mercredi 28 septembre 2011

L’économie chez les fous (Dissident Voice)


Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi je suis déconcerté, indigné et confondu par la Banque Mondiale, la Banque Centrale Européenne, le FMI et quelques autres sigles qui semblent dominer les médias. Je n’ai voté pour aucun de ces organismes alors pourquoi ont-ils tant d’influence sur ma vie, sur celle de toute la population anglaise et sur celle de dizaines de millions de personnes dans le monde ? On dirait qu’ils dirigent le monde. Les médias ne parlent que du "marché". Sur nos écrans de télévision on voit des gens qui fixent des écrans et qui pressent des boutons. En pianotant les touches d’une clavier, ces personnes tiennent la vie de millions d’êtres humains à leur merci. Comment en est-on arrivé là ? Quelle sorte de système avons-nous crée qui donne autant de pouvoir à ces gens-là ? Comment se fait-il que ces gens à qui on a confié l’argent des travailleurs, finissent par engloutir de l’argent si durement gagné par d’autres ? Comment a-t-on pu les laisser prendre à la gorge des millions de personnes ?

Où étaient les gens que nous avons élus pour s’occuper de nous quand cette forme de capitalisme corrompue et dévoyée s’est développée ? Etaient-ils si incompétents ou sont-ils devenus membres d’une oligarchie qui s’enrichit en même temps que les spéculateurs des marchés ? Le rôle de l’argent est d’aider les vrais créateurs de richesse qui servent la société : ceux qui oeuvrent de toutes leurs forces à l’amélioration de notre existence. Comment se fait-il qu’une opération aussi simple que de fournir de l’argent aux créateurs de richesse soit devenue si complexe ? Nous connaissons parfaitement la réponse : cette complexité est la méthode qui a été utilisée pour aveugler délibérément les populations et permettre aux "gens d’argent" de siphonner tout l’argent pour leur profit personnel.

Attirés par le statut social dont jouissent ceux qui se trouvent au sommet de la pyramide de la finance grâce à leurs salaires astronomiques, les jeunes loups diplômés en mathématiques et en sciences ont rallié l’industrie financière. Ils ont consacré leur talent à élaborer des produits financiers de plus en plus opaques pour écouler les bonds toxiques en les vendant sur les marchés, en faisant des profits à chaque transaction jusqu’à ce que finalement ceux qui détenaient ces morceaux de papiers sans valeur soient coincés. Les gouvernements ont alors utilisé l’argent des contribuables pour venir à leur secours en injectant des milliards de livres sterling dans les institutions financières. Beaucoup de gens ont été ruinés, ils ont perdu leur travail et se sont retrouvés à la rue. Les retraites pour lesquelles les gens avaient cotisé toute leur vie ont été amputées, obligeant des millions de retraités à vivre dans la pauvreté à l’âge le plus vulnérable.

Et qu’en est-il des politiciens ? Où sont les idées nouvelles dont à a besoin pour faire face à un système injuste, inéquitable et catastrophique ? Je ne vois que très peu de différence entre les partis politiques ; les différences se résument à l’extension des coupes budgétaires. Comment peut-on accepter que la solution de cette crise soit de punir collectivement presque toute la population à l’exception évidemment des financiers qui en sont la cause ? Le manque d’imagination des politiciens enfermés dans la camisole de force que les financiers leur ont mise, est effarant.

Ce matin, le Guardian (23 septembre) rapporte que la dirigeante du FMI, Christine Lagarde, presse les gouvernements européens d’aider les banques une fois de plus. Pourquoi les gouvernements ne peuvent-il pas injecter de l’argent ailleurs ? Y a-t-il quelque loi naturelle qui force les gouvernements à donner de l’argent aux banques ? La première injection d’argent aux banques a échoué à faire repartir l’économie, alors pourquoi utiliser encore le même remède ? Et pourquoi pas une réforme bancaire ? Même la modeste réforme qui visait à protéger les opérations bancaires normales contre la spéculation (en séparant les banques de dépôts des banques d’affaire ndt) a été repoussée à 2019 suite aux efforts intensifs du lobby financier. Le gouvernement de Grande Bretagne s’oppose même à instituer la petite taxe sur les transactions financières (Robin Hood tax) que demandent la France et l’Allemagne.

Il y a quelque chose qui ne va pas du tout dans notre modèle de capitalisme ; des nouvelles idées et des réformes sérieuses sont nécessaires de toute urgence. La distribution de la richesse a été incroyablement inéquitable et corrompue et des quantités énormes d’argent ont été amassées par un tout petit nombre de puissants. Le Daily Mail attribue une part substantielle de l’écart croissant des salaires au secteur financier :

Environ 60 % de l’augmentation de l’écart entre les riches et les pauvres entre 1998 et 2008 provient des profits réalisés par les services financiers selon un rapport de l’Ecole d’Economie de Londres.

Ceux dont la mission était d’utiliser l’argent gagné à la sueur du front des travailleurs ordinaires pour alimenter la machine économique se sont enfui avec le butin et le système s’est grippé. Et ce qui est affolant, c’est que les politiciens sont si terrifiés et hypnotisés par les financiers qu’ils continuent de mettre toujours plus d’argent dans leurs coffres dans l’espoir que quelque chose en ressortira pour remettre la machine en marche.

Je vous en supplie, vous tous, politiciens et faiseurs d’opinion, cessez d’écouter les financiers. Revenez aux valeurs essentielles et faites preuve d’un peu de bon sens.

Dr Adnan Al-Daini

Dr Adnan Al-Daini est un conférencier universitaire en retraite. C’est un citoyen britannique d’origine irakienne. Il a quitté l’Irak en 1962, à 17 ans, grâce à une bourse d’études pour l’Angleterre. Il écrit régulièrement des articles sur les problèmes sociaux et le Moyen-Orient.

Pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2011/09/economics-of-the-madhouse/

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

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