Ce jeudi matin le « 44 palace » de la rue Paul Verlaine s’est réveillé au son des béliers pneus. Les flics et le GIPN étaient au rendez-vous et visiblement très à cheval sur les horaires minimum d’expulsion légaux, en défonçant la porte à 6 heures tapantes.
Pensant profiter du sommeil des habitants pour faire une expulsion express, on sentait poindre leur déception à la vue des premier-e-s lève-tôts à la fenêtre et de l’odeur du premier café. Aucun accord n’a été possible durant les deux minutes nécessaires à la mise à plat de la porte d’entrée, même pas pour gratter quelques instants, le temps que tout le monde se réveille. Le temps que les casqués- cagoulés envahissent l’immeuble, suffit à la majorité des squatteur-euse-s pour ne pas les accueillir à poils (hormis quelques exceptions notables).
Après, tout s’est passé très vite : 5 minutes pour récuperer les affaires dites de premiere nécessité (cela dit, en passant, ni ventoline ni straping pour un pied cassé ne font partie de cette catégorie), contrôle d’identité : 23 personnes à la queue leu leu, brosse à dent à la main dans le hall d’entrée (3 mètres carrés) avec interdiction formelle de remonter aux étages. Au bout de 10 minutes les flics nous font comprendre qu’on est vraiment trop long-ue-s et qu’ils en ont vraiment trop marre et que notre désinvolture les agace. Après force de persuasion inventive, on réussit à convaincre les condés, tassés eux aussi dans notre petit hall, que sortir les affaires en caddie c’est plus facile. Mission accomplie, ça marche ! On gagne trois minutes et l’accès à la cour pour récuperer les caddies et les vélos. On se retrouve rapidement sur le trottoir avec tous nos engins à roues qu’on a remplit à l’arrache. On attend : on veut récuperer le chat et puis tiens, le reste de nos affaires.
Première curiosité : nos voisin-e-s poucaves ne sont pas au rdv, les volets sont fermés, la rue Verlaine dort sur ses deux oreilles. Généralement, ce condensé d’insomniaques n’en manque pas une. Le GIPN est peut-être resté trop discret... nous pas très longtemps. Les premiers volets s’entrouvrent (enfin) et les flics nous somment de nous déplacer, de ne pas rester devant la porte. On reste, le chat n’est toujours pas sorti. Ceux qui veulent déjeuner sans vomir vont se poser à 50 mètres et digèrent leurs brioches tranquilou. Le bus 69 qui passe dans la rue se transforme en salle de ciné. On salue notre public et on continue de manger nos brioches dans une ambiance de testostérone montante : les gars de la mairie sont arrivés et passent le contenu de notre maison par les fenêtres du rez de chaussée. On essaie de choper à la volée les affaires qui sortent, cela dépend du bon vouloir du type de la mairie qui détient l’objet convoité.
Ca y est le detonnateur de blagues à la con est amorcé chez les plantons robocopes qui s’emmerdent sans leurs copains (les mieux payés sont retournés se coucher). Les travailleurs précaires-démenageurs-de-squat-je-ne-fais-que-mon travail ricannent comme des gamins devant nos graffitis tendencieux ou bien se taisent et suent. Une anéquedote rigolote cependant, sortie de la bouche de deux jeunes fliquettes sur-boustées : une joyeuse et jolie copine hongroise – qui elle n’a pas du tout dormi – fige leur attention quelques secondes. Elles se chuchotent « c’est quoi ça c’est polonais ? Ouaii ça c’est polonais, ça c’est le réseau ça, c’est sûr » ahah ! allez un petit coup de cidre sur la brioche..
Départ des premiers caddies et du premier camion de la mairie, un deuxième arrive accompagné d’une voiture de la muni, qui à elle toute seule bouche toute la circulation. Les gens s’amassent et gueulent. On essaie de leur dire que pour cette fois, c’est pas nous qui sommes mal garés et que même si c’était le cas on pourrait rien faire car les clefs de notre camtar sont restées à l’intérieur du 44.
La deuxième recrue de la mairie est encore plus pire que la première : impossible de choper les affaires qui sortent. Le plus gros des copain-ines est parti mettre les caddies en sécu et on reste à 4 devant un peloton de collabos vénères. On fait ce qu’on peut. Ayé ils soudent les fenêtres mais notre préocupation première c’est le chat qui va être soudé avec. Rien à faire.. Si ! Un flic finit par craquer et file à l’intérieur à la recherche du « putain de chat », mais vue sa gueule pas besoin d’être chat pour comprendre qu’il ne faut pas sortir de sa planque.
On finit par s’en aller, mais sans le chat.
Avant de cloturer cette belle matinée d’expulsion : un petit nettoyage au karcher de notre local poubelle avec en fond la voix grasse d’un ami de la mairie « voilà maintenant c’est propre ! »
En effet Villeurbanne devient une « ville propre »
Devi
Après, tout s’est passé très vite : 5 minutes pour récuperer les affaires dites de premiere nécessité (cela dit, en passant, ni ventoline ni straping pour un pied cassé ne font partie de cette catégorie), contrôle d’identité : 23 personnes à la queue leu leu, brosse à dent à la main dans le hall d’entrée (3 mètres carrés) avec interdiction formelle de remonter aux étages. Au bout de 10 minutes les flics nous font comprendre qu’on est vraiment trop long-ue-s et qu’ils en ont vraiment trop marre et que notre désinvolture les agace. Après force de persuasion inventive, on réussit à convaincre les condés, tassés eux aussi dans notre petit hall, que sortir les affaires en caddie c’est plus facile. Mission accomplie, ça marche ! On gagne trois minutes et l’accès à la cour pour récuperer les caddies et les vélos. On se retrouve rapidement sur le trottoir avec tous nos engins à roues qu’on a remplit à l’arrache. On attend : on veut récuperer le chat et puis tiens, le reste de nos affaires.
Première curiosité : nos voisin-e-s poucaves ne sont pas au rdv, les volets sont fermés, la rue Verlaine dort sur ses deux oreilles. Généralement, ce condensé d’insomniaques n’en manque pas une. Le GIPN est peut-être resté trop discret... nous pas très longtemps. Les premiers volets s’entrouvrent (enfin) et les flics nous somment de nous déplacer, de ne pas rester devant la porte. On reste, le chat n’est toujours pas sorti. Ceux qui veulent déjeuner sans vomir vont se poser à 50 mètres et digèrent leurs brioches tranquilou. Le bus 69 qui passe dans la rue se transforme en salle de ciné. On salue notre public et on continue de manger nos brioches dans une ambiance de testostérone montante : les gars de la mairie sont arrivés et passent le contenu de notre maison par les fenêtres du rez de chaussée. On essaie de choper à la volée les affaires qui sortent, cela dépend du bon vouloir du type de la mairie qui détient l’objet convoité.
Ca y est le detonnateur de blagues à la con est amorcé chez les plantons robocopes qui s’emmerdent sans leurs copains (les mieux payés sont retournés se coucher). Les travailleurs précaires-démenageurs-de-squat-je-ne-fais-que-mon travail ricannent comme des gamins devant nos graffitis tendencieux ou bien se taisent et suent. Une anéquedote rigolote cependant, sortie de la bouche de deux jeunes fliquettes sur-boustées : une joyeuse et jolie copine hongroise – qui elle n’a pas du tout dormi – fige leur attention quelques secondes. Elles se chuchotent « c’est quoi ça c’est polonais ? Ouaii ça c’est polonais, ça c’est le réseau ça, c’est sûr » ahah ! allez un petit coup de cidre sur la brioche..
Départ des premiers caddies et du premier camion de la mairie, un deuxième arrive accompagné d’une voiture de la muni, qui à elle toute seule bouche toute la circulation. Les gens s’amassent et gueulent. On essaie de leur dire que pour cette fois, c’est pas nous qui sommes mal garés et que même si c’était le cas on pourrait rien faire car les clefs de notre camtar sont restées à l’intérieur du 44.
La deuxième recrue de la mairie est encore plus pire que la première : impossible de choper les affaires qui sortent. Le plus gros des copain-ines est parti mettre les caddies en sécu et on reste à 4 devant un peloton de collabos vénères. On fait ce qu’on peut. Ayé ils soudent les fenêtres mais notre préocupation première c’est le chat qui va être soudé avec. Rien à faire.. Si ! Un flic finit par craquer et file à l’intérieur à la recherche du « putain de chat », mais vue sa gueule pas besoin d’être chat pour comprendre qu’il ne faut pas sortir de sa planque.
On finit par s’en aller, mais sans le chat.
Avant de cloturer cette belle matinée d’expulsion : un petit nettoyage au karcher de notre local poubelle avec en fond la voix grasse d’un ami de la mairie « voilà maintenant c’est propre ! »
En effet Villeurbanne devient une « ville propre »
Devi
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