Objet Vulgarisant Non Identifié
Alpha du centaure est à 4,2 années lumière de notre système solaire, ce qui fait de lui notre proche banlieue. Habituellement lorsqu’un émissaire provenant de la planète X67 de ce système nous rend visite les représentants de notre espèce sont prévenus quelques mois avant son arrivée. Cette fois-ci le message était arrivé la veille. Les Gosseïn disposent d’une technologie leur permettant de se déplacer à la quasi vitesse de la lumière. Recevoir le message d’arrivée de l’émissaire la veille veut donc dire que ce dernier est parti en même temps que le dit message.
Cela laissa peu de temps à nos représentants pour organiser la réception de ce visiteur, d’autant plus que ces derniers avaient prévu, ce jour là, d’inaugurer le nouveau terrain de golf fraîchement construit en Émirats Arabes Unis en le gratifiant d’un 18 trous.
Le comité de réception se limita donc à un seul homme, dont je ne dirai rien de plus par soucis évident de secret défense et de déontologie.
Nous appellerons l’émissaire H.V pour Homme Vert, car chacun sait que les extra-terrestres sont des humanoïdes verts, et H.M le représentant humain le recevant, pour Homo Mercantilis.
H.M : Et bien ce n’est pas courant que vous veniez de manière si brutale, j’imagine qu’il y a urgence, vous avez fait bon voyage ?
H.V : Oui oui, et effectivement il y a urgence. Si je viens vous voir c’est que vous êtes, avec nous, la seule espèce intelligente à avoir encore une organisation oligarchique, contrairement à toutes les autres qui ont une organisation non hiérarchisée, et par chance vous êtes aussi la plus proche.
H.M : Oui et ?
H.V : Je viens pour vous demander conseil, et je vais aller de suite à l’essentiel. Les individus en bas de notre hiérarchie, qui sont les plus nombreux, s’organisent et développent des zones hors de notre contrôle, pour cela ils se sont armés petit à petit sur une courte période en collectivisant leurs moyens pour acheter du matériel leur permettant de tenir tête à nos forces armées.
H.M : Bon, le problème c’est qu’ils ne devraient rien avoir à collectiviser, comment se fait-il qu’ils puissent acheter quoique ce soit d’autre que de la nourriture, un toit, et un peu de soma ?
H.V : Du soma ? Que vient faire le corps là dedans ?
H.M : C’est une image pour parler des différentes psychotropes permettant aux individus en bas de la hiérarchie de se contenter du peu qu’ils ont, désolé j’aurais du vous préciser, cela vient d’un livre que nous apprécions beaucoup… bref ce que je vous conseillerais c’est d’appauvrir la population de manière continue. En gros il faut qu’en l’espace d’une génération les moyens des personnes en bas de la hiérarchie, appelons-les les pauvres pour faire court, soient drastiquement diminués.
H.V : Une génération vous dites ? Cela nous laisse 200 ans, dans votre référentiel temporel, pour nous organiser !
H.M : Bonne nouvelle effectivement, j’avais oublié l’étendue de votre longévité, comparée à nous autres terriens…bref, l’idée c’est d’asservir le pauvre en l’appauvrissant. Ça peut paraître contradictoire comme ça mais si c’est fait en douceur c’est rudement efficace, car en y allant petit à petit le pauvre ne se rend pas compte de son appauvrissement et pourtant plus le temps passe et moins il aura la possibilité d’organiser une révolte, faute de moyens.
H.V : Hmmm tout cela me laisse songeur…
H.M : Bon commençons par le commencement, l’argent, vous devez avoir l’équivalent j’imagine, une notion abstraite censée quantifier la valeur de tout objet action ou travail et symbolisable sous une forme matérielle.
H.V : Oui bien sûr ! On a la même chose chez nous !
H.M : Parfait et cela ressemble à quoi chez vous ?
H.V : On le matérialise avec l’équivalent de votre papier, et sa valeur est fonction de quantités de matières précieuses, le cobalt chez nous. Bref tout comme vous avec le papier et l’or.
H.M : Sauf que là l’ami t’as un train de retard, je me permets de te tutoyer au passage, c’est vrai que tu ne viens pas souvent par ici. Pour nous l’indexation de l’argent sur l’or c’est l’âge de pierre de la finance, franchement je comprends que vous ne maîtrisiez rien dans ces conditions. La marge de manœuvre de l’oligarchie c’est la masse monétaire qu’il est possible d’utiliser : plus il y en a mieux c’est ! Or l’or chez nous ou le cobalt chez vous si il est précieux c’est qu’il est en quantité limitée….la base c’est donc qu’il n’y ait plus aucune indexation matérielle de l’argent…qu’il devienne virtuel pour en produire plus !
H.V : Appauvrir les gens en créant plus d’argent ? Je ne suis pas sur de comprendre !
H.M : Tu sais nous on vit moins longtemps que vous et apparemment ça évolue plus vite chez nous…bon installe toi je vais reprendre les choses à la base, et je te conseille de prendre des notes avec ton « truc », là.
Alors donc dans un premier temps il faut dématérialiser l’argent, comme je viens de dire, comme ça plus besoin de mallettes pour le faire transiter, le champ électromagnétique suffit.
H.V : C’est vrai que c’est pratique !
H.M : Je te le fais pas dire (sourire). Ensuite il faut créer ce que l’on appelle ici des paradis fiscaux…
H.V : Paradis ? N’est-ce pas le concept que vous utilisez pour vendre la vie éternelle et heureuse ?
H.M : Oui oui, disons qu’on l’a recyclé….car plus personne ne croit au paradis, ou tout du moins plus beaucoup de gens, donc on peut utiliser ce terme dans un autre cadre sans avoir les religieux sur le dos ! En gros cela correspond à des endroits où tu peux faire transiter de l’argent quelque soit son origine (drogue, prostitution, commission etc) ou son détenteur dans le plus total secret et sans avoir à être redevable d’une quelconque fiscalité... Vous avez l’équivalent de la fiscalité je crois, genre donner une partie de ta thune pour les organisation collectives ?
H.V : Oui bien sur, mais attend, ces paradis fiscaux, les pauvres, ils sont au courant que ça existe non ? Ça doit poser problème ?
H.M : Oui plus ou moins, ou pas vraiment, on en discutera après si tu veux bien, là on reste dans le sujet sinon on va jamais y arriver ! En tout cas, comme tu l’auras compris, ces paradis fiscaux pour les oligarques c’est le paradis sur terre !
H.V : (rires) Je reconnais bien là le cynisme caractéristique de votre espèce, ou tout du moins de ces oligarques !
H.M : Merci !
H.V : Néanmoins je suis vraiment curieux de voir ou tu veux en venir, car là l’appauvrissement des masses je vois pas comment tu vas y aboutir…
H.M : Rassure-toi c’est quasiment déjà fait, reste concentré et laisse moi le temps de te décrire la chaîne de traitement dans son ensemble et là tu comprendras. En gros pour faire un immeuble il faut des fondations : l’argent virtuel et les paradis fiscaux c’est les principales fondations de notre immeuble oligarchique
H.V : OK vas-y continue tout cela semble passionnant… attend une question avant au sujet de vos paradis fiscaux : vous avez bien des instances qui sont censées contrôler les flux d’argent illégaux non ?
H.M : (rires) Oui on appelle ça la Justice, mais t’inquiète : là où un juge doit attendre six mois pour avoir trace d’un virement dans un de ces paradis fiscaux, l’argent peut faire le tour de tous les paradis fiscaux de notre planète en l’espace d’une journée !
H.V : Ah d’où l’utilité de la virtualité de l’argent !
H.M : Exactement ! Je vois que tu commences à être dans le bain…donc une fois que tu as ces fondations tu peux émettre de l’argent facilement sans trop te faire remarquer. Ce qu’on a vite utilisé, grâce à la généralisation de l’argent virtuel, c’est le prêt d’argent : d’un même coup tu crées la somme correspondant au prêt et tu touches des intérêts sur cet argent crée. C’était un bon début mais le problème c’est que tu ne peux pas prêter à tout le monde, au risque de pas revoir ta thune dans certains cas, le débiteur ne pouvant pas te rembourser
H.V : Attends, en prêtant de l’argent aux pauvres, quelque part tu peux les appauvrir non ?
H.M : Je vois qu’on n’est pas une espèce intelligente pour rien Mr le Gosseïn, tu m’as presque coupé l’herbe sous le pied avec cette réflexion (sourire). Justement on s’est dit que vu que les pauvres étaient majoritaires, l’idéal serait de prêter de l’argent à un maximum d’entre eux mais à un taux plus fort car quand même faut pas déconner c’est des pauvres et donc il y a plus de risques
H.V : Justement ce n’était pas trop risqué ?
H.M : Tout dépend pour qui ! (rires). Les lois de l’offre et la demande ça marche toujours chez vous ?
H.V : Bien sûr, si l’offre d’un produit est supérieure à la demande le prix baisse et vice versa.
H.M : Parfait ! Tu vas donc comprendre cette étape de la chaîne de traitement : l’idée brillante qu’a eu un de mes collègues c’est de prêter de l’argent à plein de pauvres sur un marché donné : l’immobilier. C’est très malin car tous les pauvres ils veulent devenir propriétaires mais ils en ont pas les moyens. Tu leur prête la thune en masse avec un taux spécial rien que pour eux ,ils achètent tous des baraques, beaucoup plus vite qu’elles ne sont construites, le prix des biens achetés avec l’argent que l’on a crée et prêté augmente, et les pauvres payent nos taux d’intérêt spéciaux grâce à cette plus value
H.V : Mais c’est pas un peu virtuel comme montée de prix ?
H.M : (rires) T’as une chute de concentration ou quoi ?! Tu crois que mes milliards que tout le monde m’envie il sont stockés dans une cave, tu crois que je les ai tous imprimés à la main ! (rires) Bon redevenons sérieux. T’as raison quelque part c’est trop virtuel et on savait qu’au bout d’un moment ça allait s’écrouler…d’où la création d’un autre concept des plus malins : la dilution des risques. Quand tu prêtes à un pauvre un million de dollars à 10% pour qu’il achète une baraque c’est risqué…mais si tu découpes cette créance en la combinant à d’autres plus ou moins sûres tu dilues les risques. De plus tu peux créer avec cette combinaison de créances pourries un produit financier, un truc que tu vends, avec la promesse de donner 5% d’intérêt à l’acheteur…certes tu perds 5% d’intérêts mais tu dilues la merde à travers le monde entier. Tu vas bientôt comprendre l’intérêt de cette dilution à travers l’ensemble de l’économie.
H.V : Hmmm tout cela semble des plus techniques mais je m’accroche !
H.M : Rassure toi même les matheux qui ont crée ces produits financiers n’ont pas tout compris à ce qu’ils ont créé, mais ça a marché et c’est l’essentiel. Donc j’en étais où…ah oui ! C’est là où j’entre en action dans la chaîne de traitement. C’est d’ailleurs ce qui fait de moi la dernière des raclures de notre espèce, euh je veux dire l’homme le plus brillant : c’est que sachant que malgré la dilution et le maquillage mathématique de cette merde, l’odeur se fera sentir tôt ou tard car le pauvre par définition, il n'a pas de thune, et par suite les créances ben elles vont disparaître car il ne pourra plus payer. Sachant cela, c’était l’occasion rêvée de se gaver encore plus en spéculant à la baisse sur ces produits financiers dont la valeur allait finir par s’écrouler tout en continuant, bien sûr, à les produire et les vendre.
H.V : Spéculer à la baisse ?
H.M : Attend rassure-moi, vous avez quand même des structures qui permettent d’abstraire la valeur de toute entreprise ou marchandise et favorisant les investissements promesses d’achat, de vente…etc ce que l’on appelle la bourse chez nous ?
H.V : oui, bien sûr, mais spéculer à la baisse je vois pas à quoi ça peut renvoyer
H.M : Putain les mecs je comprends mieux pourquoi vous êtes dans la mouise ! Bon, en gros, spéculer à la baisse ça consiste à parier sur la chute du cours d’une valeur. Ton pari se définit en masse monétaire que tu mets en jeu et sur la date où tu prédis la chute d’une valeur à un certain niveau. Plus la masse monétaire et/ou la chute sont importantes plus le pognon que tu engranges est important, à condition qu’à la date définie la valeur sur laquelle porte le pari ait effectivement atteint le niveau prédit
H.V : Et là comme vous saviez que cela allait se casser la gueule le risque était minime...
H.M : Exactement ! Tu vois qu’être une crapule c’est pas si compliqué !
H.V : Il suffit d’avoir un bon professeur (sourires communs).
H.M : Continue à maintenir ta concentration car là nous sommes qu’à la moitié du chemin. C’est maintenant que tu peux comprendre que ce que j’ai appelé dilution des risques, ça équivaut à propagation de la merde. Nous, humains, on joue beaucoup sur les mots, c’est important ! par exemple quand un collègue a une bonne idée il dit « les gars je viens d’avoir une idée d’ordure » mais quand on parle de cette idée aux pauvres ont dit qu’elle est « brillante » et « nécessaire ».
H.V : Oui j’avais compris cela avec ton lapsus de tout à l’heure…en gros en plus d’un maquillage mathématique de votre merde, vous utilisez un maquillage sémantique c’est ça ?
H.M : Exactement ! Donc la dilution des risques a permis de propager la merde partout dans l’économie, ce qui fait que lorsque, brutalement, tout le monde s’est rendu compte que les créances composant les produit financiers (les subprimes) n’étaient pas viables, certains pauvres commençant à ne plus pouvoir payer, c’est tout le monde qui s’est officiellement retrouvé avec des actifs qui ne valaient rien ! Cela a engendré la plus grande panique depuis notre coup d’essai de 1929, et on a palpé un max avec nos spéculations à la baisse
H.V : Attends, un truc me turlupine : comment se fait-il que personne n’ait réalisé la chose avant que cela s’écroule ?
H.M : Ben tout simplement parce que si tu dis que quelque chose est bien et ben tout le monde le croit sans vérifier à quelques exceptions près. C’est tellement opaque la finance que pas grand monde essaye de comprendre la chose…et en général on fait confiance aux notes données aux différents acteurs et produits du monde de la finance par les si bien nommées agence de notations ! En l’occurrence tous nos produits financiers établis à partir des créances pourries des pauvres avaient la meilleure note jusqu’au dernier moment !
H.V : Je ne comprends pas, chez nous ceux qui donnent une note sur un travail ou un produit c’est qu’ils sont compétents pour le faire, or là si j’ai bien compris vos agences de notations elles ne sont pas capables de noter correctement ce qu’elles doivent noter ! Elles ne doivent plus avoir aucune crédibilité aujourd’hui non ?
H.M : (rires) Les agences de notations c’est nous ! Et t’inquiète elles ont jamais été aussi crédibles, leurs dirigeants sont même décorés des plus hautes distinctions depuis !
H.V : …..
H.M : Enfin quand je dis « c’est nous » je vais un peu vite, c’est pas nous qui dirigeons officiellement ces agences. Ce qu’il faut rappeler c’est qu’elles sont payées pour noter la consistance d’acteurs ou de produits financiers, et c’est ceux qui demandent à être notés qui les payent. Et vu qu’on est leur principal client et ben on peut dire que ce sont nos employés….
H.V : Attend on résume parce que là j’ai peur de ne plus pouvoir suivre : tout ce que tu me racontes là ça vous a permis de vous enrichir, mais en quoi ça a appauvri les pauvres ?
H.M : Sois pas si impatient, j’y viens justement. Vu que tout d’un coup toutes les banques se sont retrouvées avec des trous énormes dans leurs comptes, de par la disparition des créances pourries dans leurs actifs, il fallait faire quelque chose..
H.V : Les mettre en faillite ?
H.M : Pfff…évidemment que non, c’est nous les banques ! Je me demande des fois si tu n’es pas venu pour me donner une leçon d’humanisme plutôt que pour prendre des conseils sur la manière d’asseoir une oligarchie ! Maintenir l’oligarchie c’est maintenir les banques, coûte que coûte ! Donc la seule solution c’était de faire chauffer la planche à billets comme jamais, de manière à ce que la banque des banques, la FED pour être précis, rachète tous les actifs pourris et au prix fort tant qu’à faire ! Quand je pense à tout le pognon qu’on a engrangé via cette manip ‘ ça me ferait presque monter les larmes aux yeux !
H.V : Ok ! En fait quand la FED rachète vos merdes au prix fort c’est là que vous appauvrissez les pauvres !
H.M : Non, pas de suite, ça aurait été trop brutal et le but c’est quand même que l’appauvrissement des pauvres passe inaperçu. La FED c’est nous aussi, un consortium de banques si tu veux, son pouvoir c’est de créer de l’argent sans être obligé d’en prêter…en gros si une banque veut créer de l’argent elle en prête, la reconnaissance de dette suffisant à faire passer le montant du prêt dans ses actifs. Mais si tu veux créer de l’argent alors que personne ne veut emprunter, seule la FED peut en créer. On parle de planche à billets en référence à l’époque où il fallait imprimer l’argent, aujourd’hui en fait, grâce à la virtualité de l'argent, il suffit de rajouter quelques octets sur un disque dur et tu crées l’argent que tu veux, enfin à condition d’être la FED, sinon t’as pas le droit.
H.V : Et donc ?
H.M : On a attendu deux trois ans et là on a déclaré la FED en faillite, vu qu’elle croulait sous les actifs pourris c’est logique, et c’est le trésor public qui s’est porté garant. On a fait ça il y a quelques mois seulement, le 6 janvier 2011, et c’est passé comme une lettre à la poste !
H.V : Le trésor public ?
H.M : Ouais, je te parlais de la fiscalité tout à l’heure, donner une partie de sa thune pour la collectivité. Ben si nous on est pas obligé d’y souscrire grâce aux paradis fiscaux, les pauvres eux ils ont pas le choix…quelque part c’est leur manière à eux de collectiviser leurs moyens pour s’organiser et établir des structures dites « publiques » c'est-à-dire utiles à tous et transmissibles aux générations futures, la définition même de ce qu’il faut empêcher pour asseoir l’oligarchie !
H.V : Tout devient clair désormais ! Vous avez créé de l’argent virtuel, qui a engendré une montée des prix immobiliers artificielle, quand ça s’est vu vous avez à nouveau créé de l’argent virtuel pour compenser, et puis vous avez refilé le bébé aux pauvres via le trésor public…c’est ça ?
H.M : Exactement ! T’entendre dire ça me rappelle à quel point on est géniaux ! Donc grâce à cette chaîne de traitement brillante on est à un stade où les structures publiques ne vont plus pouvoir tenir sous le poids du gros bébé qu’on leur a refilé…On va donc pouvoir les racheter pour une bouchée de pain et profiter de leur efficacité. On compte le faire petit à petit service par service et région par région pour minimiser les risques de révoltes.
H.V : Ok je vois que la boucle est bouclée….mais ce que je n’arrive pas à comprendre c’est comment les pauvres, qui sont membres d’une espèce intelligente, ne comprennent pas tout ça…car quand même entre l’argent virtuel, les paradis fiscaux, les agences de notations, le transfert de la dette au trésor public, ils sont obligés de se poser quelques questions non ?
H.M : Ben non, il suffit de ne pas dire les choses telles que je viens de te les décrire mais les présenter différemment, en expliquant qu'il n'y a pas d'autres choix, que c'est pour le bien d e tous, etc, etc. L'argument fatal c'est de dire que c'est bon pour la croissance ! C'est un argument brillant car la croissance par définition c'est bien, c'est mieux que la réduction, tout du moins sémantiquement parlant ! De la même manière que dire « vive la liberté » reçoit l’approbation de la majorité, quand bien même la notion de liberté est des plus floue, et ben dire « vive la croissance », bien qu'elle ne concerne finalement que les oligarques, n'engendre que très peu de contestations !
H.V : C’est suffisant ? Vous n’êtes peut-être pas vraiment une espèce intelligente alors…ne te vexe pas j’essaye de comprendre c’est tout…C’est vrai que chez nous les informations circulent selon un réseau global accessible à tous et où chacun est émetteur et récepteur des informations peut-être que pour vous c’est différent ?
H.M : Si on a l’équivalent, c’est internet…on est d’ailleurs en train de regretter d’avoir sorti ce truc de nos cartons, mais les gens s’informant par ce biais restent largement minoritaires heureusement. Et toi tu me dis que c’est ce genre de réseau par lequel s’informent tous vos pauvres ?
H.V : Oui
H.M : Pour te retourner le compliment, c’est à se demander si vous êtes réellement une espèce intelligente….je veux dire, vouloir maintenir une oligarchie, c'est-à-dire une centralisation extrême du pouvoir de décision, et s’appuyer sur un système de communication décentralisé ou chaque individu peut émettre de l’information me semble relever de la gageure ! Nous on conserve un système de communication hiérarchisée, où le nombres d’entités pouvant émettre de l’information est limité comme la télévision la radio ou encore…
H.V : Désolé de vous couper la parole mais ce système d’information décentralisé, pour reprendre votre expression, nous a permis des avancées considérables dans nombre de disciplines et à tous les niveaux d’organisation de notre société, vous ne pouvez pas douter de notre intelligence sous prétexte que nous avons opté pour la généralisation de ce moyen de communication..
H.M : Oui c’est vrai, désolé si je vous ai offensé. Je voulais dire qu’il ne faut pas se tromper d’objectif : le but c’est quoi ? De développer la connaissance à travers l’ensemble de la population ou de maintenir une oligarchie ? Car il est clair que ces deux buts sont incompatibles ! Et vu que vous me demandez conseil sur les manières d’affirmer une hiérarchie, je vous fais part de notre savoir faire en la matière.
H.V : Vous avez raison, et je vous remercie des nombreuses informations pertinentes que vous m’avez fournies. Il va donc nous falloir revenir en arrière et trouver une justification à la mise en place d’un système d’information hiérarchisée, au détriment de celui existant chez nous en ce moment…
H.M : Et franchement si vous trouvez moyen de faire ça n’hésitez pas à nous dire rapidement comment vous avez fait, cela risque de nous être utile dans un proche avenir !
H.V : (sourire) Cela va de soit, entre voisins oligarques nous devons nous entraider !
H.M : Bon il nous reste un peu de temps pour discuter. Qu’allez vous faire chez vous désormais, car j’imagine que vous ne pouvez pas appliquer à la lettre la chaîne de traitement que je viens de vous exposer ?
H.V : Cela va de soit….je dois d’abord digérer toutes ces informations pour en faire une synthèse précise et voir comment je peux l’appliquer sur notre planète. Sur ce je dois y aller, notre conversation m’a en tout cas convaincu que je dois le plus vite possible retourner chez moi pour faire part de notre conversation à mes collègues. Je vous enverrai un message à la prochaine révolution terrestre (cf : 24 heures)
L’homme vert se leva brusquement et partit sur le champ…..
L’homo mercantilis retrouva ses congénères le lendemain…ces derniers discutaient gaiement en arrivant dans la salle de réunion :
H.M2 : Décidément ton drive s’améliore de semaine en semaine !
H.M3 Oui il fallait bien que je m’entraîne pour te battre, je joue donc au golf tous les jours désormais ! Mais pour avoir ton put je dois encore m’accrocher (rires) »
H.M : Les mecs ma conversation avec l’alien était hallucinante il faut qu’on en parle !
H.Ms : …
H.M : Il est venu me demander conseil pour maintenir sa populace car apparemment ils ont des soucis…le gars ne savait rien, ils ont même encore une monnaie indexée sur la matière !
H.M2 : Hahaha tu déconnes ?!
H.M : Non non je lui ai appris pleins de trucs, la base en gros…ce que je veux vous dire c’est que là, vu comment on les a aidé, aux prochaines négociations faudra être offensif pour qu’ils soient plus généreux en transfert technologiques !
H.M5 : Et tu lui a raconté quoi ?
H.M : Ben je suis parti de l’essentiel, les paradis fiscaux, le … ah attendez il vient de m’envoyer un message, les mecs je vous le lit direct : « cher humain, ma mission était de vous consulter pour alimenter un débat global et grandissant au sujet de notre organisation : doit-on conserver une organisation oligarchique ou bien adopter une organisation non-hiérarchisée. Avant d’avoir le plaisir d’échanger avec vous, j’étais, comme nombre de mes congénères, très indécis à ce sujet. Je pense que grâce à vous le débat sera clos, car vous m’avez convaincu ! »
Vous avez vu les gars, le petit bonhomme vert il a bu mes paroles comme du petit lait ! allez je continue. « Dès que je serai arrivé je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour abolir l’oligarchie et développer les bases d’une organisation non-hiérarchisée… »
H.M devint soudain blême, il continua à lire le message mais en silence….un silence pesant parmi l’assemblée…
Voici la suite de ce message :
« Tout ce que vous m’avez dit a été des plus instructifs et, j’en suis sûr, convaincra immédiatement les dirigeants de mon espèce d’abandonner notre système actuel. Comme vous me l'avait rappelé « le but c’est quoi ? De développer la connaissance à travers l’ensemble de la population ou de maintenir une oligarchie ? Car il est clair que ces deux buts sont incompatibles ! ». La première option me paraît être celle qui est le plus en accord avec ce que l'on a compris de l 'évolution physique de notre univers, et surtout de l'évolution de ce que l'on nomme les structures vivantes. Leurs organisations ne sont en rien pyramidales bien au contraire, et le transfert horizontal des informations entre les éléments composant leurs structures constitue un des éléments nécessaire au maintien et au développement de ces dernières !
Nous avons une haute estime de la vie, quelque soit sa forme, et votre planète est parmi les plus riche et équilibrée à notre connaissance. Je vous conseille vivement d’abandonner vos démarches actuelles et de préparer, en l’espace d’une génération, la mise en place d’un système non-hiérarchisé plus en accord avec le développement de votre espèce, si particulière. Je me permet de vous donner ce conseil car il est fort probable qu’une autre mission vous étant destinée parte dès mon retour, et si vous ne suivez pas mon conseil, cette visite risque d’être autrement moins discrète et autrement moins amicale.
Il vous reste donc 9 ans pour réfléchir à mon conseil. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire