Il se passe quelque chose, un je ne sais quoi qui commence, une nouvelle ère de révolte qui n’a qu’une envie, celle de s’enflammer comme cocktail Molotov géant. Un besoin de dire NON à toute cette répression absurde qui se met en place petit à petit et qui se renforce au fil des années dans toute la société. Une envie de dire NON à tout ces vieux politicards corrompus sûr d’être protéger derrière leurs flics et leurs millions gagnés sur le dos de toutes les exploitations et de la misère grandissante.
J’ai sillonné la France ces derniers mois et partout j’ai rencontré la même énergie, la même volonté, parfois un peu confuse, mais toujours sincères, celle d’une jeunesse qui a une nouvelle conscience et qui est prête à se lever face à ce qui l’oppresse. Leur saine solidarité avec les exclus, les taulards, les étrangers fait honneur à leur vision de la liberté. Ils se sentent concerné, car ils se sentent eux aussi exclus, taulards ou étrangers, ils se sentent eux aussi prisonniers, muselés et ils voient bien le danger d’un système qui n’écoute plus personne et qui en toute impunité s’assois sur la gueule du peuple en se foutant totalement de ses aspirations, de ses souffrances ou de ses revendications.
Il se produit une radicalisation, une métamorphose de la pensée aux actes, c’est le début de quelque chose, d’une lame de fond naissante qui n’attend plus qu’une véritable occasion pour agir contre cette « ère sécuritaire » devenue, ces dernières années, l’outil ultime pour gagner toutes élections.
A force de tirer sur la corde, cette jeunesse a pris conscience de leur manque d’avenir et du peu de choix d’une autre vie, c’est ce qui m’a frappé le plus en parcourant le pays et en rencontrant pas mal de militants, dont les rangs ne cessent de grossir face à une idéologie étatique réactionnaire de plus en plus extrême.
Pas étonnant que ce mouvement qui émerge s’attaque aux symboles de la répression que sont les prisons, centre de rétention et EPM (établissement pour mineur), car la société que l’on nous propose n’est faite que de murs qui s’élèvent de plus en plus haut. La société devient insidieusement carcérale et cela n’échappe à plus personne, on se sent pris dans un étau que l’on serre comme un garrot.
« Une Bastille est tombée et ils en ont construit 200 autres ! », « Une usine qui ferme, c’est une prison qui s’ouvre »…*
« Tout commencera vraiment quand quelques murs de prisons tomberont, et c’est par là que débutera le véritable chemin vers la liberté »…*
De cela certains en sont déjà convaincu et ils sont de plus en plus nombreux à s’en persuader. Graffitis, affiches, textes et actes de sabotages se multiplient contre la construction intensive d’établissements pénitentiaires qui fleurissent un peu partout sur le territoire. Il est devenu maintenant évident que la prison, ainsi que tout système pour y aboutir, est devenu une cible, un enjeu, le véritable et seul ennemi du peuple, parce que la « taule » ne sert, aujourd’hui plus qu’hier, qu’à dresser une partie du peuple contre lui-même, tandis que ceux au pouvoir règnent sans partage en usant et en abusant de la peur, de l’intimidation et de tous les mensonges possibles pour maintenir coûte que coûte le contrôle social des masses.
Oui il se passe quelque chose et moi qui vient de si loin, qui ai vécu si longtemps à l’ombre des miradors, prisonnier sous des tonnes de bétons versées pour consolider les infâmes murs de prison, je vis cette envie d’horizon, comme une évasion naguère réussit, comme une nouvelle résistance qui grandit et qui s’amplifie… je suis comme un vieux retraité des geôles qui observe et sent la montée de cette brise, ce vent qui se lève et qui peut-être emportera tout…
* Graffitis lus sur quelques murs de la capitale et en province.
Laurent JACQUA
Pour tout contact laurentjacqua@yahoo.fr
Voici le texte original d'une affiche anonyme placardée dans les rues de Paris au mois de juin-juillet dernier :
La prison... On en a tous vaguement une idée, un reportage à la TV, un énième assassinat de l’administration pénitentiaire à la rubrique faits divers des journaux du jour, de brèves indignations à peu de frais par-ci par-là. On en entend tous parler, et on fait comme si cela n’existait pas. Comme si chaque jour des dizaines de milliers d’entre-nous n’étaient pas les otages de l’État, seuls dans leurs périplescarcéraux individuels, isolés de tous et réprimés en silence. Pourtant nous sommes tant à avoir un frère, une amie, un cousin en taule, à visiter un proche incarcéré au parloir, nous sommes tant à finir par trouver cela banal. Un petit séjour en taule, après tout, on est pas mal à y avoir gouté, une fois, deux fois, trois fois ou plus, de près ou de loin, dans les faits ou par procuration.
Enfermer des êtres humains dans des cages de quelques mètres carrés pendant des mois ou des années, annihiler toute volonté en eux, les presser comme des citrons, les briser, les empêcher d’aimer, les harceler, les droguer, les frapper, les juger, les tuer, les traiter comme personne n’ose traiter de la merde et les soumettre à un travail de forçat ; la taule, c’est la barbarie dans toute sa banalité, c’est le règne total d’une poignée de sadiques et de petits exécutants obéissants. C’est le dernier souffle d’une balle qui vient se loger droit dans notre tête pendant que tout le monde regarde ailleurs, trop préoccupé par sa propre misère. C’est la manière par laquelle ce monde se venge contre ton anormalité ou contre la concurrence. C’est une des manières par lesquelles ce monde force la paix.
La prison a au moins un mérite, avec elle les choses sont claires : pas de bla-bla ou presque, une société qui a besoin de prisons pour se maintenir est une société qui a déclaré la guerre à une partie d’elle-même. Une société qui s’enorgueillit de gérer avec tant de violence ces usines de mort est une société qui offre son cou à la guillotine de la révolte, qui justifie la nécessité de sa destruction. Ils auront beau réformer les prisons en long et en large, plaquer les cellules d’or, les climatiser ou raccourcir la taille des matraques, les coups feront toujours aussi mal et la prison restera le même problème qu’elle aura toujours été. C’est l’audace de la liberté qui importe, pas la lâcheté du statu quo de l’aménagement de la contrainte.
Une prison acceptable est une prison qui brûle
On parle déjà d’une trentaine de morts en détention depuis le début de l’année. On ose encore nous parler de suicides et d’accidents... On ose insinuer qu’il est anodin de se pendre dans une prison, qu’il est anodin de mourir « accidentellement » sous les coups des matons ou d’autres détenus. On nous parle de « suicides » pour faire croire que ce n’est pas l’Administration Pénitentiaire et l’État qui tuent. Mais nous affirmons que chaque mort en prison est un assassinat de l’Administration Pénitentiaire et de l’État. Considérer les choses autrement, c’est affirmer queles conditions de vie du dehors et du dedans sont les mêmes. C’est affirmer que la prison n’existe pas. Et pourtant le dedans et le dehors ne se différencient que par leur degré d’intensité. La prison n’est rien d’autre que le reflet exagéré de cette société qui se regarde dans un miroir grossissant.
Tout est pire que dehors en prison, et pourtant, tout est tellement pareil que dehors...
La même merde, les mêmes mécanismes autoritaires, la même domination, la même violence inhérente à la paix sociale, le même fichage, les mêmes rapports dégueulasses entre les gens, qu’ils soient économiques ou sociaux.
Il est si difficile de parler sereinement de la prison. Il est si difficile de ne pas se laisser plomber par l’atmosphère poisseuse qu’elle disperse autour de nos vies. Mais ce ne sont pas des larmes qui en viendront à bout, au contraire, on ne peut que se noyer avec des larmes. L’indignation, elle, n’a jamais fait tomber un seul mur, et l’on ne viendra jamais à bout de la prison par le biais du Droit ou de la Loi, puisque c’est de leurs pierres qu’elle est construite.
Dans cette société qui a besoin d’enfermer : prisons, psychiatrie, centres de rétention, gardes-à-vue, internats, écoles, maisons de retraite, camps humanitaires, usines, hôpitaux, centres éducatifs fermés, barres d’immeubles, établissements de réinsertion scolaire etc. Dans cette société où certains font le choix de devenir mâtons, juges ou flics, notre choix est clair : Feu àtoutes les prisons. Feu à l’État.
Les prisons doivent être détruites une par une, pierre par pierre, maton par maton, juge par juge.
Détruisons les prisons en détruisant la société, parce qu’une société qui a besoin d’enfermer et d’humilier est elle-même une prison.
Détruisons les prisons avec rage et joie
http://lelaboratoire.over-blog.com/article-la-revolution-commencera-par-les-prisons-85039941.html
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