contraint de démissionner du gouvernement, malgré sa bonne bouille auto-proclamée. Cerise sur le gâteux, il était également mis en cause dans l'affaire du terrain de l'hippodrome de Compiègne, qu'il aurait bradé à une société de courses hippiques. Le dénouement de ces deux procès tarde étrangement à venir...

Morin, ministre de la Défense
: après un passage assez terne à la tête de nos grognards, le chef du Nouveau Centre entrait en légère dissidence. Il perdait sa place au gouvernement et, pour des raisons encore inexpliquées, il décidait de se présenter à la Présidence de la République. Ni plus, ni moins. Inconnu au bataillon, il peinait logiquement à décoller dans les sondages qui le gratifiaient de moins de 1% d'intentions de votes. Lâché par ses troupes, il connaissait la semaine dernière un grand moment de solitude en déclarant avoir vécu le Débarquement alors qu'il était né 17 ans après. Sa candidature a manifestement du plomb dans l'aile et on devrait le voir rentrer dans le rang dans les jours qui viennent. Un sacré renfort pour l'époux de Carla...


Et que dire des ministres déchus, Darcos, Boutin, Barnier et autre Albanel ? Ou encore de Yade, Laporte et Amara, secrétaires d'état portés disparus... Tous mis à la poubelle de l'histoire tels des pantins désarticulés. Décidément, le Sarkozysme usait... et pas que les souliers. Les ambitions, les mémoires, les lucidités...

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