“Fluctuat nec mergitur” est peut-être la devise de la ville de Paris mais elle ne s’appliquera plus très longtemps à la République Française sur le point de tanguer sévèrement. Depuis le climax de la crise financière survenu à l’automne 2008, nul n’avait pourtant remis sérieusement en question – ne disons pas la solvabilité – mais plutôt la fiabilité des finances françaises… Et pourtant, le prochain choc ne sera pas italien, il ne sera pas plus espagnol, il sera assurément français.
C’est en effet la notation de la dette publique française qui sera la prochaine à subir les affres de la dégradation. Comment pourrait-elle encore l’éviter car toute une série de facteurs adverses conspirent en ce sens : de l’endettement qui y atteint des sommets à la compétitivité en constant déclin et à l’aggravation très inquiétante des déficits commerciaux en passant par une croissance inexistante, tous les ingrédients se mettent inéluctablement en place pour une conflagration majeure dès la rentrée ou pour l’automne prochain au plus tard. La question n’étant pas tant de savoir si son AAA lui sera retiré que quand… ?
Du haut de son déficit de 7% par rapport à son P.I.B. et avec un endettement global de l’ordre de 90% de ce même P.I.B., les statistiques faisant état des passifs français restent certes relativement sous contrôle. Pour autant, l’escalade de ces endettements publics semble ne pas devoir s’arrêter là, la France étant même aujourd’hui parvenue au stade où elle les accumule à un rythme encore plus soutenu que l’Italie et que l’Espagne. Un autre phénomène encore plus inquiétant est la navrante perte de compétitivité du pays et notamment face à sa grande partenaire – et néanmoins concurrente – qu’est l’Allemagne.
Naguère encore symboles d’une industrie innovante qui en faisant la fierté légitime, le commerce extérieur et la balance commerciale de la France semblent résignés aujourd’hui à subir une descente aux enfers irrésistible.C’est ainsi pas moins de 65 milliards d’Euros de déficit commercial qui s’accumulent sur 12 mois (de Juin 2010 à Juin 2011) et un déséquilibre d’un milliards d’Euros par mois au bénéfice de l’Allemagne. Chiffre qui était exactement à l’opposé en 2004 quand la France dégageait encore un excédent d’un milliard par mois de ses échanges avec l’Allemagne ! Sachant que les nations qui subissent des déficits commerciaux sur une période prolongée n’ont que l’emprunt (et donc encore plus de déficits) comme autre alternative pour se financer…
Enfin, les tourmentes européennes et les perspectives de l’élargissement du Fonds de Stabilité Européen n’arrangent pas plus les affaires de la France. Où puisera-t-elle en effet les sommes importantes destinées à étoffer ce fonds (et à renflouer d’autres nations européennes) si ce n’est dans ses propres finances déjà trop sollicitées par sa mièvre croissance conjuguée à un commerce extérieur en berne et à un endettement général à l’extrême limite du seuil de tolérance ? Eh oui, la France devra très prochainement affronter une facture assez « salée » pour prix des sauvetages italien et espagnol…
Pourquoi, dans un tel contexte et après avoir dégradé la notation américaine, les agences de notation hésiterait-elles à croquer la France ? L’indigestion devrait du reste toucher sévèrement les marchés qui achèveront d’être sonnés par la prochaine perte du AAA français car, avec un endettement global de l’ordre de 1’150 milliards d’Euros, le papier valeur de l’Etat français est le quatrième le plus traité au monde. C’est bien simple : chaque banque et pratiquement tout investisseur à la surface de la Terre est propriétaire de la dette publique française.
La dégradation de la notation française, loin d’affecter seulement ce pays, sera probablement le coup de grâce donné à une conjoncture financière et économique globale bien fragile.
http://www.gestionsuisse.com/2011/2373/
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