dimanche 24 juillet 2011

ONU : L’institut du crime qui paie


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Clientélisme, appels d’offres arrangés, contrat filés aux copains. L’institut du crime de l’ONU a bien des sujets de recherche…jusque dans des propres rangs. Un rapport interne de l’organisation allume ces pratiques.

Le 14 janvier 2011 , un certain Michael Dudley, de la Division des Enquêtes de l’Inspection Générale (Office of Internal Oversight Services ou OIOS) autrement dit, la «  Police des Polices  » de l’ONU, a envoyé un mémo interne pas piqué des vers à son interlocutrice, Kristiina Kangaspunta, au sein de 
L’institut de Recherche Interrégional sur le Crime et la Justice des Nations Unies (« UNICRI » pour les intimes).

L’Institut en question, fondé en 1968, est l’un des 5 instituts permanents de recherche et de formation de l’ONU. Basé à Turin avec un bureau de liaison à Rome et une représentation dans de nombreux pays, il distille la bonne parole des Nations Unies auprès de la communauté internationale, sur la meilleure manière de concevoir et de mettre en œuvre des politiques efficaces de prévention, et de justice, criminelles.
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Ne disposant d’aucune dotation permanente sur le budget de l’ONU, l’UNICRI s’en remet donc, pour faire bouillir la marmite, à la générosité des Etats membres ainsi qu’à celles de contributeurs de tous poils sensibles à sa cause, ouvrant ainsi la porte à toutes sortes de petites et grandes faiblesses…
Toujours est-il que le 25 septembre 2009, la Division de l’Audit Interne de l’Inspection Générale (OIOS) de l’ONU, rendait sa première version du rapport d’audit de l’UNICRI (pièce jointe). Comme c’est généralement le cas dans les grandes institutions internationales, ce premier jet a été adressé aux audités afin qu’ils formulent toutes les remarques, précisions, explications voire même les réserves qu’ils estiment nécessaires à leur défense.

INTERVIEW « FRANCHES ET CONSTRUCTIVES »

Bizarrement, le rapport du 25 septembre sentant un peu le souffre, la Division des Enquêtes (et non plus seulement celle de l’Audit) de l’OIOS lançait dès le 29 septembre, une enquête approfondie portant spécifiquement sur les procédure d’achats et de recrutement en vigueur à l’UNICRI. Plusieurs disques durs des ordinateurs de l’Institut et les boites-mail d’un certain nombre de ses cadres ont été passés au crible. Des interviews « franches et constructives » de membres du staff et de personnalités extérieures ont également été menées.

Comme l’indique Michael Dudley dans son mémorandum interne de synthèse qui constitue donc l’étape ultime d’un long processus, « …il a été décelé un certain nombre de pratiques irrégulières au sein de l’UNICRI. Elles révèlent une culture managériale de totale indifférence voire de non-respect aux normes des Nations Unies, notamment dans les domaines des ressources humaines, des finances et des achats. Bien que plusieurs violations des règles en vigueur à l’ONU, soient le résultat de fautes de comportements individuels, la Division des Enquêtes de l’OIOS a également observé qu’il semble régner au sein du personnel de l’UNICRI une méconnaissance générale des processus administratifs appropriés, et que de mauvaises pratiques générant des risques considérables d’abus, existent au sein de l’UNICRI »

67 PAGES DE MEMO TRÈS LOURDES

Le mémo de 4 pages de Dudley offert à la curiosité gourmande des lecteurs de Bakchich, et le rapport d’audit de 67 pages qui l’accompagne, ne laissent subsister aucun doute sur l’organisation interne de l’UNICRI et la compétence de son management.

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Une chance qu’il soit basé à Turin ; on n’ose imaginer ce que les flics internes de l’OIOS auraient déterré si son siège avait été situé à Naples, voire à Palerme…

Missions confiées sans appel d’offres, complicité de l’ancien patron de l’UNICRI dans le contournement des manuels de procédures, attribution de contrats aux donateurs sur la base de préférences personnelles malgré les réserves d’un certain nombre d’employés du service Achats, acceptation de donations en échange de marchés (« La Division des Enquêtes de l’OIOS a découvert plusieurs accords passés avec des donateurs non conformes aux pratiques de l’ONU. Les membres du personnel chargés de la collecte de fonds et des règles de donations, n’ont généralement pas l’expertise requise et n’ont pas connaissance du Règlement Financier de l’ONU…. ») Le constat est affligeant s’agissant d’une boutique dont l’enseigne est vaguement « Law & Order »…

LAW ET ORDER…MAIS À PAS À LA MAISON

Mieux (ou pire) dans le secteur des relations humaines «  Le Laboratoire pour la Sécurité et le Contre-terrorisme de l’UNICRI (SGCT) et ses bureaux régionaux ont été identifiés par la Division des Enquêtes de l’OIOS comme particulièrement problématiques ; en plus des irrégularités évoquées ci-dessus, il est établi que les dirigeants du SGCT se sont engagés dans une politique de contournement permanent des Règles de Procédures, par exemple en utilisant des contrats inadaptés en termes de contrôle, et en ayant recours au favoritisme. Il existe des preuves que des missions ont été confiées sur la base d’amitiés personnelles, de relations familiales avec les donateurs, ou en échange de donations ou de faveurs liées à la collecte de fonds…  »

Heureusement que les mecs n’ont pas sérieusement la prétention de donner des leçons de lutte contre le Crime…Et puis, pour une fois, ce n’est pas avec de l’argent public que des «  fonctionnaires internationaux » se la jouent.

Compte tenu de leur mission, c’est simplement beaucoup plus grave…
 par WOODWARD ET NEWTON


A lire lu relire sur Bakchich.info
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http://www.bakchich.info/ONU-L-institut-du-crime-qui-paie,12942.html

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