jeudi 13 octobre 2011

une mise en danger coupable


Des situations liées à la crise économique qui frappe d’abord les plus pauvres

8,2 millions de pauvres en France

L’Insee a publié en août 2011 les chiffres de la pauvreté et a recensé en 2009 en France 8,2 millions de pauvres soit 13,5 % de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de 954 euros mensuels). Un taux de pauvreté qui connaît une hausse d’environ 4 % entre 2008 et 2009. En 2010, 23,3 % des actifs au chômage avaient entre 15 et 24 ans.

4 millions de personnes n’ont pas de complémentaire santé ou renoncent aux soins faute de complémentaire santé. Selon l’enquête « santé protection sociale 2008 », 30 % des personnes non protégées par une complémentaire santé ont renoncé aux soins.

Dont les patients MdM

La quasi-totalité (98 %) des patients de MdM vit sous le seuil de pauvreté. Un peu moins de 30 % des patients reçus indiquent exercer une activité pour gagner leur vie, et 83 % ne disposent
d’aucune ressource officielle. Les types d’activité les plus fréquemment cités sont le bâtiment, les marchés, la ferraille, le ménage ou la mendicité. 85 % des patients n’ont aucune couverture maladie lorsqu’ils sont reçus dans les centres de soins.

La conséquence des politiques sécurité et immigration

La politique migratoire vise désormais ouvertement à dissuader les personnes précaires, les roms, les personnes en situation irrégulière de rester sur le territoire français. Quitte à mettre en danger leur vie, quitte à stigmatiser davantage certains groupes, et cela au plus grand mépris des enjeux de santé publique et des droits humains fondamentaux.

Des expulsions répétées nuisibles pour la santé

En 2011, les expulsions massives de familles roms, rendues plus visibles après le discours du président de la République à Grenoble en juillet 2010, se sont poursuivies, avec une peur exacerbée pour cette population, alimentée par des intimidations répétées et des procédures de renvoi vers les pays d’origine. Ces expulsions ont conduit à des ruptures de traitement pour des patients atteints de maladies chroniques telle que la tuberculose, ainsi qu’à l’interruption de campagnes de vaccinations contre la rougeole destinées aux enfants, alors que l’épidémie est de retour en France et en Europe.

Un harcèlement qui entrave le travail des humanitaires

De la même manière, le harcèlement et les renvois de migrants se sont intensifiées, notamment à Mayotte, mais aussi à Calais et Dunkerque. Dans cette zone du nord littoral, les forces de police n’hésitent pas à entraver l’intervention des acteurs humanitaires et sociaux, elles procèdent à des arrestations à proximité des lieux de consultation et de distribution de vivres, et détruisent le matériel de première nécessité délivré par les associations pour se protéger des intempéries et du froid. à Marseille, à Saint-Denis et à Bordeaux, des campagnes de vaccination ont été interrompues en pleine période épidémique.

Le démantèlement des droits protecteurs

Pour restreindre davantage l’accès aux soins des populations sans-papiers, l’aide médicale de l’État (AME) a été remise en question dans le cadre de la loi de finances 2011.
L’augmentation des coûts de l’AME (200 000 personnes concernées) mise – à tort* – sur le compte d’abus des bénéficiaires par des parlementaires de la majorité et le gouvernement a servi de prétexte pour faire voter des modifications rendant ce dispositif quasi inacessible pour une partie de la population : droit d’entrée de 30 euros, entente préalable des caisses primaires d’assurance-maladie pour les soins hospitaliers jugés coûteux et réduction du panier de soins.
De même, le droit au séjour des étrangers malades résidant en France (Dasem - qui ne concerne que 28 000 personnes) a aussi été démantelé par la loi immigration, intégration et nationalité promulguée en juin 2011 Les étrangers malades pourront désormais être renvoyés dans leur pays d’origine, dès lors que le « traitement y est présent », sans forcément être effectivement accessible. Peu importe que le traitement soit en quantité suffisante, qu’il soit hors de prix ou qu’aucun suivi médical ne soit possible.

La crise de l’hébergement d’urgence

133 000 personnes vivent actuellement dans la rue, dans des abris de fortune ou dans des hôtels pour quelques nuits. Parmi elles, de plus en plus de familles et de jeunes. Alors que la crise économique et la précarité s’accroissent, que les centres d’accueil des demandeurs d’asile sont saturés, le budget de l’État consacré à l’hébergement d’urgence va tout juste être maintenu. Ceci malgré l’absence quasi totale de création de logements pérennes et adaptés aux besoins des personnes, notamment malades. Seuls 400 logements sont prévus pour les peronnes en sortie de rue, dans 4 villes de France.



Au moment où le débat sur le système de santé solidaire s’invite dans la campagne 2012, les données publiées par Médecins du Monde apportent un éclairage particulier sur l’accès aux soins des plus précaires.Pénalisés par la crise économique, exclus du soin par de nouvelles lois qui en limitent l’accès, les conditions de vie de ces personnes vulnérables sont aggravées par une politique systématique de harcèlement et de stigmatisation qui entraine expulsions sans relogement, rupture de soins, arrêt de la prise en charge, non suivi des vaccinations…Il est régulièrement invoqué pour soutenir cette politique restrictive des raisons financières. Pourtant, les évaluations menées et rendues publiques fin 2010 (IGAS/ IGF) ont souligné qu’il n’y avait ni fraude, ni abus dans l’accès aux soins des plus vulnérables. Et que le coût d’une prise en charge tardive est bien plus lourd que le travail de prévention. Encore faut-il que celui-ci soit rendu possible et non entravé par les pouvoirs publics comme ces derniers mois. Ce bilan annuel le montre, il ne s’agit pas d’« assistés », mais bien de personnes en situation de survie.Précaires, ces personnes subissent les conséquences d’un double choix politique déterminant : le démantèlement du système de santé solidaire d’une part, l’impact sur la santé des politiques sécuritaires d’autre part.Les candidats aux présidentielles auront à se prononcer sur ces choix qui ont directement à voir avec la manière de vivre - et de se soigner - ensemble qu’ils proposent aux français pour les années à venir. Leur indifférence pourrait aggraver le risque d’une crise humanitaire aux portes du système de santé français.

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