vendredi 16 septembre 2011

Nettoyage au karsher : avec l’aide du GIPN, Villeurbanne devient une ville propre


Ce jeudi matin le « 44 palace » de la rue Paul Verlaine s’est réveillé au son des béliers pneus. Les flics et le GIPN étaient au rendez-vous et visiblement très à cheval sur les horaires minimum d’expulsion légaux, en défonçant la porte à 6 heures tapantes.

Pensant pro­fi­ter du som­meil des habi­tants pour faire une expul­sion express, on sen­tait poin­dre leur décep­tion à la vue des pre­mier-e-s lève-tôts à la fenê­tre et de l’odeur du pre­mier café. Aucun accord n’a été pos­si­ble durant les deux minu­tes néces­sai­res à la mise à plat de la porte d’entrée, même pas pour grat­ter quel­ques ins­tants, le temps que tout le monde se réveille. Le temps que les cas­qués- cagou­lés enva­his­sent l’immeu­ble, suffit à la majo­rité des squat­teur-euse-s pour ne pas les accueillir à poils (hormis quel­ques excep­tions nota­bles).

Après, tout s’est passé très vite : 5 minu­tes pour récu­pe­rer les affai­res dites de pre­miere néces­sité (cela dit, en pas­sant, ni ven­to­line ni stra­ping pour un pied cassé ne font partie de cette caté­go­rie), contrôle d’iden­tité : 23 per­son­nes à la queue leu leu, brosse à dent à la main dans le hall d’entrée (3 mètres carrés) avec inter­dic­tion for­melle de remon­ter aux étages. Au bout de 10 minu­tes les flics nous font com­pren­dre qu’on est vrai­ment trop long-ue-s et qu’ils en ont vrai­ment trop marre et que notre désin­vol­ture les agace. Après force de per­sua­sion inven­tive, on réus­sit à convain­cre les condés, tassés eux aussi dans notre petit hall, que sortir les affai­res en caddie c’est plus facile. Mission accom­plie, ça marche ! On gagne trois minu­tes et l’accès à la cour pour récu­pe­rer les cad­dies et les vélos. On se retrouve rapi­de­ment sur le trot­toir avec tous nos engins à roues qu’on a rem­plit à l’arra­che. On attend : on veut récu­pe­rer le chat et puis tiens, le reste de nos affai­res.

Première curio­sité : nos voisin-e-s pou­ca­ves ne sont pas au rdv, les volets sont fermés, la rue Verlaine dort sur ses deux oreilles. Généralement, ce condensé d’insom­nia­ques n’en manque pas une. Le GIPN est peut-être resté trop dis­cret... nous pas très long­temps. Les pre­miers volets s’entrou­vrent (enfin) et les flics nous som­ment de nous dépla­cer, de ne pas rester devant la porte. On reste, le chat n’est tou­jours pas sorti. Ceux qui veu­lent déjeu­ner sans vomir vont se poser à 50 mètres et digè­rent leurs brio­ches tran­qui­lou. Le bus 69 qui passe dans la rue se trans­forme en salle de ciné. On salue notre public et on conti­nue de manger nos brio­ches dans une ambiance de tes­to­sté­rone mon­tante : les gars de la mairie sont arri­vés et pas­sent le contenu de notre maison par les fenê­tres du rez de chaus­sée. On essaie de choper à la volée les affai­res qui sor­tent, cela dépend du bon vou­loir du type de la mairie qui détient l’objet convoité.

Ca y est le deton­na­teur de bla­gues à la con est amorcé chez les plan­tons robo­co­pes qui s’emmer­dent sans leurs copains (les mieux payés sont retour­nés se cou­cher). Les tra­vailleurs pré­cai­res-déme­na­geurs-de-squat-je-ne-fais-que-mon tra­vail rican­nent comme des gamins devant nos graf­fi­tis ten­den­cieux ou bien se tai­sent et suent. Une ané­que­dote rigo­lote cepen­dant, sortie de la bouche de deux jeunes fli­quet­tes sur-bous­tées : une joyeuse et jolie copine hon­groise – qui elle n’a pas du tout dormi – fige leur atten­tion quel­ques secondes. Elles se chu­cho­tent « c’est quoi ça c’est polo­nais ? Ouaii ça c’est polo­nais, ça c’est le réseau ça, c’est sûr » ahah ! allez un petit coup de cidre sur la brio­che..

Départ des pre­miers cad­dies et du pre­mier camion de la mairie, un deuxième arrive accom­pa­gné d’une voi­ture de la muni, qui à elle toute seule bouche toute la cir­cu­la­tion. Les gens s’amas­sent et gueu­lent. On essaie de leur dire que pour cette fois, c’est pas nous qui sommes mal garés et que même si c’était le cas on pour­rait rien faire car les clefs de notre camtar sont res­tées à l’inté­rieur du 44.

La deuxième recrue de la mairie est encore plus pire que la pre­mière : impos­si­ble de choper les affai­res qui sor­tent. Le plus gros des copain-ines est parti mettre les cad­dies en sécu et on reste à 4 devant un pelo­ton de col­la­bos vénè­res. On fait ce qu’on peut. Ayé ils sou­dent les fenê­tres mais notre préo­cu­pa­tion pre­mière c’est le chat qui va être soudé avec. Rien à faire.. Si ! Un flic finit par cra­quer et file à l’inté­rieur à la recher­che du « putain de chat », mais vue sa gueule pas besoin d’être chat pour com­pren­dre qu’il ne faut pas sortir de sa plan­que.

On finit par s’en aller, mais sans le chat.

Avant de clo­tu­rer cette belle mati­née d’expul­sion : un petit net­toyage au kar­cher de notre local pou­belle avec en fond la voix grasse d’un ami de la mairie « voilà main­te­nant c’est propre ! »

En effet Villeurbanne devient une « ville propre »

Devi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire