samedi 31 mars 2012

"Phénomène" Mélenchon: et la rivière est un fleuve...

Le Front de gauche est une force sans mur ni barrière : pourquoi lui fixer des limites ?





«La rivière est sortie de son lit et, quoi qu’il arrive, elle n’y rentrera pas de sitôt.» Nous n’exprimerons pas mieux que Jean-Luc Mélenchon lui-même ce que nous ressentions, mardi soir, après le meeting géant du Front de gauche, à Lille. Ceux qui, connaissant la topographie des lieux, ont vu cette foule investir le Grand Palais, n’en finiront pas de raconter la joyeuse ampleur de cet événement populaire et l’empreinte qu’il laissera lorsque nous aurons tous le même appétit pour tenir ouvert le registre de la mémoire. Des milliers de personnes agglutinées à l’intérieur et à l’extérieur d’une salle qui n’en était plus une, débordant sur les parvis, dans les rues, dépassant en nombre l’imagination des organisateurs eux-mêmes, stupéfiant jusqu’aux policiers présents sur place, contraints, par la force des choses, d’admettre qu’il y avait au moins «20.000 personnes»… Vous avez bien lu.

Ce qui se déroule sous nos yeux perlés d’émotion n’est pas un mystère indéchiffrable. Ce n’est ni par hasard ni par effraction que la dynamique du Front de gauche et l’excellence de son candidat repoussent les frontières auxquelles nous nous heurtions depuis si longtemps et devant lesquelles certains se résignaient. 

À Lille comme ailleurs, de réplique en réplique, il faut voir pour le croire l’ambition politique et combative et suggestive de tous ces êtres humains constitués en assemblée, venus là, mains ouvertes, pour poursuivre ensemble le long et beau travail collectif, tous dressés vers un unique objectif d’à-venir: que l’insurrection civique, dont le déclenchement symbolique fut la re-prise de la Bastille, ne s’arrête pas avec le printemps. En tournant la page des humiliations subies, ces citoyens ne marcheront plus seuls. Ils ne l’oublieront jamais. Non seulement leurs idées progressent vite, très vite, mais les puissants et les gestionnaires savent désormais qu’une partie 
du peuple leur refuse le droit de penser à leur place…


Mardi 27 mars, à Lille. Des milliers de personnes ne peuvent entrer dans le Grand Palais...

Nous en avions l’intuition, voici les preuves: l’insurrection a débuté. Les observateurs auraient tout intérêt à reconnaître qu’un phénomène populaire submerge la campagne. Certains le font. Mais pas tous. Hier, cherchant dans leurs petites têtes d’éditocrates 
de quoi créer du buzz, certains n’ont retenu du meeting de Lille que les mises au point de Jean-Luc Mélenchon à l’égard du socialiste Jérôme Cahuzac – qui méritait cent fois d’être tancé publiquement pour son irrespect et ses airs supérieurs! «Changement de stratégie», ont répété nos pitoyables penseurs. Qu’ils se le disent: Jean-Luc Mélenchon et les dirigeants du Front de gauche ne se tromperont jamais: il y a une différence de taille entre les concurrents (les socialistes) et les adversaires (la droite et son extrême). Pour autant, cela n’empêche pas d’affirmer, comme l’a fait Pierre Laurent à Lille: «Nous ne sommes pas la voiture-balai du PS, nous sommes en train de devenir la locomotive de toute la gauche !» Cette vérité semble en effet en déranger plus d’un : depuis que le Front de gauche progresse, le rapport droite-gauche se rééquilibre en faveur… de la gauche, pardi !

Alors? Regardons bien. Regardons tous 
ces citoyens devenus propagateurs d’idées et d’arguments. Regardons-les se hisser, s’agrandir, se nourrir les uns les autres pour habiter fraternellement une nouvelle République. Regardons ce mouvement d’espoir qui défie l’imaginaire… Que cela plaise ou non, le Front de gauche est une force sans mur ni barrière: pourquoi lui fixer des limites ? La rivière est un fleuve. Déjà.

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