Toujours est-il que suite à cette modification de notre constitution, certains responsables politiques se demandèrent si, au nom de l’égalité des droits, et j’ajouterais des devoirs, ne serait pas venu le temps d’étendre ce droit à tous les étrangers vivant en France depuis un nombre d’années conséquent (comme dans les pays scandinaves, les Pays-Bas, la Belgique, etc.). Bien évidemment, ils étaient pléthore à gauche, mais on en trouvait itou à droite, et non des moindres, ainsi : Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo ou Gilles de Robien.
Où est l'égalité ?
L’argument était simple. Limpide. Partant du fait qu’un ressortissant de l’Union européenne peut participer à un scrutin local, au nom de quoi, un extracommunautaire vivant sur le sol français depuis cinq, dix, voire même trente ans, ne bénéficierait-il pas du même droit ? D’autant qu’il a plus à voir avec l’Histoire de notre pays. En effet, les Marocains, les Tunisiens, les Algériens, les Sénégalais, les Africains en général, ont plus de liens avec la France qu’un Danois ou qu’un Estonien ! Ils ont, et depuis fort longtemps, participé à la construction de ce pays. Alors pour quelles raisons objectives leur refuserait-on ce qu’on accorde à d’autres ? Où est la notion, sacrée, d’égalité ? Quid, de la justice ?
Il se trouve, et c’est heureux, que dans les 60 engagements du candidat Hollande, le cinquantième promet d’accorder "le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans". Il est important de préciser que cet engagement se situe dans le quatrième volet du projet, important car il porte l’intitulé suivant : "Je veux une République exemplaire qui puisse faire entendre sa voix".
Aux notions d’égalité et de justice, le candidat Hollande y a donc ajouté celle d’exemplarité. On a beaucoup glosé sur cette promesse de République exemplaire, tant elle rappelait une certaine "République irréprochable". On sait quel fût le destin, funeste, de l’irréprochable. On n’a pas manqué, au passage, de le faire savoir. De monter au créneau. De railler, d’ironiser. Sur cette promesse non-tenue, Sarkozy ne fut jamais épargné. Normal. Tout comme ce serait normal, qu’on n’épargnât point le président Hollande s’il ne respectait pas ses engagements. La totalité de ses engagements. Cinquantième compris. Sinon, ce serait faire, deux poids, deux mesures.
Ne pas rechigner
Pourtant, à gauche, j’en entends qui rechignent. Qui se demandent si c’est bien l’urgence du moment. Si, vu le contexte (et les sondages), il ne vaudrait pas mieux attendre. Certains, tout en oubliant qu’ils furent les promoteurs de ce droit, ajoutant même que ce n’est pas "aujourd’hui, une revendication forte dans la société française". Ah bien sûr, si l’on doit attendre que l’opinion soit prête, ou d’accord, alors, on peut attendre longtemps. Si François Mitterrand s’était plié à cette étrange pensée, il n’aurait malheureusement pas tenu sa promesse, abolir la peine de mort en France. Oui, si on doit attendre l’opinion, alors, je vous le dis, on ne fait (jamais) rien. Triste programme. D’autant, qu’il signifie, pour partie, qu’on se renie.
Quant à l’urgence, ou la priorité, c’est un leurre. Un piège. Bien sûr que l’urgence, la priorité, c’est de lutter contre le chômage, la précarité, les souffrances. Nous sommes d’accord ! Et alors ? En quoi accorder le droit de vote aux extracommunautaires aux élections municipales entraverait, ou retarderait, ces luttes prioritaires ? L’un n’empêche pas l’autre !
Ne confondons pas le débat public, ou le bruit médiatique, avec les principaux objectifs du gouvernement. Mais parlons-en, tout de même, de ce débat, de ce futur bruit qui gronde (viapétition, à droite). Car c’est bien de cela, n’est-ce pas, dont on a peur, à gauche. Et dans les rangs de ses sympathisants. À tel point, qu’on préférerait enterrer cette affaire. C’est que, dites, il y a de futures échéances électorales à protéger. Belle mentalité ! Bravo pour les convictions !
Sauf que, quand on promet une "République exemplaire", on n’a pas d’autre choix, que de s’y tenir. On n’a pas d’autre choix que se battre pour faire triompher ses idées, ses convictions, sa soif d’égalité et de justice. Car, en la matière, il s’agit bien d’égalité des droits, mais aussi, de justice. Ce sont, dit-on, des valeurs de gauche, non ? Alors, au nom de quoi, la gauche devrait-elle y renoncer ? Croyez-vous que la droite, quand elle est pouvoir, cède sur quoi que ce soit (rappelons-nous les retraites, sujet sur lequel elle n’a pas flanché alors que, d’après les sondages, les Français désiraient une autre réforme) ?
Qu'est-ce que la gauche aurait à y perdre ?
Regardez-les, les types de droite, ils ne cessent de dire, haut et fort, qu’ils sont fiers d’être de droite, fiers de leurs valeurs, fiers d’être décomplexés ; eh bien, s’il y a un point sur lequel la gauche au pouvoir doit s’inspirer de la droite, c’est bien celui-ci. Elle aussi, doit être fière d’être de gauche, fière de ses valeurs, fière d’être décomplexée. Sinon, c’est quoi, cette gauche ? Une molle, une faiblarde, une qui rentre dans le rang, dès que l’opinion, ô combien versatile, change d’avis comme elle change de chemise. Une petite frileuse qui cède aux peurs irraisonnées.
J’entends, surtout, que la gauche a tout à y perdre. Parce qu’elle n’a pas – pour le moment – cette fameuse majorité des 3/5e. Qu’il sera ardu de l’obtenir. Que, peut-être, alors, il faudra passer par la voie référendaire, et que, c’est justement là, où la droite l’attend. Qu’elle s’en servira politiquement, pour appeler à sanctionner le gouvernement. Ce qui est vrai. Et d’ailleurs, c’est déjà parti. L’UMP, depuis mercredi, fait circuler une pétition. Elle est au taquet, cette droite. Et moi, je dis : tant mieux ! Car ce qu’elle n’a pas réussi, la gauche, elle, peut le faire. Je veux dire organiser et tenir un débat qui (nous) fasse honneur, un débat qui n’insulte personne, et surtout pas notre intelligence.
Oui, la gauche peut démontrer que, dans ce pays, il est possible de débattre, discuter, échanger, sans que ça tourne mal, sans que ça vire aux insoutenables dérapages que l’on dût se fader lors du débat sur l’identité nationale. J’avoue, au passage, que c’est assez croustillant d’entendreFrançois Fillon demander "solennellement" à François Hollande de "renoncer à ce projet de donner le droit de vote aux étrangers" car "il [Hollande] sait que ce sujet va créer un débat très violent à l’intérieur de notre pays, il sait que c’est un sujet qui va diviser profondément les Français" ! À croire qu’il a déjà oublié qu’il était le Premier des ministres lors du débat sur l’identité nationale, un débat qui, on s’en souvient, ne fut en aucune façon "violent" et qui n’a pas, mais du tout, "divisé profondément les Français". C’est dire, s’il s’y connaît, en la matière, le père Fillon. C’est même un expert.
Et quand bien même, ça tournait vinaigre, nous saurions à cause de qui. Cette pétition lancée par l’UMP est un signe avant-coureur. Agressif dans ses termes, et dans ses couleurs. Je note que la dernière lancée sur le même sujet, le fut le 19 octobre 2011, par la Droite populaire. Celle des Vanneste, Barèges, Luca et consorts. Et je vous fiche mon billet que le Front national viendra très vite compléter le tableau. Et là, ce sera un régal, j’avoue, d’entendre les ténors de l’UMP nous expliquer qu’ils ne partagent, en rien, les valeurs du FN… Ben voyons !
Exemplarité
Toujours est-il que des engagements ont été pris. Soixante. Et qu’à une courte majorité, ils ont été approuvés par le peuple français. Dans ces soixante, il en est un qui promet d’accorder "le droit de vote aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans". Il est impératif qu’il soit tenu. Tout comme les cinquante-neuf autres. Il en va de la crédibilité du politique. Il en va de la République. Celle qui garantit l’égalité des droits. Il en va de l’exemplarité. Mais aussi, des valeurs de la gauche.
Si elle renonce à cet engagement, après avoir déjà renoncé à tant de concepts, en matières économiques surtout, alors que restera-t-il de la gauche ? Que signifieront des mots comme "Egalité" ou "Justice" ? Ces extracommunautaires, comme on les appelle, ont à voir avec notre Histoire. Ils font partie de notre Histoire. Depuis très longtemps. Et s’ils ont fait le choix de conserver leur nationalité, c’est leur droit le plus strict. Et je le comprends.
Quant à affirmer comme le fait la droite que le droit de vote en France est étroitement lié à la nationalité française, c’est une idée dépassée. Car, en effet, un Espagnol peut, aujourd’hui, voter en France aux élections européennes et municipales. Il est donc la preuve que ce n’est pas, ou plus, une question de nationalité française. Il va falloir trouver autre chose. Mais, vous connaissez déjà cet "autre chose". Non ?
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L’argument était simple. Limpide. Partant du fait qu’un ressortissant de l’Union européenne peut participer à un scrutin local, au nom de quoi, un extracommunautaire vivant sur le sol français depuis cinq, dix, voire même trente ans, ne bénéficierait-il pas du même droit ? D’autant qu’il a plus à voir avec l’Histoire de notre pays. En effet, les Marocains, les Tunisiens, les Algériens, les Sénégalais, les Africains en général, ont plus de liens avec la France qu’un Danois ou qu’un Estonien ! Ils ont, et depuis fort longtemps, participé à la construction de ce pays. Alors pour quelles raisons objectives leur refuserait-on ce qu’on accorde à d’autres ? Où est la notion, sacrée, d’égalité ? Quid, de la justice ?
Il se trouve, et c’est heureux, que dans les 60 engagements du candidat Hollande, le cinquantième promet d’accorder "le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans". Il est important de préciser que cet engagement se situe dans le quatrième volet du projet, important car il porte l’intitulé suivant : "Je veux une République exemplaire qui puisse faire entendre sa voix".
Aux notions d’égalité et de justice, le candidat Hollande y a donc ajouté celle d’exemplarité. On a beaucoup glosé sur cette promesse de République exemplaire, tant elle rappelait une certaine "République irréprochable". On sait quel fût le destin, funeste, de l’irréprochable. On n’a pas manqué, au passage, de le faire savoir. De monter au créneau. De railler, d’ironiser. Sur cette promesse non-tenue, Sarkozy ne fut jamais épargné. Normal. Tout comme ce serait normal, qu’on n’épargnât point le président Hollande s’il ne respectait pas ses engagements. La totalité de ses engagements. Cinquantième compris. Sinon, ce serait faire, deux poids, deux mesures.
Ne pas rechigner
Pourtant, à gauche, j’en entends qui rechignent. Qui se demandent si c’est bien l’urgence du moment. Si, vu le contexte (et les sondages), il ne vaudrait pas mieux attendre. Certains, tout en oubliant qu’ils furent les promoteurs de ce droit, ajoutant même que ce n’est pas "aujourd’hui, une revendication forte dans la société française". Ah bien sûr, si l’on doit attendre que l’opinion soit prête, ou d’accord, alors, on peut attendre longtemps. Si François Mitterrand s’était plié à cette étrange pensée, il n’aurait malheureusement pas tenu sa promesse, abolir la peine de mort en France. Oui, si on doit attendre l’opinion, alors, je vous le dis, on ne fait (jamais) rien. Triste programme. D’autant, qu’il signifie, pour partie, qu’on se renie.
Quant à l’urgence, ou la priorité, c’est un leurre. Un piège. Bien sûr que l’urgence, la priorité, c’est de lutter contre le chômage, la précarité, les souffrances. Nous sommes d’accord ! Et alors ? En quoi accorder le droit de vote aux extracommunautaires aux élections municipales entraverait, ou retarderait, ces luttes prioritaires ? L’un n’empêche pas l’autre !
Ne confondons pas le débat public, ou le bruit médiatique, avec les principaux objectifs du gouvernement. Mais parlons-en, tout de même, de ce débat, de ce futur bruit qui gronde (viapétition, à droite). Car c’est bien de cela, n’est-ce pas, dont on a peur, à gauche. Et dans les rangs de ses sympathisants. À tel point, qu’on préférerait enterrer cette affaire. C’est que, dites, il y a de futures échéances électorales à protéger. Belle mentalité ! Bravo pour les convictions !
Sauf que, quand on promet une "République exemplaire", on n’a pas d’autre choix, que de s’y tenir. On n’a pas d’autre choix que se battre pour faire triompher ses idées, ses convictions, sa soif d’égalité et de justice. Car, en la matière, il s’agit bien d’égalité des droits, mais aussi, de justice. Ce sont, dit-on, des valeurs de gauche, non ? Alors, au nom de quoi, la gauche devrait-elle y renoncer ? Croyez-vous que la droite, quand elle est pouvoir, cède sur quoi que ce soit (rappelons-nous les retraites, sujet sur lequel elle n’a pas flanché alors que, d’après les sondages, les Français désiraient une autre réforme) ?
Qu'est-ce que la gauche aurait à y perdre ?
Regardez-les, les types de droite, ils ne cessent de dire, haut et fort, qu’ils sont fiers d’être de droite, fiers de leurs valeurs, fiers d’être décomplexés ; eh bien, s’il y a un point sur lequel la gauche au pouvoir doit s’inspirer de la droite, c’est bien celui-ci. Elle aussi, doit être fière d’être de gauche, fière de ses valeurs, fière d’être décomplexée. Sinon, c’est quoi, cette gauche ? Une molle, une faiblarde, une qui rentre dans le rang, dès que l’opinion, ô combien versatile, change d’avis comme elle change de chemise. Une petite frileuse qui cède aux peurs irraisonnées.
J’entends, surtout, que la gauche a tout à y perdre. Parce qu’elle n’a pas – pour le moment – cette fameuse majorité des 3/5e. Qu’il sera ardu de l’obtenir. Que, peut-être, alors, il faudra passer par la voie référendaire, et que, c’est justement là, où la droite l’attend. Qu’elle s’en servira politiquement, pour appeler à sanctionner le gouvernement. Ce qui est vrai. Et d’ailleurs, c’est déjà parti. L’UMP, depuis mercredi, fait circuler une pétition. Elle est au taquet, cette droite. Et moi, je dis : tant mieux ! Car ce qu’elle n’a pas réussi, la gauche, elle, peut le faire. Je veux dire organiser et tenir un débat qui (nous) fasse honneur, un débat qui n’insulte personne, et surtout pas notre intelligence.
Oui, la gauche peut démontrer que, dans ce pays, il est possible de débattre, discuter, échanger, sans que ça tourne mal, sans que ça vire aux insoutenables dérapages que l’on dût se fader lors du débat sur l’identité nationale. J’avoue, au passage, que c’est assez croustillant d’entendreFrançois Fillon demander "solennellement" à François Hollande de "renoncer à ce projet de donner le droit de vote aux étrangers" car "il [Hollande] sait que ce sujet va créer un débat très violent à l’intérieur de notre pays, il sait que c’est un sujet qui va diviser profondément les Français" ! À croire qu’il a déjà oublié qu’il était le Premier des ministres lors du débat sur l’identité nationale, un débat qui, on s’en souvient, ne fut en aucune façon "violent" et qui n’a pas, mais du tout, "divisé profondément les Français". C’est dire, s’il s’y connaît, en la matière, le père Fillon. C’est même un expert.
Et quand bien même, ça tournait vinaigre, nous saurions à cause de qui. Cette pétition lancée par l’UMP est un signe avant-coureur. Agressif dans ses termes, et dans ses couleurs. Je note que la dernière lancée sur le même sujet, le fut le 19 octobre 2011, par la Droite populaire. Celle des Vanneste, Barèges, Luca et consorts. Et je vous fiche mon billet que le Front national viendra très vite compléter le tableau. Et là, ce sera un régal, j’avoue, d’entendre les ténors de l’UMP nous expliquer qu’ils ne partagent, en rien, les valeurs du FN… Ben voyons !
Exemplarité
Toujours est-il que des engagements ont été pris. Soixante. Et qu’à une courte majorité, ils ont été approuvés par le peuple français. Dans ces soixante, il en est un qui promet d’accorder "le droit de vote aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans". Il est impératif qu’il soit tenu. Tout comme les cinquante-neuf autres. Il en va de la crédibilité du politique. Il en va de la République. Celle qui garantit l’égalité des droits. Il en va de l’exemplarité. Mais aussi, des valeurs de la gauche.
Si elle renonce à cet engagement, après avoir déjà renoncé à tant de concepts, en matières économiques surtout, alors que restera-t-il de la gauche ? Que signifieront des mots comme "Egalité" ou "Justice" ? Ces extracommunautaires, comme on les appelle, ont à voir avec notre Histoire. Ils font partie de notre Histoire. Depuis très longtemps. Et s’ils ont fait le choix de conserver leur nationalité, c’est leur droit le plus strict. Et je le comprends.
Quant à affirmer comme le fait la droite que le droit de vote en France est étroitement lié à la nationalité française, c’est une idée dépassée. Car, en effet, un Espagnol peut, aujourd’hui, voter en France aux élections européennes et municipales. Il est donc la preuve que ce n’est pas, ou plus, une question de nationalité française. Il va falloir trouver autre chose. Mais, vous connaissez déjà cet "autre chose". Non ?
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