En effet, les créanciers et le gouvernement grec ont mis en place un montage complexe : les créanciers privés échangent leurs titres grecs contre de nouveaux titres d’une valeur inférieure. Ainsi, pour une obligation échangée d’un montant initial de 100 euros, les créanciers vont recevoir un nouveau titre d’une valeur de 46,5 euros. Les créanciers privés troquent des titres qu’ils avaient rachetés sur le marché secondaire à moins de 40 euros, contre des nouveaux garantis par la Troika et reçoivent immédiatement l’équivalent de 15 % de ces dettes en argent frais |1|.
Mais les banques ne sont pas seulement gagnantes à travers cet échange. Elles sont surtout protégées du défaut de paiement de la Grèce tant annoncé. Dans ce cas, les banques auraient été obligées de déclarer dans leur bilan les titres grecs à leur valeur de marché. Jusqu’à présent et dans le respect des normes de comptabilisation et d’évaluation des instruments financiers en vigueur dans l’UE |2| les banques peuvent déclarer ces titres de dette à leur valeur d’émission. Avec des bilans remplis d’actifs financiers spéculatifs qui se déprécient, les banques ont trouvé une parade comptable en spéculant à la baisse sur les titres de dette. L’objectif principal a été de pouvoir acheter à moins de 40 euros des bons de dette qu’elles déclarent à 100 euros dans leur bilan. Elles ont gonflé ainsi en toute légalité leur bilan. Au passage elles ont racheté des dettes dont le rendement est passé à plus de 20% (pour 100 euros investis, les intérêts perçus sont de plus de 20 euros par an). Enfin, grâce aux marchés de dérivés financiers elles ont pu parier sur la baisse des prix de ces dettes et ainsi générer des profits supérieurs ou équivalents aux pertes possibles qu’elles ont pu avoir dans ce jeux d’achat-revente à la baisse sur le marché secondaire des titres de dette. Après avoir spéculé jusqu’en 2010 tant et plus sur le marché de dettes grecques (voir le graphique suivant) les banques ont alors arrêté leurs transactions et amplifié ce jeu sur les marchés secondaires des dettes des autres pays, classés à risque par les agences de notations.
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