dimanche 24 juillet 2011

La 3è Guerre Mondiale n’est pas une utopie ?!

Street Art


Tout comme les révoltes populaires du Maghreb et du Moyen-Orient, les mouvements citoyens d’Europe et du monde, la crise financière, la crise monétaire, la crise du nucléaire, la crise de la dette et les crises politiques, économiques et sociales se chevauchent, se superposent, se lient et se délient, elles nous livrent les éléments de réponse à notre question : nous sommes en guerre mondiale.



Procès-verbal d’intérêt général


Introduction

Les guerres ont évolué au fil des siècles, tant en termes de forme, de nature et d’essence qu’en fonction des cadres politiques, sociaux, économiques, spirituels et culturels qui ont été leurs théâtres. Face à cette évolution relative et complexe, on pourrait très bien décider de porter notre regard à travers une vision spatio-temporelle plus globale et envisager de réfléchir les guerres du 21è siècle à travers celles du passé dans ce qu’elles ont d’inédit. Si chaque guerre a son génome unique à décoder, dès lors que l’on se penche sur les contextes philosophiques et géopolitiques de sa naissance, on est en droit de se poser les questions suivantes : en quoi les guerres du 21è siècle sont-elles particulières ? Quels sont les rapports qu’entretiennent leurs formes, leurs natures et leurs essences respectives avec leurs prédécesseurs ? Ces interrogations semblent présager de vastes chantiers de réflexion, n’est-ce-pas ? Pourtant, je reste absolument convaincu qu’en tant que citoyen contribuant à la réalisation d’une conscience collective, nous avons la capacité et les outils nécessaires que pour répondre à ce genre de questions, sans devoir pour autant s’arguer de décennies de recherches, d’études ou de connivences académiques, car telle est en partie l’essence même de cette conscience collective.


Définitions

Premièrement et afin de désamorcer toute accusation de sophisme ou de scoopisme, je vous propose d’initier cette lecture par les définitions :

Guerre :

1. lutte armée entre plusieurs pays, peuples.
2. conflit sans affrontement armé.
3. synonyme : stratégie

Mondial :

1. relatif au monde entier.
2. synonyme : international, universel.

Utopie :

1. construction imaginaire et rigoureuse d’une société, qui constitue par rapport à celui qui la réalise, un idéal ou un contre-idéal.
2. projet dont la réalisation est impossible.
3. du grec, ou, non et topos, lieu (un lieu qui n’existe pas, un non-lieu).

De leur sens propre à leur sens figuré, leur sens composé ouvre la porte à bien d’autres pistes de réflexions que la simple première impression. Vous aurez compris qu’il s’agit ici d’un conflit de stratégies internationales, armées et non armées, dont les objets et les enjeux sont confrontés à leur miroir, réel ou utopique. En cela la question que le titre suppose est une ouverture du champ des possibles, une expression qui se dédouane de fait de la responsabilité de l’affirmation, mais qui n’en demeure pas moins une façon entière et directe d’orienter et de situer le propos. En un mot, donner un grand coup de botte dans la fourmilière.


La guerre mondiale : réalité ou utopie ?

Sur base des définitions précitées, penchons-nous sur les principales guerres actuellement en cours. En ce qui concerne les interventions militaires en Afghanistan, en Irak et plus récemment en Libye, il est établi aujourd’hui que les intervenants sont en majorité les mêmes à chaque fois : les Etats-Unis, des gouvernements Européens, l’OTAN, qui rappelons n’a qu’une personnalité juridique relative et est à ce titre intouchable, le Conseil de Sécurité de l’ONU, les grandes multinationales… certaines détruisent, d’autres reconstruisent ou exploitent les ressources nouvellement acquises. Qu’on qualifie ces guerres de préventives, humanitaires, chirurgicales, propres ou de croisades contre l’axe du mal et le terrorisme mondial ne change rien, une guerre est une guerre, nier ou réfuter son caractère international serait absurde. Les croisements, les interdépendances des différentes formes de crises qui les provoquent ou leurs succèdent en sont les expressions les plus visibles. Tout comme les révoltes populaires du Maghreb et du Moyen-Orient, les mouvements citoyens d’Europe et du monde, la crise financière, la crise monétaire, la crise du nucléaire, la crise de la dette et les crises politiques, économiques et sociales se chevauchent, se superposent, se lient et se délient, elles nous livrent les éléments de réponse à notre question : nous sommes en guerre mondiale. Indubitablement.

Paradoxalement, le fait que cette guerre se déroule physiquement ailleurs ne fait pas d’elle une utopie pour autant, car elle existe belle et bien en nous, contre nous et donc chez nous. La distance entre les limites de notre entendement et les lieux où se déroule cette guerre mondiale nous donne la fausse impression que nous ne sommes pas en guerre, notre intégrité physique et nos avoirs n’étant pas directement remis en cause. Il est à noter que le rôle de médiation que jouent les grandes agences de presse internationales (Reuters, AFP, Bloomberg,…) et les acteurs médiatiques de masse est primordial pour que cette « distance » puisse exister et perdurer. Ils sont donc à ce titre responsables, au-delà de notre accès relatif au libre-arbitre, de l’opacité de cet immense prisme déformant qui sévit entre la réalité et nous, consommateurs d’information. L’étendue de leurs pouvoirs et des armes qu’ils possèdent n’étant plus à prouver, ils ont toute leur place dans la liste des protagonistes de cette guerre mondiale. Sans oublier que toutes ces ingérences militaires et de facto mortelles concourent à ce que les flux migratoires vers l’Europe s’intensifient. Ce qui à travers le filtre dont je viens de faire état est très mal perçu par le citoyen occidental lambda, qui considère presque légitime - au sens légal - de nier toute responsabilité et d’affirmer en bonne conscience qu’il n’a pas à assumer la misère du monde et que ces gens n’ont qu’à se débrouiller autrement et résoudre leurs propres problèmes. La distance dont je fais état est donc non seulement géographique mais elle est aussi sur le plan de la conscience. Les causes dont sont directement responsables les instigateurs de ces guerres, représentants élus au suffrage universel par le peuple je le rappelle, ne sont donc de fait pas imputables aux citoyens européens. La fracture démocratique est indiscutable car elle a atteint le domaine de la conscience. En fait la situation perdure car la majorité ne sait pas ce qui se passe réellement. Ils ne sont conscients que de ce qu’ils regardent au JT ou lisent dans la presse traditionnelle, aujourd’hui détenue par des intérêts privés dont des fabricants d’armes ou de béton.

Ce que la constatation de cette guerre mondiale soulève dépasse de loin le stade de cas isolés qui additionnés, seraient son essence. Il s’agit bien d’une guerre dont les dimensions sont à l’échelle de ce qu’elle révèle. Les peuples aliénés ont une patience limitée, aucun contrôle sur des hommes ne peut perdurer indéfiniment, la nature humaine est ainsi faite. Un des problèmes fondamentaux qui jaillit est celui de la représentativité des protagonistes. Les personnes que nous avons élues ont décidé, en notre nom, de s’engager dans une guerre mondiale. Mais comme le territoire Européen n’est pas attaqué militairement, on parlera d’abstraction de la guerre pour ses habitants. En fait, la réalité de l’Européen moyen n’a pas radicalement changé et n’a pas encore été affectée de manière suffisamment conséquente par la guerre, bien que les régimes grecs et autres semblent en manifester des symptômes de plus en plus édifiants. Pour ne citer qu’un cas récent et proches de nous, je vous invite à lire ce billet illustrant de manière évidente la fracture qui existe aujourd’hui entre notre pseudo état de droit et la légitimité constitutionnelle d’un citoyen lambda à la liberté la plus essentielle de s’exprimer. Comme un écho à ce malaise profond et de plus en plus difficile à ignorer, comme le discours du Roi Albert II à l’occasion de la Fête Nationale Belge en témoigne.

Ce à quoi nous assistons n’est donc ni plus ni moins qu’une cassure, un effondrement du fondement même de nos régimes dit démocratiques articulés sur la représentativité du pouvoir politique. Un vide sans fond entre des régimes à tendances oligarchiques calquées sur les tristes exemples du siècle dernier et une génération de citoyens qui se projettent dans le brouillard de son devenir. Ce ne sont pas la France, les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne qui font la guerre, ce sont une toute petite partie de la population, issus de l’ensemble des représentants eux-mêmes légalement issus des urnes. A noter qu’aucune décision militaire n’a jamais fait l’objet d’une quelconque consultation populaire. Que ce soit le sang des victimes afghanes, irakiennes ou libyennes ou notre conception du monde qui coule au moment où j’écris ces mots, tous les indicateurs révèlent que nous sommes à la fin d’un cycle. Un nouvel ordre mondial est sur le point de naître, il est en gestation depuis longtemps. Mais il m’apparaît évident que l’utérus de notre histoire contient deux candidats à l’existence, deux visions différentes de l’humanité et de son salut, l’une collective et l’autre sélective. La seule inconnue réside dans la forme, la nature et l’essence de celle qui s’imposera.


Protagonistes

Afin de mieux cerner les origines et les mobiles, je vous propose d’articuler la liste des protagonistes sur base de leur volonté belliqueuse et à fortiori sur base de l’effectivité et du pouvoir de leur armement, que ce dernier soit militaire, politique, économique, commercial ou financier. En effet, il me semble relever du sens commun que la faculté et la capacité à mener une guerre est déterminante pour en discerner les tenants et les aboutissants.

Armés :

1. les médias
2. les marchés financiers.
3. les grandes multinationales.
4. les spéculateurs.
5. les agences de notations financières.
6. les institutions et les organisations internationales.
7. les gouvernements nationaux.
8. les gouvernements supranationaux.

Non armés :

1. l’ensemble des citoyens de la planète, en un mot, l’humanité (dont font aussi partie les huit groupes d’acteurs précités).


Enjeux

La faillite des banques, la chute des gouvernements, le démantèlement des institutions corrompues ? Pour tenter d’identifier les enjeux de la guerre mondiale, commençons par nous demander qui l’a déclenchée et pour quelles raisons. Ce que l’on peut affirmer c’est que les instigateurs du conflit ne peuvent se trouver que du côté des protagonistes armés, volontaires et actifs, et non des protagonistes non armés, non volontaires et passifs. Cette première étape dans la réflexion nous permet de réduire le champ des analyses. Bien qu’il faille préciser qu’au sein même des protagonistes armés et non armés existent des éléments respectivement passifs et actifs. Comme les pays émergeant par exemple. Ils sont de par leurs positions de poids sur l’échiquier mondial, des protagonistes relativement passifs au niveau militaire, certes, mais néanmoins armés sur les autres plans.

Nous sommes donc, comme toujours dans le tout est possible, mais nous sommes à présent conscients que la seule façon d’aller de l’avant intelligemment consiste à permettre à la vision collective, égalitaire et horizontale de la gestion des pouvoirs d’une société aujourd’hui mondialisée de se réaliser, se rendre compte et prendre conscience de sa réalité. C’est le combat des idées universelles dont je faisais état dans ma précédente publication “Réforme, révolution ou réalisation” où je tente de brosser le portrait des différents modes de changement sociétal.

Car la réalisation de l’humanité n’est possible que si une prise de conscience citoyenne collective suffisante voit le jour. Radicaliser cette analyse en l’étendant à l’utopie d’une prise de conscience générale n’a de fait aucune issue dès lors que l’on accepte la réalité d’une relativité de la conscience. La démarche, l’approche, la conceptualisation du monde varie d’une civilisation à l’autre, d’une ethnie à l’autre, d’un groupe d’individu à l’autre. Ce en quoi la réalisation m’apparaît comme une issue probable est cette lame de fond qui s’étend partout dans le monde, parallèlement catalysée par le développement des outils technologiques, qui eux-mêmes tendent à donner une forme plus horizontale à cette prise de conscience.

Parmi les populations de la planète et leur multitude de modes de fonctionnement, les réseaux virtuels sont donc l’expression vivante, réelle d’un changement de l’humanité vers plus de partage et donc une meilleure coordination à terme des consciences. La distance qui nous sépare de la réalité pourrait en être en partie comblée par l’exploitation des outils virtuels. Sans pour autant basculer dans l’absolutisme de la technologie. Comme pour tout, il s’agira de tendre vers l’équilibre en permanence. Ce qui veut dire qu’en-deçà de son essence, cette prise de conscience collective que certains perçoivent comme une utopie a déjà une effectivité. Elle existe déjà sur le plan matériel et technique. Pourtant, il ne suffit pas d’un clic pour passer le pas dans les cerveaux et les âmes des hommes. Il y a clairement un décalage entre la réalité matérielle, philosophique, géopolitique, environnementale et la conscience humaine, qui ne peut que se réduire au fil du temps, naturellement. L’ultime question est de savoir si le temps est avec nous ou contre nous ?


Conclusions

La politique actuelle s’apparente plus à la cacophonie d’une agence de communication dont la finalité première est de tenter d’influencer le cours des marchés privés, alors que sur les plans de la nature et de l’essence, nous sommes donc à des années lumières de la gestion des affaires publiques, dans une situation complexe, globale et fatidique. La voie sans issue dans laquelle le système monétaire international nous plonge en s’entêtant à baser notre économie sur un accroissement exponentiel des dettes des états souverains n’aura pour conséquences qu’une austérité accrue, une augmentation des contrôles et donc une diminution des libertés individuelles et collectives. Sans compter l’expansion de la pensée unique au niveau des partis politiques, notamment français pour ne citer qu’eux, preuve en est l’affirmation récente du soutien du PS dans la poursuite de l’intervention militaire unilatérale et meurtrière en Libye, alors qu’il y a quelques jours encore plus d’un million de citoyens libyens se sont mobiliser dans les rues de Tripoli pour manifester leur soutien au régime de Khadafi, ce qui nous propulse d’un coup dans une toute autre facette de la réalité.
La guerre de la dette et la crise de la zone Euro ne sont que la surface émergée de l’iceberg. Le 12 juillet, La Tribune titrait son édition papier : "L’Europe craque, les marchés plongent". Une semaine plus tard, les élans salvateurs des grandes puissances sont parvenus, dans une illumination providentielle, à poser une rustine qui peut-être, espèrent-t-ils, tiendra jusqu’aux prochaines élections. On nous annonce la création d’un Fond Européen de Stabilité Financière (FESF) et on occulte la réalité en communiquant que les banquiers vont passer à la caisse et qu’ils ont sauvé la Grèce de la faillite apocalyptique alors que dans les faits, leurs contributions ne sont que minimes proportionnellement aux exigences imposées aux citoyens et à fortiori à la collectivité. Cette dissolution du politique est à l’image de l’impuissance qui règne et du manque frappant de remettre en cause les fondamentaux. A aucun moment, les banques et les représentants politiques n’ont ici de compte à rendre. Nous naviguons à vue, de remaniement en réformes d’opérette. Le scénario-catastrophe qui se dessine en filigrane est à la hauteur de l’inhumanité des protagonistes de cette guerre abstraite, inconsciente et incomprise.

Par ailleurs, d’innombrables lueurs d’espoir semblent pointer leur nez aux quatre coins de ce champ de bataille universel. Qu’ils refusent de payer le prix de la dette qu’on leur impose comme les Argentins, qu’ils arrivent à réaliser la rédaction d’une Constitution citoyenne en Islande, qu’ils se mobilisent par centaines de milliers dans les rues d’Athènes et sur le place Syntagma, qu’ils aient mis leur vie en jeu pour faire tomber les symboles des dictatures tunisiennes et égyptiennes, qu’ils aient eu le courage de crier leur vérité et leur liberté dans les rues du Maroc et de toute l’Europe. Je pense que nous pouvons gagner cette guerre, que nous avons les moyens de remporter cette troisième guerre mondiale et de réaliser une nouvelle civilisation avec d’autres conceptions du monde et d’autres fondements. Il ne peut en être autrement, j’en suis intimement convaincu. La balle est dans le camp de la conscience et c’est l’humanité de chaque être humain qui est historiquement mise à l’épreuve.


Post-scriptum

En guise d’illustration et aussi pour souligner le fait que la philosophie est de moins en moins présente dans la société d’aujourd’hui, je vous propose de visionner ces deux vidéos. La première expose schématiquement la philosophie politique d’un philosophe de l’antiquité grecque, Aristote et la seconde transporte un des discours du philosophe français Michel Foucault autour de l’idée du corps utopique.
En ce qui concerne la crise nucléaire en cours, Arnie Gundersen nous fait régulièrement part de ses constatations d’expert. Voici la traduction en français.
Dans l’impatience de lire vos commentaires et de réfléchir ensemble aux défis qui sont les nôtres,

Badi BALTAZAR
Les liens et les vidéos sont accessibles sur le Buvard, à l’adresse suivante :http://www.lebuvardbavard.com/2011/07/la-3e-guerre-mondiale-...


http://www.legrandsoir.info/la-3e-guerre-mondiale-n-est-pas-une-utopie.html


photo : http://www.flickr.com/photos/dprezat/3600936234/

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