vendredi 7 octobre 2011

«Ce fut un massacre, une boucherie sanguinaire où le bougnoule se devait de crever»


17 octobre 1961, 17 écrivains se souviennent



Le 17 octobre 1961– c'était un mardi– des milliers d'Algériens et d'Algériennes défilèrent dans Paris pour protester contre le couvre-feu qui leur était imposé par le préfet Maurice Papon. Si depuis plus de cinq ans, la guerre faisait rage en Algérie, cette manifestation organisée par le FNL était pacifiste. Les hommes et les femmes s'étaient endimanchés, certains vinrent avec leurs enfants. Ils ne portaient aucune arme, avaient consigne de ne répondre à aucune violence. Mais sur les ponts, au sortir des métros... les forces de l'ordre les attendaient. La repression fut féroce: des milliers de blessés, des dizaines de morts –jusqu'à 300, affirme l'historien Jean-Luc Einaudi. Durant des jours, des cadavres furent retrouvés dans la Seine. Officiellement, il n'y a eu que deux morts. Aujourd'hui encore, l'Etat nie les faits historiquement établis et, sous couvert de raison d'Etat, empêche de faire toute la lumière sur cette répression féroce.


Quand d'octobre vient la fin...


"Le mois d'octobre c'est le mois du pauvre, il y pousse des fourches, des marteaux des faucilles, des croissants de lune et des verbes à l'impératif. c'est un mois qui secoue la terre pour la dépoussiérer des vieux os calcifiés, un mois purificateur qui veut se débarrasser des vieilles couennes à particules, des étendards au lys fleuri. Parfois il choisit le silence, un silence déterminé à faire éclater les tympans. Il y pousse des hommes qui se croient invincibles et prennent leur torse pour des boucliers et c'est pour ça qu'ils meurent. Que de morts en octobre ! à croire qu'ils se prennent les hommes pour des graines d'humains. En se jetant à terre, ils se sèment puis attendent au printemps, la repousse plus dense plus touffue, pour nourrir la colère et refaire le monde...

Moi, le fils d'immigré j ai ma fierté du seul moment arabe en territoire de France qui redressa l'orgueil d'un je-ne-sais-quoi m'appartenant. Un moment civil, pacifiste et fier qui fut plus maghrébin qu'arabe, un héritage digne de ce nom. Un acte idéal auquel rien est à reprocher. Quand on est orphelin de la petite comme de la grande histoire, il est bon d'hériter de cela et moi qui cherche dans l'épouvante quelques traces de mon histoire, je fige une date, le 17 octobre 61.

Sur ma route, point de cailloux blancs qui me ramènent à bon port, juste le hasard, un peu de chance et le bon vouloir de quelques charitables.

Octobre, oui j'ai mon octobre, la signature des miens comme un serment du Jeu de paume réapproprié à la sauce immigrée. Je me raccroche à cette manif comme à un pan d'histoire, comme à un linceul ensanglanté, un bout de parchemin qui dit du bien des miens, ces inconnus, ces bruns à moustaches, ces brunes désœuvrées, fantoches à la merci des regards, à la merci de leur apparence. Une apparence suspecte et jugée coupable car l'apparence est un tort... parfois un crime. Merci d'avoir marché chers anonymes, merci pour l'ossature qui me fait tenir droit. Les marches ont du panache quand elles servent une cause, elles sont toutes pionnières car aucune ne ressemble à une autre et pourtant elles se ressemblent toutes.

Lorsque sur le trottoir, j'assiste à une marche à laquelle je ne participe pas, c'est un spectacle à mes mirettes du don de soi. Chacun fait le don de son temps, il le fait pour d'autres plus fragiles, des souffrants lointains qui ne savent même pas l'existence du geste. Mon cœur applaudit souvent ces marches gratuites dont on ne retient pas les visages, car le nombre annihile, la foule efface, évapore les distinguos, il ne reste que la vague mouvante et les minutes à compter avant qu'elle meure, car elle meurt, la marche, derrière les balais et les camions citernes des services d'assainissement.

Octobre ma révolution, ma marche vers la Bastille, oui j'ai tout. Cher mois tu as armé mon bras, rempli ma tête et soulagé l'âme. C'était dans la Ville Lumière, oh ! le beau choix, la belle mort, la victoire certaine. Certaine, car on est jamais le vainqueur de sa victime si elle a les mains nues et qu'on est soi-même armé. J'ai mon moment de gloire, mon mausolée, mon édit de Barbès, réconciliant des Français entre eux en leur accordant une part du patrimoine qui leur est dû. Un partage dans la douleur.

Octobre 61, ma date de naissance, mon épitaphe, mon faire-part, une nuit, une vie.

En devenant algériens, les indigènes ont rendu à la France une part de sa dignité perdue en Algérie. En marchant, ils n'ont fait qu'imiter leurs maîtres, parce que ce sont les maîtres qu'on imite pas les valets. Les maîtres devraient se méfier de leur statut. Un maître, malgré lui, s'entoure d'ennemis, ceux qui le servent. Un maître a ses élèves qui l'envient, car l'élève s'élève et c'est rare qu'il ne veuille pas de la place de choix.

Et ce fut un massacre, une boucherie sanguinaire où le bougnoule se devait de crever la bouche enfoncée dans la vase des bords de Seine. Je les imagine, les chefaillons rigides et revanchards, chauffés à la mauvaise bière, la bave aux lèvres à l'idée de mastiquer du bougnoule. Y'a dans ce mot bougnoule, une sonorité nauséabonde, une vilénie visqueuse qui autorise à penser que c'est comme une incarnation du reptile achevé de rongeur, une hybridité malsaine et flasque, quelque chose de dégueulasse qu'il faut éliminer à tout prix.

On dit que ce sont les Allemands qui traitaient les paysans français de bougnoule, qu'importe. Pour les Français ce ne fut qu'un passage obligé, pour nous, un attribut héréditaire.

Je les visite dans ma mémoire, ces commissariats, jusqu'au fond des murs dans la condensation des verbes portés à ébullition pour éliminer tout remord, toute espèce de sentiment humain...

« Messieurs c'est pas des hommes ou des femmes qui vont défiler ce soir, c'est la vermine cannibale qui mangera vos enfants et violera vos femmes. Ils n'ont pas de terre, pas de religion et du respect que pour celui qui les mettra à genoux, cognez messieurs. Cognez jusqu'à leur passer le goût de vouloir se prendre pour des hommes. Il en va de la grandeur de la France. L'humanité c'est nous ! le reste ne fait que lui ressembler ».
«La grandeur de la France» ! tu parles d'une extrapolation ! Moi je suis né français mais la France a ça de délirant qu'on peut y naître par le versant minuscule, le versant bronzé que curieusement le soleil n'éclaire jamais. Né sans particule, sans orthographe, sans passé. Je suis né de ce versant douteux parmi tant d'autres dans le relief indéfini qui vous fait apatride.

On peut naître français sans jamais le devenir, ça en donne des raisons de marcher.

Depuis que je sais ça, je sais qu'il me faudra vaincre ce que d'autres ont acquis sans efforts. Quelle injustice ! L 'adversité va faire son beurre du curriculum vitae ici présent. Je vais enquiller des tours de France, sans plats ni lignes d'arrivée, de la montagne à qui mieux mieux et c'est pas ce qui manque dans ce paradis aux six côtés inégaux.

Depuis, et comme prévu, j'ai fait ma route. J'ai grimpé sur la paroi formée des corps de mes ancêtres, ils m'ont offert leur dos pour que l'escalade se fasse sans accrocs, je suis monté, monté pour leur dire qu'il existe de l'autre côté une prairie de terre grasse à nourrir mille générations, un champ où les quatre saisons se distinguent pour donner un éternel recommencement. Arrivé à la cime des montagnes les plus hautes, j'ai compris que j'étais toujours pas français, je l'étais dans le cœur, dans la tête et dans l'âme mais ça n'a pas suffi. J'ai vu se former des grimaces, la grimace des premiers arrivés et j'ai compris qu'on ne devient pas français par l'effort, le sacrifice ou l'adhésion, on le devient dans le regard de l'autre. Quelque carte d'identité qui soit ne fait pas le français, quelque devoir accompli ou droit acquis non plus, pas même l'allégeance au drapeau ou a l'hymne, rien ne vous parraine quand le regard se détourne de l'effort consenti.

C'est pour cela qu'on marche, pourquoi courir si la mort est l'aboutissement des requêtes ?

J'ai mon octobre pour me consoler, ma boussole, mon mois de naissance de ma vraie naissance de citoyen, car il faut des dates parfois pour garder l'équilibre. Ces dates dites de naissance que n'ont pas eu nos parents. Nos parents, ces fantômes nés dans l'àpeu-près des saisons. Dans leurs papiers on y lit « né le premier janvier » de telle ou elle année. Mais qu'ont donc les Algériens à naître au mois de janvier ? Vous naissez donc tous le jour de l'an ? Réponse : Simple facilitation administrative.

On leur a dit : Algériens ! Vous n'appartenez pas au temps rationnel, vous vivez comme l'herbe au gré des intempéries, la chair offerte aux fluctuations de l'histoire. Vous n êtes pas du siècle. Vous n'êtes pas du calendrier. Et c'est vrai que dans leur calendrier, j'ai pas trouvé mon prénom, ni celui de mon père ni aucun de celui qui s'appelle « l'Arabe ».

L 'Arabe quand il est français il n'existe pas, tu m'étonnes qu'il se mette en colère. Figurez-vous qu'il veut aussi sa date, son espace, son nom parmi les saints, une écriture qui le nomme. C'est pour autant de raisons que les octobres existent.

Ici, ailleurs. Ici, La matraque et la loi ont dilué le crime avéré au point qu'on doute encore qu'il y eu des morts, ailleurs ce fut pire. Partout on douterai qu'il y eu une marche sans la ténacitÌ des dignes qu'ont pas choisi leur mère à la justice.

Octobre 61, n'existe pas en Algérie non plus, pour cette date point d'hommages, on en parle mais sans commémorations, comme d'une anecdote. C'est une date invisible passée dans le creux de l'histoire. L'Algérie se fout de cette nuit-là ; c'est une date française qui appartient plus à l'histoire de France qu'à l'histoire algérienne. L'Algérie n'aime pas cette date gravée dans le corps de l'ennemi, dans le territoire de l'Autre. L'Algérie n'aime pas la France, cette mauvaise mère adoptive et la réciproque est vraie, pour la fille indigne qui a rêvé d'émancipation. Cette fille brune aux nattes tressées a fui l'autorité parentale.

Cette date est comme un enfant né hors du lit conjugal, on peine à l'identifier, on a du mal des deux côtés à reconnaître l'enfant...

Si, une plaque commémorative, comme on sauve le meuble, pour le souvenir, mais il finit dans la cave. En Algérie qui parle de la nuit d'octobre ? Qui sait qu'elle a existé ? Quelques étudiants ? quelques intellectuels ? universitaires, tous voûtés ? Là-bas, ils sont battus comme les arbres qui rappellent la France et son plan d'occupation du sol. Les dates qui ne font pas d'histoire font l'histoire, la mort anonyme est terrible après que la vie fut sans gloire. La voilà ma trace, à l'image de cette nuit d'octobre, invisible et sans empreintes. Alors je me construis de bribes, de « on dit », de « non dits », de chuchotements épars et de décrets caducs. Je collecte à la volée, à la bonne fortune, au bon vouloir, à l'indiscrétion. Je coupe et recoupe des bouts d'écrits anonymes, je trace des organigrammes improbables, des trajectoires factices, des « à peu près ». Je compile des atermoiements et sélectionne de l'éventuel. C'est triste.

Octobre pèse comme une enclume au fond de l'estomac car je suis l'exilé qui appartient à deux peuples qui me demandent de choisir un camp, à deux peuples qui se haïssent indéfiniment. A qui dois-je appartenir ? A qui dois-je adresser mon livre blanc, mon droit d'inventaire ? Je manque de dates, de 1789, de 1515, de 1905. Bien sûr, elles m'appartiennent aussi, mais je suis « deux », où sont leurs sœurs jumelles ?

Enfant j'étais si français que je préférais les cowboys aux Indiens, ces barbares à la peau teinte qui s'attaquaient aux scalps comme les Arabes aux couilles. Un Français ne fait pas ça ! C'est ce que l'enfance racontait dans les classes de la Quatrième et de la Cinquième Républiques. Un Français, ça respecte. Ça respecte son prochain, l'enfant, la veuve et l'orphelin. Ça distille du droit à tout va, ça préconise un dieu blond et crucifié, une terre d'asile et l'idée universelle. Ce ne sont que des mots, mais les mots c'est le lait que tète le nourrisson, ils aident à la constitution du muscle, on se fout du détail.

Le détail c'est tout ce qui ne convient pas à l'imprimeur de l'histoire, le détail c'est la ratonnade, le vol et le viol, c'est Dien Bien Phu, la Commune de Paris, c'est la discrimination insidieuse qui bloque à la couleur de la peau, la langue, le couscous et la circoncision. Le détail c'est la possibilité d'un genre humain au-dessous d'un autre, humanité « label France » à deux ou trois étages.

Enfants ... On a aimé être français pour reconstituer une famille, souriante, gagnante et repue. Une famille d'accueil comme on dit. On s'est senti si pauvres qu'on accrochait des poêles au mur en guise de portraits, en guise de livres, en guise de tout.

On a aimé être français parce que la terre est si sèche chez nous que tous les arbres y meurent, même les oliviers qui consomment si peu d'eau.

Enfant, dans le flou des mémoires, l'Algérie c'était pour nous l'Arabie, une steppe jaunâtre avec, à la foulée, des turbans, des chéchias, des gandouras, des claquettes, de l'Épinal à rire dans les livres d'histoire. C'était nous sans être nous, une impression vertigineuse du dédoublement de la personnalité. Dur quand James Brown faisait claquer ses talonnettes en éructant « j'suis noir et j'en suis fier ». Chez nous pas de James mais des Mohamed à moustaches, analphabètes et vaincus. Non ! on en voulait pas de cette identité de pauvres crachant par terre à cause des poussières éternellement plaquées à la commissure des lèvres. Chez nous pas de paillettes, pas de strass, pas de musique endiablée à l'électricité statique. Que des bendirs, des karkabous, des flûtes aux vagues mélopées. Du coup, on en veut pas de la danse du ventre, ce ventre qu'il nous est interdit d'approcher. La funky, elle, frotte le corps de l'autre.

On voulait des danses qui mélangent les corps. On cherchait le modèle à nos quinze ans, on voulait Malcolm X et le Che. Les héros d'Arabie n'avaient pas la classe. Que faire d'un Kadhafi, d'un Boumediene, d'un Hassan, d'un Bourguiba, d'un Hafez, même d'un Nasser ? Ces commandeurs autoritaires, jamais accompagnés d'épouses, mais cernés de harems.

Enfants, on a pas aimé l'idée d'arabité, elle recouvrait la baguette qui fouette la plante des pieds, la laideur, la frisure du cheveux, l'interdit intégral, la langue de Molière découpée à la tronçonneuse par nos parents courbés, ouvriers, faibles. La légende a voulu qu'on en fasse des héros. On a fait du chétif, un téméraire.

Alors, enfants perdus, on s'est voulus ailleurs, on se rêvait blancs ou noirs, érudits ou fiers, mais on était bruns, frustres et honteux. Honteux de nous, honte de ce qu'on était, honte de ce qu'on n'avait pas. Quadrature des ronds dans l'eau. Nous étions d'une histoire sans passé mythologique sans avenir ardent, alors la guerre d'Algérie a tenté de combler la mer avec un petit sceau et la petite pelle pour faire l'histoire éternelle en un temps record, sept ans. Je me rappelle de nous, hagards, singeant l'autre, fuyant soi. On courait pour échapper à nos ombres. On se traitait, entre Arabes, de « sales arabes », persuadés de l'évidence de la formule. On a aimé être français puis, peu à peu, on s'est traités de « sales français » parce qu'en bout de course ils ne voulaient toujours pas de nous, jusqu'aux instances dirigeantes des sports. On nous reproche maintenant trop de musculature, après qu'ils aient voulu qu'on ne soit que ça. Eh ben quoi ? les voilà, les corps indispensables au portage des briques !

Non ! pas français, pas algériens ! comme on creuse sa propre tombe pour être sûr d'être ensevelis des deux côtés.

Aujourd'hui pourtant et bien que français, occitan pyrénéen, je participe à la gloire du peuple algérien, mais d'un peuple précis celui d'alors... qui était un autre peuple, un peuple de sept ans de vie. De 1954 à 1962. Peut-être qu'il fut atteint d'une grâce sacrificielle, le temps de sept années. Je suis un algérien de sept ans d'âge, avant rien, après... le déluge.

Car enfin, c'était quoi cette guerre d'Algérie et son presque million de morts, cette « guerre sans nom » ? C'était quoi ce peuple irascible, fruit de mille accostages et autres invasions successives ? De quoi se réclame t-il aujourd'hui ? de la latinité ? de l'arabité ? de la berbérité? de quelque chose de plus large encore ? On nous a pas donné la réponse. C'est qui ce « nous » algérien décidé à en découdre avec le maître colonisateur ? Pas une famille sans martyr, pas un cœur épargné, un corps qui n'ait pas souffert de la faim, du fouet, du coup de pied au cul, toutes ces têtes tranchées au nom de la République, cette mémoire vidée de son fil historique.

C'est quoi cette résistance opaque, portée aux nues, en exemple, pour des générations et des générations d'enfants convaincus de la transcendance de sa destinée ? Combien de fois ai je entendu « nous les Algériens » comme une race à part, un peuple élu, un peuple qu'on se doit de distinguer pour la particularité de son courage, pur, inné, irréversible.

Combien de fois ai je entendu ce « nous » qui incarnait la témérité, la droiture et le sacrifice. Pas un putain de défaut, pas une faille, une faiblesse. « Nous, les Algériens », double malentendu, la lie ou le sublime ? En tout cas, le fardeau pour les héritiers, les suivants, qui n'ont eu à se mettre sous le coude que le soutien à quelque peuple Polisario, dont le monde se bat les couilles et celui, vain, à des Palestiniens aujourd hui divisés. Pauvres suivants, dont je suis, qui n'avions à nous mettre sous la dent que le souvenir sépia des moudjahidines du peuple. Moudjahidine ! ce mot magique a pali pour laisser dans l'imaginaire des générations présentes l'impression tenace de la cruauté et du vice.

Tous ces mots qui déployaient larges, comme des aigles, sont devenus des pics dressés à la verticale. Rigides, militaires. Je souffre de pas savoir la réalité de mon peuple, je souffre de pas savoir qui je suis car je n'ai appris que par l'organisation d'un mensonge. Le mensonge d'un peuple martyrisé ayant basculé, en un rien de temps, de la plus opaque des nuits à la gloire éternelle. Entre les deux, rien qui fit l'humain, la faiblesse, le doute, la banalité. J'aurai aimé savoir le quotidien, la lèche, la trahison, la peur, la cupidité, tout ça pour relativiser mon propre sort et me pardonner de ne pas être un héros moi-même. Au lieu de ça je traîne la culpabilité et la rancœur. Oui j'ai de la rancœur transmise par quelques improbables transmissions orales et ça fait chier de pas être né la paix dans le cœur. Je suis né pour porter un improbable flambeau, celui des martyrs de la guerre d'Algérie, mais surtout celui des quelconques, tous ces damnés qu'on nomme immigrés. Je suis né pour venger ce double orphelin qui perdit sa terre natale pour ne rien trouver dans la terre d'accueil. Et toute la littérature de la Pléiade ne m'apaise qu'à moitié, une moitié qui pourtant a bâti des ponts de rimes, des salutations distinguées, béni le peuple révolutionnaire, chéri Voltaire, Hugo et s'incline devant le droit. Ça ne suffira pas car je suis aussi né gaulois et je me sens comme le feu qui prend source dans l'eau... Improbable alchimie de dégoût et de dévotion pour l'un et l'autre peuple, l'un et l'autre moi.

Mes parents m'ont demandé de rendre des comptes aux morts ; voilà ma peine, je suis l'Antigone beur et masculin du monde moderne, mes morts réclament une sépulture et j'ai le devoir, sous peine de errer jusqu'à la nuit des temps, de leur en trouver une qui puisse enfin donner le repos à tous.

J'erre encore et j'entends la voix de mon père enterré en terre occitane me supplier de lui rendre l'orgueil perdu. J'ai planté partout des figuiers dans mon jardin comme autant de plaques commémoratives rendant justice non aux morts pour la patrie mais à ces morts qui n'ont pas su qu'ils ont été un jour vivants.

J'ai depuis hérité du peuple palestinien puisque l'Algérie n'a plus la flamme promise. Faut-il donc un maître pour avoir l'esclave ? Faut-il un esclave pour avoir un héros ? Un héros pour soulever le peuple ? Que d'impasses. Moi qui n'ai jamais eu froid, faim ou peur suis-je exclu des flamboyances qui font les lendemains à chanter ? Sans souffrance essentielle, quel héros puis-je être ?


Je n'ai de cette guerre d'Algérie que l'image sublimée de la « bataille d Alger », du livre La Question et de quelques autres œuvres anonymes. J'ai un résumé de bric et de broc, une synthèse de médias occidentaux doublée de la propagande algérienne. Dans l'une comme dans l'autre, pas de rires, pas de matchs de foot mêlant les uns aux autres comme une anticipation de la victoire de 98. Pas de flirts enlaçant la blonde et le brun, rien qui s'oppose à tous et aux certitudes. Pas l'opportunité d'un élu métis. Ici on est traître ou héros. Je voulais des hommes, je voulais dans le bain de sang quelque chose de dérisoire qui rappelle à l'égalité des cruautés et à celle du chemin qu'on eût pu parcourir ensemble.

On nous demande de choisir. Ou le maître et la possibilité de le vaincre ou l'esclave et la certitude éternelle d'être plaint.

J'ai connu moi la Marche pour l'égalité, et c'est à cette époque que j'ai pris connaissance de celle de 1961, funèbre celle-là, sans images et sans paroles pour l'indépendance d un pays, une marche où la mort de centaines d'hommes a ouvert la voie de la libération d'un peuple hagard. Ma marche à moi fut bon enfant, elle réclamait l'égalité des droits mais c'était des droits existants, légiférés, frappés du sceau du Journal officiel ; ils n'avaient simplement pas de réalité pour nous. Nous réclamions des choses acquises dans l'esprit et dans la loi, il a manqué l'application. On l'a appelé « la Marche des Beurs » mais nous étions français, maldonne. On se réclamait de la France, on s'appelait « arabes » à l'envers. Ceux de 61 étaient français aussi, des Français d'administration, mais en réalité des poux, des ratons, des indigènes, des maillons, des bicots, des gris.

Si nous avons aimé enfants être français, les Français ont oublié que ces hurluberlus-là, nos pères, ne l'étaient ni dans le droit ni dans le cœur, ni dans l'âme et jusqu'au bout d'une queue siglée d'islam. Dans les années quatre-vingt, nous étions d'une marche légère et c'est peut-être pour ça qu'elle fut vaine qu'elle nous a conduit nulle part. Les générations d'aujourd hui se moquent ; elles n'ont pas tort :

- Vous auriez dû tout brûler plutôt que de chanter « Douce France », peut-être aurions nous hérité d'un peu plus de respect.

Ils ont pas tort. On oublie que le respect ne s'acquiert pas à la chansonnette vagabonde, le respect réclame ses hectolitres d'hémoglobine. Quatre générations après, même érudits, on reste de la secte semoule, on a du bougnoulat pour deux éternités. On nous poli à la règle grammaticale, à l'allégeance soft, à la beauté plastique, au podium maculé, tricolores à la joue, on nous aime vaillants, infanterie légère, on nous aime comique, on nous aime Khaled, on nous aime Zizou, on nous aime Dati, on nous aime Amara, traîtres dithyrambiques. On nous aime évacués de colère, vidés d'islam, pâles et cordiaux. On nous aime en individus, l'Arabe fomente de la tribu. Nous les zigotos aux deux qualificatifs, français musulmans, français d'Algérie, d'ailleurs, d'Afrique, de là-bas, on perd au change.

Là-bas... c'est quoi cet adverbe d'un lieu qui nous est inconnu ? On nous dit «t'es d'où? ». Le dit-on aux « Français» ? nous on se dit français, les Français confirment-ils de la sorte leur appartenance nationale à tout va ? Que de questions. Que d'adjectifs, que d'épithètes pour étouffer le malaise. La France a le mot, on a le mal. Nous, isolés, on est séparatistes, groupés, on est communautaires, souriants on est provocateurs et, grimaçants, plaintifs...

On nous déteste subversifs, doutant de l'intangible idée républicaine. Hier, on acquiesçait, aujourd'hui, revenus des mythes fondateurs, on craint. Oui, aujourd hui on doute du bon roi Dagobert, d'Henry IV et de sa poule au pot, et de Saint Louis rendant justice au pied de son chêne. Désormais on doute de la sympathie gauloise, de la conviction universaliste, on doute même de Camus. Où sont les Algériens dans L'Étranger ? Nulle part ! que des ombres hostiles et factices, dommage !

On se met même à croire qu'il y aurait des races au-dessous des autres dont on composerait, nous, la funeste légion. On doute. Nous naissons inégaux à l'adresse, au nom de famille, à la couleur de peau, il faut que la République admette cela, inégaux par la règle économique, culturelle, sociale. Quiconque est noir de peau vous le dira : le vertueux se juge au degré d'application de son idée. Ça en donne des raisons de marcher !

Marcher hier, marcher aujourd'hui. Hier, pour une Algérie d'aujourd'hui exsangue et anachronique, aujourd'hui, pour une France finalement anachronique et exsangue à son tour, une France défaite de ses deux siècles patrimoniaux. Deux pays, deux jeunesses moribondes et malgré tout dansantes. Elles restent au lit le plus souvent et elles ne veulent plus de marches sacrificielles, plus de sigles fédérateurs, plus de cris de ralliement, plus de slogans au nom de la patrie. On ne l'y prendra plus à marcher dans les rues, tête bêche et mains nues, elle éclatera ça et là par petits groupes uniformes et diffus, sûrs de n appartenir à personne.

On avait, « nous » de France, un consulat, une Amicale des Algériens en Europe censée nous réintégrer dans le giron nationaliste mais oualou. Tout ce que je retiens de l'Amicale c'est les cours d'arabe qui nous ont été imposés le mercredi après-midi et le samedi. Au presbytère, près de l'église, on nous lâchait entre les mains d'un bourreau libanais qui nous initiait aux rudiments du Coran. Parfois, il disparaissait pour laisser place à un Syrien rigide et non francophone, une autre fois à un Egyptien aux rides verticales qui laissa libre cours à tout le mépris du monde d'avoir à faire la leçon à ces drôles d'Arabes que nous étions, des Arabes à l'accent toulousain et sans la moindre ferveur arabisante. Nous parlions l'algérien des rues, cette forfaiture invraisemblable qui ne disait pas son nom. Cet arabe de seconde zone, méprisé par le vaste monde arabe et le restant occidental. Nous étions vécus comme tels, un soubassement linguistique qui faisait la honte de l'Orient et le mépris de l'Occident. Pour un Arabe du Moyen-Orient, le Maghrébin est une classe dégénérée de l'aventure musulmane qui, dit-on, s'acheva à Poitiers.

J'ai vécu dans ce cloaque hermétique qui ne voulait rien du futur et s échinait à remblayer les fosses à souvenirs. Toutes ces familles, tous ces parents autour de moi vivaient à l'extérieur de la mémoire, à la périphérie du souffle, dans des strates gazeuses qui garantissaient une éternité immobile.

A dix-huit ans, j'en croyais pas mes yeux. Tant de morts, tant de sacrifiés, qu'ils fussent d'un bord ou de l'autre. Des générations entières, enterrées sous la botte du savoir colonial, et pas un mot dans ma cité ne s'articulait, si ce n'est un vague mépris long et terne envers ce qu'on appelle « les Français ». Du mépris permanent, sans armes et sans idée de renverser les vapeurs. Dans mon putain de quartier, pas âme qui soit syndiquée, rebelle, guévariste, que du vent ! de la poudre de perlimpinpin. Partout des maçons sans langues, sans érudition, rieurs pourtant et casseurs de gencives mais rien qui me fit porter le drapeau rouge. Des maçons, des manœuvres, des maçons, des manœuvres aspirateurs à gauloises et « déboiteurs » de capsules Valstar. Ça claquait du domino, l'œil goguenard et la main ferme, bavards comme à la table de Raimu, sans l'esquisse d'un souvenir de guerre.

Les héros de ma guerre d'Algérie sont donc tous morts ? La France aurait-elle commis le génocide parfait en ne laissant la vie sauve qu'aux manœuvres, aux désœuvrés, aux cabestrons ?

Je trempe dans ma honte comme une chemise sous le poids des eaux, accrochée à deux pinces à linge. C'est quoi tous ces exilés qu'on appelle pères ? Qu'on a pris pour des héros sous prétexte de l'identité algérienne et portant l'orgueil d'un massacre hors du commun. C'est quoi ces héros de pacotille passés entre les mailles du filet ? Tous ces maçons seraient donc des traîtres, des incapables ? Qui avons nous donc vénéré sous prétexte qu‘ils ont été géniteurs à foison. Car oui, dans les cités, nous vénérons ces pères, qui n'ont bien souvent été que des pères, ouvriers certes mais cela suffit-il au portage des nues. Bordel ! on ne demandait qu'à être des fils.

Octobre 61 me pèse, il me manque le témoin, l'oncle blessé, le cousin noyé, même le cousin du cousin m'aurait consolé de s'être proprement fait lyncher, fait lyncher par des CRS bouffeurs de fellagas, des barbouzes à la solde de l'OAS, armée des ombres de la guerre de trop. Pas un lien de sang bon sang ! avec cette marche de tous les courages, pas âme qui vive de près ou de loin pour conter la terrible nuit. Me la conter dans le détail.

Allez raconte cousin ! comment as-tu été mobilisé ? as-tu juré le sacrifice au nom de la patrie ? as-tu été contraint sous peine d'y laisser quelques parties intimes enfoncées dans la gorge ? Ou bien as-tu simplement suivi le mouvement de la foule. As-tu fait partie d'un mouvement de résistance ? allez ! entre Kabyles, dis m'en un peu que je construise mon puzzle à ma façon, marre des rapports minimisés de l'Etat français et marre des harangues dithyrambiques du peuple soulevé au nom des droits de l'homme. Etiez-vous morts de peur devant l'interdiction formelle de manifester de l'État français ? La mort s'est elle répandue le long du corps comme une huile malfaisante ? Y en a-t-il qui ont refusé obstinément d'aller mourir les deux mains dans les poches, sans armes, sans drapeaux ni slogans ?

Bordel, mourir en se taisant parce que la cause. La cause, cette chose de riches, qui vous cueille au pied du lit pour un peu que vous soyez fils du pauvre, pour un peu qu'elle s'empare de lui et il est mort.

J'aurai voulu moi que l'on secoue mon sang, comme un vinaigre dans la fiole, pour que tout le goût de l'âcre nappe l'aliment.

Mais voilà, je n'ai l'honneur d'être que fils d'un innocent en colère. Pas un coupable dans la famille pour avoir déposé sa bombinette à l'entrée du commissariat, peut être pas un lâche mais pas de sacrifié conscient de son acte, luttant contre la barbarie du colonisateur. Que des damnés sans cause, juste portant la bouche à l'aliment car il est une lutte commune à tous les pauvres de tous les bords, celle de pas mourir de faim. Noble cause ? qui sait ? Se dire qu'on est vivants car dieu ordonne qu'on meure mais aussi qu'on vive, faut bien qu'un paradis soit habité, qu'il ait ses couches sociales, ses luttes de classes, ses icônes, ses traîtres admissibles.

Tous pour dieu et dieu pour chacun, alors, les prières se font isolées, on aime dieu dans sa cachette, à sa façon, on le sollicite en privé pour les petites affaires de famille, on prie dieu pour un bras infecté, une parcelle de terre aride, un ventre pas fécond ou la mort du voisin, on le prie pour le train-train du quotidien. Combien de fois ai-je entendu mon père prier en arabe et, à la fin, s'enquérir en kabyle de ces petites sollicitations honteuses ? A t-il prié les victimes d'octobre 61 ?

Chez moi, que des innocents malgré eux, innocents pardonnables de ne pas avoir su qu'ils étaient des hommes, pas mêmes convaincus d'une appartenance relative au genre humain, au prolétariat international.

Pas facile pour moi de regarder mon père en l'interrogeant de mes yeux. « Papa pourquoi t'es pas un héros ? ». Il m aurait répondu : « c'est quoi un héros mon fils ? »

- Quelqu'un qui se sacrifie pour les autres.

- Pourquoi ? Quelqu'un s'est il sacrifié pour moi ? Qu'est ce que j'ai obtenu dans cette vie qui mérite que je m'incline ? Hein ? Y a-t-il une personne à qui je dois quelque chose ? C'est alors que ce quelque chose est bien maigre fils.

- Et l'honneur papa ?

- L'honneur de quoi ?

- Ben... de mourir

- Mourir et laisser ma pauvre mère, mes frères et sœurs infectées par mille maladies, j'ai vécu pour eux, pour eux bien plus que pour toi. Je n'ai vécu qu'à la surface de la misère, jamais je n'ai marché sur autre chose que des orties fils, jamais je n'ai ouvert les yeux sans l'envie de les refermer pour ne pas voir cette route qui ne m'a mené nulle part.

Quant à moi qu'ai-je retenu ? Longtemps j'ai cru qu'un Algérien était d'abord un fils de héros, si ce n'est un héros lui-même.

La guerre d'Algérie, bataille centrale de tous les opprimés de la terre, a vécu. Lutte essentielle devenue synthèse de tous les martyrs, résistance exemplaire pour ses frères arabes. Terre d'accueil des minorités basque, irlandaise, fer de lance des non alignés... et quoi pour ses propres enfants ?

Quant aux Français, ces ennemis d'hier, ces frères d'aujourd hui, ils ont déchiré le fil qui cousait mes paupières. C'est eux qui m'ont les premiers parlé du crime anonyme de la police française, son plus grand crime après Vichy. Des Français, oui. Ils ont eu ce courage ou cette lucidité. Ils m'ont appris ma propre histoire dans cette conviction qu'il valait mieux appartenir à l'opprimé, aussi musulman soit-il, qu'à sa propre famille si elle oppressait son prochain.

C'est par les Français que j'ai réappris à être algérien.

Enfant, je le redis j'étais gaulois et je ne détestais pas avoir des Gaulois comme ancêtres. On oublie trop souvent que nous, enfants de cette deuxième génération, natifs hexagonaux à l'accent garonnais, on a pas détesté être raccroché à des branches aussi capétiennes soient-elles. Nous regardions ces livres d'histoires aux dessins naïfs et confondions allègrement l'Astérix et le Gaulois dans un entrain surréaliste. Ces Gaulois aux longues couettes souriaient et chantaient autour d'un feu en descendant la barbaque porcine. C'était chouette, cet air de vacances.

Notre ennemi c'était le Romain et on prenait fait et cause pour Vercingétorix ou Charlemagne, rois nobles et courageux. On a aimé enfants être les descendants de gens aussi sympathiques. Oui, on a aimé se raccrocher à un arbre généalogique, quel qu'il soit, pourvu qu'il nous raccroche à quelque ascendance, même de fortune.

Moi, qu'ai-je comme date à me mettre sous la dent ?

Que sais-je des miens ? Pas de mon peuple, de ma famille là-bas... rien. Des bergers voleurs et ignorants, des bergers mélancoliques et maigres, des bergers amers, rugueux et sans lendemains, des pauvres ayant vécu sans l'espoir de voir un lendemain briller, sans l'idée qu'on puisse être autre chose qu'une bête de somme.

Les Français m'ont fait algérien par vocation humaniste, partageuse, internationaliste, mais plus encore ils m'ont donné ma part de francité en m'ayant appris à lire, à comprendre et donc à détester tous les impérialismes et de surcroît l'impérialisme blanc. Ils m'ont fait multiple. Ils m'ont presque fait leur pire ennemi parce que j'ai de l'empathie forcenée pour le vaste monde musulman. Ils m'ont fait homme libre en me donnant la possibilité, dans ma tête, d'être blanc, athée et communiste. La possibilité aussi d'être musulman ou noir, au moins à la façon de Nougaro, pour puiser dans la nuit de l'homme un chant de désespoir impossible à ceux qui naissent dans trop d'opulence. Je chante encore à l heure où j écris ce regret de l'homme blanc, cette blessure sans espoir de guérison.

« Armstrong je ne suis pas noir

Je suis blanc de peau

Quand on veut chanter l'espoir

Quel manque de peau »

Les Français m'ont fait athée mais aujourd hui ils me veulent musulman comme on accroche une cloche au bœuf pour le distinguer du taureau. Je me suis rempli d'encre d'érudits qui n'étaient pas les miens, j'aurai aimé de ma famille quelque chose de subversif. Au lieu de ça on a fait de moi un innocent en colère."

Magyd Cherfi

Né le 4 novembre 1962 à Toulouse, Magyd Cherfi participe en 1981 à la création de l'association Vitécri pour la promotion des cultures de banlieues. Auteur de scénarios de courts métrages, de nouvelles, de chansons. Il est en 1989, un des principaux initiateurs du groupe Zebda dont il est l'auteur des textes. De 1992 à 2001, le groupe toulousain enchaînera quatre albums. C'est aussi en 2001 que Magyd Cherfi participe à l'aventure politique et musicale des Motivés. Par ailleurs, il collabore à de nombreuses écritures notamment de Idir, Geoffroy Oryéma, Mathieu Chédid, La Tordue... Il est parfois chroniqueur à l'Humanité, au Nouvel Observateur, au Monde, à la Dépêche du Midi... En 2004 parait son premier album persoCité des étoiles, ainsi que son premier livre Livret de famille(Actes Sud). En 2007, c'est le deuxième album solo Pas en vivant avec son chien, et son deuxième livre La trempe, (Prix BEUR FM Méditerranée, 2008, Actes Sud).

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