jeudi 11 août 2011

Gérald Bloncourt



Gérald Bloncourt naît le 4 novembre 1926 à Bainet (Haïti), d'une mère française et d'un père guadeloupéen qui s'occupe d'une plantation de café. En 1927, la famille s'installe à Jacmel, puis, à la suite d'un cyclone qui fait des dégâts dans la région du Sud-Est, elle déménage pour Port-au-Prince, en 1936. Gérald Bloncourt y fait la connaissance des amis et futurs compagnons de révolution, dont Jacques-Stephen Alexis, Georges Beaufils, René Depestre et Gérard Chenet qui venaient régulièrement chez lui.Chez les Bloncourt, dans le salon que tient sa mère, Gérald fait la connaissance de Dewitt Peters, qui, fasciné par la peinture haïtienne de gens ordinaires, sans formation, va fonder le Centre d'Art haïtien. 


Ayant quitté l'école pour apprendre le métier de linotypiste et se rapprocher ainsi des travailleurs, et rêvant toujours d'être peintre, Gérald Bloncourt participe à la création du Centre en 1944. Il joue un rôle actif dans ce foyer de travail où viennent s'inscrire les peintres haïtiens du « merveilleux ». Les premiers grands « naïfs » exposent au Centre ; la richesse de cette œuvre étonne certains critiques, dont André Malraux.

Les activités d'artiste du jeune Bloncourt le disputent à celles liées à ses engagements révolutionnaires alors qu'il milite aux côtés de Jacques-Stephen Alexis. Ce sont deux des principaux leaders de la révolution haïtienne de 1946, connue sous le nom des « Cinq Glorieuses ». Révolte d'étudiants et de jeunes intellectuels, le mouvement se répand dans la population de Port-au-Prince et des environs et aboutit au départ du Président Elie Lescot. Tandis que plusieurs de ses camarades sont arrêtés et éventuellement relâchés par l'armée qui a pris le pouvoir, Bloncourt, lui, est arrêté et expulsé immédiatement d'abord vers la Martinique puis vers la France.

À Paris, le peintre installe son tabouret sur les berges de la Seine et vend ses aquarelles à une galerie de Saint-Germain. Il travaille à son art aux ateliers de la Grande Chaumière et du 80 Montparnasse et prépare le professorat de dessin de la Ville de Paris.

Parallèlement, il se fait une réputation de reporter-photographe dans les milieux de la presse parisienne. L'impossibilité, dit-il, de plier son trait de peintre aux exigences du réalisme socialiste (comme lui dictent ses convictions politiques), il s'oriente vers un autre art de l'image, la photographie. Pour lui, c'est un « renoncement, mais aussi une formidable occasion d'aiguiser le regard, d'engranger des milliers de visages, de foules, de femmes, d'ombres et de lumières ». Il poursuit cette carrière de photographe dès 1949 au journal L'Humanité et à L'Avant-Garde puis en 1958 devient reporter indépendant jusqu'en 1986, date à laquelle il retourne en Haïti à la chute de Duvalier. Toujours actif depuis sa résidence à Paris, il pratique ce métier durant plus d'un demi-siècle.


Gérald Bloncourt collabore à de nombreuses publications, dont CFDT-Magazine, Le Nouvel Économiste, Le Nouvel Observateur, Options, Le Peuple, Regard,Syndicalisme hebdo, Témoignage Chrétien, La Vie Catholique et La Vie Ouvrière de la C.G.T.

En 1963, il est créateur des « Éditions Murales » (livres muraux itinérants) et d'autres expositions de 1963 à 1985 à travers la France. Il donne des conférences dans près de cinq cents centres, associations culturelles ou comités d'entreprises sur le langage et l'écriture photographique.

La période dictatoriale que traverse Haïti le préoccupe. Depuis Paris, il s'insurge contre la dictature des Duvalier ; les prises de position du militant ont du poids. Par la suite, en 1987, Gérald Bloncourt est fondateur et secrétaire-général du Comité pour la Défense des droits de l'Homme et de la démocratie en Haïti, co-présidé par Jean-Pierre Faye (Président de l'Université Philosophique Européenne), Guy de Bosschère (Président de l'Union des Écrivains de France et de la Féderation Internationale des Écrivains de Langue Française) et Jean Métellus (linguiste, écrivain et neurologue).


Le reporter-photographe militant continue toujours à graver et à peindre. Dans la tête du peintre, « les formes s'épurent, naît l'euphorie des couleurs ». En Haïti, Gérald Bloncourt expose ses gravures et ses tableaux à la Galerie Jean-René Jérôme. Aux États-Unis, il expose à Miami et à l'Université de la Nouvelle-Orléans. Ses œuvres figurent au Musée National d'Art Haïtien et dans de nombreuses collections internationales. En juin 1994, pour l'ensemble de son œuvre, le peintre obtient le premier prix au deuxième Salon d'Art Contemporain de Le Mée. Il est actuellement artiste-permanent à la Galerie Antoinette Jean à Paris.

En 1986, l'année de son premier retour en Haïti après la chute de « Baby Doc », Bloncourt publie chez Nathan La Peinture haïtienne, en collaboration avec Marie-José Nadal-Gardère. Avec des notices biographiques, le livre compose un fond d'informations incontournable sur l'art haïtien. Spécialiste, Gérald Bloncourt donne de nombreuses conférences sur la peinture haïtienne, notamment en France (à l'Unesco) et aux États-Unis (à l'université de la Nouvelle-Orléans).



En 1986, il est Président du Comité des Livres pour Haïti qui récolte plus d'un million de livres pour le pays. Depuis lors, Gérald Bloncourt a effectué une dizaine de voyages au pays natal.

Présent sur l'internet dès ses débuts graphiques, le site web de Gérald Bloncourt présente des clichés du photographe, certaines de ses œuvres peintes, des témoignages sur les événements de janvier 1946 en Haïti, sur la dictature des Duvalier et sur le bicentenaire de la révolution haïtienne. Bloncourt s'explique dans Le Regard engagé, « L'Internet me permet de faire ce que j'ai toujours fait : diffuser moi-même mes images, mais désormais sans sortir de chez moi, et les découvrir publiées. Elles sont aujourd'hui plus souvent couvertures de livres, illustrations de livres d'histoire que photos de presse ».

Le photographe procède au classement numérique complet de ses archives (200.000 clichés) qui représentent un demi-siècle de mémoire photographique. L'appareil photo, numérique depuis 2002, offre des joies nouvelles et retrouvées : « Entre la prise de vue et son développement à l'écran de mon ordinateur, il n'existe même plus de chambre noire, j'ai perdu l'odeur de l'hyposulfite de soude : la révélation de la lumière est immédiate. Je retrouve la même jubilation et le même émerveillement devant ces fractions de vie que j'ai captées » (Le Regard engagé).

Parmi ses publications récentes, notons Les Prolos, un livre-album de 140 photographies de Gérald Bloncourt, accompagné par des textes de Mehdi Lallaoui. La même année aux éditions Bourin à Paris, Gérald Bloncourt est l'auteur d'un récit traçant le parcours du militant-photographe, Le regard engagé, parcours d'un franc-tireur de l'image. En 2006, il signe, avec Michael Löwy, Messagers de la tempête; André Breton et la Révolution de janvier 1946 en Haïti, publié aux Éditions Le Temps des Cerises.

Peintre, poète, photographe, écrivain, Gérald Bloncourt poursuit sa création qu'il qualifie lui-même de « créneaux ».

Thomas C. Spear et Joëlle Vitiello




peuples de gauche

















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Duvalier en Haïti ! Par Gérald Bloncourt

« C'est un nouveau et véritable scandale qui prouve une fois de plus la complicité des autorités françaises avec ces êtres qu'elles ont toujours tentés de manipuler pour ses propres intérêts. Des intérêts qui, soyons clairs, ne sont pas ceux du peuple français mais ceux de l'oligarchie qui détient le pouvoir.

J'espère que les intellectuels haïtiens, nombreux à avoir pris l'exil, réagiront et exigeront que justice soit rendue. Duvalier (Bébé Doc) a été partie prenante de cette dictature qui a mis à mal notre pays. Plus de soixante mille morts dans les geôles et je ne comptabilise pas les milliers de "boat peoples" disparus en tentant de rejoindre les plages paradisiaques de Miami. Des centaines de millions de dollars détournés vers ses coffres, en Suisse notamment. Des assassinats, des tortures, des emprisonnements de toutes sortes ont marqué le règne despotique des Duvalier père et fils.

Notre pays, je le redis, a été mis a mal par ses forbans et subit, encore aujourd'hui, les conséquences de ces exactions impardonnables.
Nous accusons également ceux qui ont contribué à les maintenir au pouvoir et qui , comme la France, ont formé à Melun les officiers des "Tonton-Macoutes" qui se sont livrés aux pires formes de terreur une fois rentrés en Haïti. J'appelle toutes celles et ceux qui partagent ce que je viens de dire à se dresser pour dénoncer ce retour du dictateur, nouvelle atteinte aux "Droits de l'Homme", nouveau et colossal mépris envers le peuple haïtien. Nous réclamons que l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier qui a vécu paisiblement en France durant 25 années, sans papier et à l'abri des tracasseries imposées continuellement aux autres immigrés haïtiens, soit enfin traduit en justice et réponde des crimes qui ont été commis sous son règne et sous celui de son père auquel il a succédé en toute connaissance de cause.

Les services français de surveillance du Territoire National étaient certainement au courant de ce voyage et leurs responsables à l'échelon national et politique ont vraisemblablement fermé les yeux. Dès 1986 j'avais constitué le "Comité pour juger Duvalier" mais nous avons été débouté de nos plaintes par la justice française, qui a trouvé de nombreux prétextes pour éviter le procès.

Les dirigeants de la France ne veulent pas que ce criminel soit mené devant un tribunal. Cela risquerait de mettre enlumière la responsabilité d'un certain nombre de personnalités qui l'ont aidé lorsqu'il était au pouvoir et qui on contribué à le mettre à l'abri des poursuites judiciaires que nous avions entamées.

Il est utile de rappeler parmi les nombreuses raisons qui justifient nos accusations ce que viennent de déclarer le 17 Janvier 2011 à Port-au-Prince et à Boston, l'Institute for Justice Democracy in Haiti (IJDH) et le Bureau des Avocats Internationaux (BAI) demandant au gouvernement de la République d'Haïti de se conformer à la loi haïtienne en procédant immédiatement à l'arrestation de l'ex président Jean-Claude Duvalier, qui est rentré en Haïti le 16 Janvier 2011 par un vol commercial d'Air France.
*BAI et IJDH reconnaissent le droit constitutionnel de tous les Haïtiens de retourner au pays, mais ils prennent acte de la documentation juridique étendue de la criminalité de M. Duvalier, y compris : http://ijdh.org/archives/16740

· Un arrêt de 3 Juillet 2009 de la Première Cour de droit public de la Cour fédérale de la Suisse, qui note que le gouvernement haïtien l'avait informé d'une procédure pénale en cours contre M. Duvalier depuis Juin 2008.

· Un arrêt du tribunal fédéral du district sud de Floride dans le dossier de Jean-Juste c. Duvalier, n ° 86-0459, en date du 8 Janvier 1988, qui a prononcé une condamnation civile contre M. Duvalier pour plus de $ 500 000 000 (U.S.) pour son détournement de fonds publics à des fins personnels, et

· Un compte rendu comptable de détournements M. Duvalier de fonds publics mené pour le gouvernement haïtien par un cabinet de comptables des États-Unis entre 1986 et 1990, établissant le vol de plus de $ 300 000 000 U.S. de fonds publics.

Cette documentation juridique est complétée par un volumineux dossier public des violations des droits humains de M. Duvalier, y compris les tortures et les disparitions d'opposants politiques de la prison de Fort-Dimanche, et les crimes commis par les milices sous le contrôle de M. Duvalier, y compris les Forces Armées d'Haiti et les Volontaires pour la Sécurité Nationale (Tonton Macoutes).

Les crimes de M. Duvalier ne sont pas prescrits. D'après l'article 466, du Code d'Instruction Criminelle de la République d'Haïti, les poursuites pour détournement de fonds ne sont pas prescrites à cause des actes d'instruction et de poursuite qui ont été enclenchés de 1986 à 2008. Les assassinats et tortures politiques ne sont pas prescrits, car ils sont des crimes contre l'humanité, qui sont imprescriptibles selon le droit international.

Le BAI et IJDH croient que s' il n'y a pas de mandats d'arrêt contre M. Duvalier, que les informations disponibles dans les procédures judiciaires existantes et la fuite de M. Duvalier depuis 25 ans de la justice haïtienne justifient clairement la délivrance immédiate et l'exécution d'un mandat d'arrêt. Le BAI et IJDH offrent leur assistance légale et juridique, y compris leur documentation extensive de crimes de M. Duvalier, aux autorités haïtiennes si elles veulent le poursuivre réellement.

BAI et IJDH rappellent à tout le monde que les crimes commis sous le règne de la dictature des DUVALIERS sont imprescriptibles, parce que ce sont des crimes contre l'humanité. Par conséquent, ils encouragent toutes les victimes des DUVALIERS à porter plainte. Les avocats du BAI et IJDH sont disponibles pour les assister aider et les accompagner par devant les Tribunaux et Cours tant nationaux qu'internationaux.

Nous apprenons que Jean Claude Duvalier a été arrêté par les autorités haïtiennes et sera entendu par un procureur.

Notre Comité réclame qu'on tienne compte de ces plaintes et qu'il soit donné bonne suite à ces accusations.

Nous appelons tous les démocrates, de quelques pays qu'ils soient, à se joindre à nous pour qu'enfin justice soit rendue. »

Gérald Bloncourt
Président du « Comité pour juger Duvalier »

17 Janvier 2011 


Le blog de Gérald Bloncourt : http://bloncourt.over-blog.net/
Duvalier en Haïti ! Par Gérald Bloncourt




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