lundi 19 septembre 2011

De toutes les origines, contre toutes les frontières

                
                                               
"Ainsi la guerre dont un peuple ne veut pas. La grève générale jetant à bas une monarchie comme un direct à la mâchoire, bien appliqué, vous met hors de combat, knock-out. Qu’il faut du temps, des années, des milliers d’hommes, des milliers d’années de prison, des milliers de pendus, de fusillés, d’assassinés, des insurrections réprimées, des attentats réussis, des trahisons, des provocations, des recommencements et des recommencements pour qu’à la fin un vieil Empire miné par les termites s’effondre tout à coup, parce que des femmes d’ouvriers se sont mises à crier "du pain !" devant les boulangeries, parque les soldats fraternisent avec l’émeute, parce qu’on jette dans l’eau glacée des canaux de vieux policiers médaillés pour le zèle, parce que...Je n’ai rien à leur apprendre, ils comprennent ces choses à merveille." (victor serge)




L’Empire s’effondre. La crise inhérente au capitalisme accule toutes les populations au pied du mur de la précarité et de la misère, pour mieux protéger les hommes de pouvoir et hommes d’affaire à préserver leur pouvoir d’un système qui se décompose sans surprise ni regret, en intentifiant notre écrasement dans le rouleau compresseur du Capital insatiable et de l’Etat assassin, à nous qui ne sommes et ne restons que des hommes simples, des femmes simples, sans propriété ni pouvoir, et qui n’en ne voulons pas.

L’Empire s’effondre. Leur système se décompose. Et nous ne sommes pas déçus car n’en n’espérons ni n’attendons rien. Leur système se décompose, et se recycle sur nos vies et nos quotidiens broyés à merci. Leur justice condamne, leurs prisons se rengorgent et dégorgent, vomissent leur quotas de détenus trop nombreux, chômeurs et précaires qui tentent de s’en sortir et de survivre hors de leurs critères d’anéantissement social. Leur police réprime, leur police tue. Leurs syndicats tempèrent, leurs syndicats trahissent. Leurs médias mentent, leurs médias tuent. Les patrons licencient, les patrons tuent. Le travail-salarié se raréfie et se dégrade, le travail-salarié tue. Leur nucléaire menace, leur nucléaire tue. Leurs papiers menacent, leurs papiers tuent. Leur police enferme et expulse, leur police tue. Leurs banques nous étranglent, leurs banques tuent. Leurs loi sécurisent et totalitarisent, leurs lois tuent. Le Capital assassine, l’Etat assassine.

Chantage, peur, menace, répression. Nous saurons transformer toute cette menace subie en menace portée.

Nous voyons l’émergence, la naissance de notre force. Les syndiqués qui désobéissent, les lycéens qui bloquent les avenues, les étudiants qui occupent les facs, les sans-papiers qui brûlent les camps de rétention, les chômeurs qui s’organisent, les précaires qui squattent les immeubles, les familles qui pillent les magasins, les sans-avenir qui brûlent les voitures, les ouvriers qui se réapproprient leurs usines, les précaires qui fraudent les trams et les métros, les parents d’élève qui occupent les écoles, les villageois qui occupent et se réapproprient les vallées, les stagiaires qui font grève, les vacataires qui séquestrent les chefs. Nous voyons l’émergence, la naissance de notre force, notre force commune, déterminée et solidaire.

Nous saurons transformer toute cette menace subie en menace portée.

Les manifestants qui érigent des barricades, les manifestants qui s’arment de boucliers et de fraternité, les manifestants qui s’arment de casques et de solidarité, les manifestants qui deviennent et sont combattants, les manifestants qui deviennent et sont insurgés.

Septembre 2011, alors que les bus impériaux et les bâtiments de consommation et de pouvoir fument encore des dernières émeutes populaires à Londres et dans toute l’Angleterre, l’agitation sociale s’accentue partout, dans une grande fraternité des combattants sans chef, de toutes les origines, par-delà et contre toutes les frontières.

1er septembre, violentes émeutes "étudiantes" à Santiago et dans tout le Chili contre la privatisation et l’Etat répressif ; émeutes dans plusieurs villes en Italie par les immigrants sans-papiers contre les rafles et les enfermements en camps ; le peuple egyptien reprend la rue avec des affrontements au Caire pour prolonger la révolution ;

3 septembre, la RATP met ses trains à disposition de la police pour déporter des familles éclatées et dispersées de Roms ;

4 septembre, 400 000 manifestants envahissent les rues en Israël contre l’injustice sociale et les inégalités sociales, l’austérité et la précarité ; émeutes dans les quartiers pauvres d’Alger contre la destruction d’immeubles et la politique du "relogement", les expulsions de famille et la précarité ;

5 septembre, premier jour d’un krash boursier qui va faire perdre 900 000 milliards de dollars en une semaine aux capitalistes qui veulent sauver leurs banques et leurs actions en imposant des plans de rigueur et d’austérité dans tous les pays d’Europe ; émeutes à Milan lors de manifs "génération précaire" ;

6 septembre, journée de grève générale contre le plan de rigueur et d’austérité du gouvernement en Italie, violents affrontements entre travailleurs et flics à Rome, Milan, Turin et Naples.

7 septembre, émeutes généralisées au Chili contre la privatisation et la précarité et pour la gratuité de l’enseignement, la nuit même la police para-militaire attaque et détruit le siège de la télé communautaire et populaire avec rafles et terreur chez les gens dans plusieurs quartiers "dangereux" ; émeutes à Bakari et Alger contre les relogements imposés ; violents affrontements entre travailleurs et flics à Rome devant le Sénat après l’adoption du plan de rigueur et d’austérité ;

8 septembre, deuxième victime au Chili, après le jeune manuel de 16ans, c’est le jeune mario de 18ans qui est abattu sur les barricades par les balles de la police, grève générale des travailleurs en solidarité au mouvement des étudiants ; attaque incendiaire de l’ambassade du Chili en Uruguay par solidarité de lutte ; nouvelles manifestations géantes en Israël contre la précarité et l’injustice sociale, premières émeutes ;

9 septembre, la population de la vallée de Val di Susa en Italie en lutte depuis 20ans contre un projet d’urbanisation et de chantier de ligne TGV marchent à nouveau contre les milliers de flics qui protègent les chantiers capitalistes, avec à nouveau de violents affrontements, pour se réapproprier la vallée ;

10 septembre, nouvelles émeutes à Berne et à Zurich en Suisse après la violente répression policière pour empêcher des fêtes de rue sauvages antifascistes et antiracistes ;

10-11-12-13 septembre, leurs valeurs bancaires s’effondrent, le krash boursier s’amplifie, "nécessitant" des hausses de prix et baisses de salaire, des licenciements et des hausses d’impôts, la création de taxes et la hausse des loyers pour "combler" leur crise afin que le capitalisme se régénère sur l’écrasement de nos vies ; le génocide social dans la corne de l’Afrique avec les dizaines de millions de personnes mourant de faim et de soif sans être aidés par les gouvernements tombe dans l’oubli médiatique ; dans un quartier de Chambéry, une agence Pôle Emploi est incendiée pendant des affrontements entre "jeunes" et flics ; violentes émeutes à Santiago qui rappelle à la mémoire collective le putsch militaire formenté par la CIA contre l’ "indésirable" Allende durant lesquelles se dressent 350 barricades ;

12 septembre, un four explose sur le site nucléaire de Marcoule, causant des fuites radioactives ; à Fukushima, un rapport scientifique admet que la contamination radio-active des océans suite à leur catastrophe nucléaire a été multiplié par trois ; Eric Besson propose un décret où "la dénonciation est un devoir républicain" ;

13 septembre, le nouveau gouvernement "révolutionnaire" fait fermer et interdire Al-Jazeera Egypte trop "subversif" et menaçant la sécurité publique, rappelant qu’il n’y a pas de révolution sans destruction de l’Etat ; Sarkozy planifie le recours au service militaire obligatoire de "réinsertion" pour les mineurs délinquants et ajoutent que 30 000 places de prison supplémentaires seront construites dans les cinq ans ;

14 septembre, les migrants s’affrontent contre les flics à Lampedusa en Italie ; nouvelle journée d’émeute à Rome entre travailleurs syndiqués et flics devant le Parlement contre le plan de rigueur et d’austérité tandis que des maires dans plusieurs villes italiennes se mettent en grève ; nouveaux affrontements dans plusieurs quartiers d’Alger contre les opérations de relogement ;

16 septembre, la Belgique annonce la création des premiers camps de rétention de Haute Sécurité pour les "sans-papiers rebelles" qui mettent le feu à leurs cellules et qui résistent à la police dans la rue ; les manifestations étudiantes pour la gratuité de l’éducation tournent à l’émeute dans toute la Colombie ;

Naissance de notre force. Ce n’est qu’un début. Toute loi, toute répression, toute mesure, émanant de l’Etat du Capital sont désormais considérés comme actes de guerre de l’ennemi. Auxquels nous riposterons comme tels, par des actes de guerre.

L’Empire s’effondre, et veut nous faire s’effondrer avec lui. Pour l’humanité consciente d’elle-même et solidaire, pour la planète et nos proches, contre l’Etat, contre le Capital, contre leur police, contre leur justice, contre leurs banques, contre leur salariat, nous ne reculerons plus, nous n’aurons plus peur, nous prendrons acte et déploierons notre force de frappe.

Le 6 octobre, trois pays en Europe sont simultanément en grève générale : l’Espagne, la Grèce et l’Italie. Les sociaux-traitres des centrales syndicales françaises se démarquent et refusent de prendre part et renforcer cette journée de grève simultanée, se contentant d’annoncer une journée de "mobilisation nationale" le 11 octobre. Les syndicats au Royaume-Uni menacent d’une grève générale pour une "lutte longue et dure" contre l’austérité et la précarité. Le mouvement social s’amplifie en Israël et est explosif en Grèce.

Le mouvement social ne s’arrête jamais. Il doit éclore en une insurrection sociale. Ne plus défiler en moutons derrière les banderoles de la résignation, que les cortèges soient tels des troupes de choc, solidaires, déterminés, l’âme tendue, les mains prêtes. Face à l’Etat, face à la police, face à la précarité, nous sentons et voyons déjà en nous les défis dans les pas, dans les regards, dans la carrure des épaules, dans le redressement des nuques. Nous ne sortirons du cerclé fermé de leur crise et de nos destinées que par la force.

Comme face au taureau dans l’arène, choisir l’instant et frapper juste.

Après ? Le vaste inconnu de la colère des masses. Cela coûtera ce que cela coûtera. Tout avenir et futur à construire maintenant sera meilleur que le présent-citoyen que nous traînons comme une défaite. Que tous les doutes soient balayés dans la joie de vaincre et la fraternité solidaire des ex-citoyens de leur ex-société devenus combattants et compagnons. Développons notre solidarité et notre force.

"(...) S’aguerrir contre l’erreur, la duperie, l’illusion, le passé, le désir, autrui et soi-même. (...) Il faut être précis, clairvoyant, fort, résistant, armé, (...) dans la grande fraternité des combattants sans chef." 
Victor Serge
                             
                                          


Groupe Autonome Mary Read

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire