vendredi 16 septembre 2011

SDF : l’effrayant bilan de Sarkozy



« On n’a pas le droit d’avoir faim et d’avoir froid », affirmaient Coluche et les Enfoirés. Ils ne pouvaient imaginer que le « compassionnel » Nicolas Sarkozy se montrerait encore plus exigeant qu’eux durant la campagne électorale de 2007 en affirmant que, lui élu, il n’y aurait plus un seul SDF dans les rues de nos villes deux ans plus tard. 2011 : non seulement les pauvres et les SDF sont toujours plus nombreux, mais sous la gouvernance du Tartuffe présidentiel, le nombre des morts de la rue s’est encore accru dans des proportions effarantes. Une réalité scandaleuse et inacceptable...
Il existe de multiples manières d’établir le bilan d’un mandat présidentiel, que ce soit sous l’angle social, sous l’angle économique, sous l’angle sécuritaire, sous l’angle international, voire sous l’angle comportemental. Et si l’on peut, dans la plupart des domaines, mettre en avant des données statistiques objectives, le jugement global n’en reste pas moins subjectif car directement lié à la perception de chaque électeur, à sa propre sensibilité aux problèmes de la société.
Comment sera jugé le bilan de Nicolas Sarkozy ? Á l’évidence, de manière très médiocre par une large majorité de la population française, et cela jusque dans les rangs de la droite modérée, excédée notamment par les dérives en direction du Front National. Ce bilan sera même jugé calamiteux par tous ceux qui – nous devrions tous l’être ! – se sentent concernés par les catastrophiques statistiques de la précarité, de la pauvreté, de l’exclusion dans notre pays. Des chiffres indignes de la 5e puissance mondiale ; indignes de l’habit de donneur de leçons planétaire qu’a prétendu endosser dès son entrée à l’Élysée le très narcissique Nicolas Sarkozy ; indignes de ses promesses de campagne.
Rappelons-nous, à cet égard, le discours prononcé en décembre 2006 par le candidat Sarkozy sur ce ton de conviction et de sincérité savamment travaillé qui lui sert régulièrement à enfumer l’électorat : « Je veux, si je suis élu président de la République, que d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid. » [...] « Le droit à l'hébergement, c'est une obligation humaine. Si on n'est plus choqué quand quelqu'un n'a plus un toit lorsqu'il fait froid et qu'il est obligé de dormir dehors, c'est tout l'équilibre de la société, où vous voulez que vos enfants vivent en paix, qui s'en trouvera remis en cause. »
Manifestement, Nicolas Sarkozy n’a pas été choqué très longtemps par l’extrême dénuement d’une partie croissante de la population. Dès son élection, il s’est même empressé de balayer d’un revers de main désinvolte, pour ne pas dire méprisant, le sort des quelques dizaines de milliers de personnes contraintes de vivre sur les trottoirs de nos villes, parfois avec femme et enfants, parfois même en ayant un job insuffisant pour leur permettre de disposer d’un toit. L’important en 2007 était ailleurs : au Fouquet’s (de manière emblématique), dans les Conseils d’administration des entreprises du CAC40, et dans les salons feutrés des grandes fortunes de ce pays dont l’influence médiatique et les puissants réseaux avaient permis l’élection d’un homme lige principalement préoccupé par les intérêts des puissants. Et rien n’a bougé depuis : Nicolas Sarkozy reste sourd et aveugle à la paupérisation grandissante des classes populaires ; sourd et aveugle à la misère qui s’étend aux portes de la capitale et de nos métropoles régionales ; sourd et aveugle au spectacle dramatique des morts de la rue.
265 SDF sont morts en 2008, 358 en 2009, 414 en 2010. Combien en 2011, monsieur Sarkozy ? Et combien en 2016 si les Français, victimes une nouvelle fois de vos promesses délibérément mensongères et de votre coupable incurie, vous donnent l’an prochain la possibilité de poursuivre votre œuvre de destruction du lien social et des services publics, votre assèchement des moyens alloués aux associations humanitaires ?
La mort des pauvres n’est pourtant pas une fatalité, loin s’en faut : en Allemagne*, 18 SDF sont morts en 2009 et 13 en 2010, soit 20 fois moins qu’en France en 2009 et... 32 fois moins en 2010 !!! Des chiffres d’autant plus accablants pour Nicolas Sarkozy que l’Allemagne, avec ses 85 millions d’habitants est nettement plus peuplée que notre pays avec ses 63 millions d’habitants. Des chiffres d’autant plus accablants que l’Allemagne subit un climat nettement plus rigoureux que le nôtre.
La France de Nicolas Sarkozy, c’est également sur le plan des statistiques – là aussi dramatiques –8,17 % de la population sous le seuil de pauvreté en 2009, un chiffre en forte augmentation par rapport à l’année précédente. Et d’ores et déjà, les associations estiment que cette douloureuse statistique sera pire encore en 2010, avec un nombre effarant de jeunes enfants et de nourrissons mal nourris, mal logés, mal chauffés, mal soignés. Au train où vont les choses, par la faute de l’incurie gouvernementale et des calamiteux choix politiques imposés par Nicolas Sarkozy au détriment des classes populaires, c’est vers le nombre symbolique de près de 1,5 millions de personnes sous le seuil de pauvreté que l’on s’achemine pour la fin du mandat présidentiel par rapport à 2007. Un bilan dont vous éviterez bien évidemment de faire état, Monsieur Sarkozy, avec toute la lâcheté dont sont capables les personnages politiques comme vous.
Á la tolérance zéro contre l’exclusion, bafouée avec un tel cynisme et un tel mépris pour les plus humbles et les plus fragiles de nos concitoyens par le Président des riches, le peuple français saura, espérons-le, répondre en 2012 par la tolérance zéro envers le menteur qui a trompé ses attentes et, pire encore, trahi sans vergogne ses espérances de justice sociale.
Si tel n'est pas le cas, nous irons vers le chaos :
* Á noter qu’il existe une différence entre la France et l’Allemagne : chez nos voisins, ce ne sont ni les pouvoirs publics ni les collectivités locales qui ont pour mission de prendre en charge les SDF, mais l’Église. Ce devoir humanitaire n’est pourtant pas financé par cette dernière mais par l’impôt dont une partie est reversée à l’Église en échange de la prise en charge des SDF.

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