mercredi 10 août 2011

Salut Charlie ! Ceux qui vivent sont ceux qui luttent !



Charlie Bauer a cassé sa pipe dimanche dernier. Fait chier. Un petit docu, « Charlie Bauer, Marathonien de l’Espoir » lui avait été consacré il y a quelques années, l’occasion de revenir sur son parcours entre banditisme et révolution.

Communiste, anar­chiste, adepte de la gué­rilla, com­pa­gnon de Jacques Mesrine, bra­queur et tra­fi­quant recher­ché par toutes les poli­ces, puis prof de phi­lo­so­phie… Charlie Bauer était un per­son­nage hors du commun. La légende du ban­di­tisme comme de la « révo­lu­tion » s’est éteinte diman­che soir. Celui qui avait passé 25 ans de sa vie en déten­tion, dont 9 dans les quar­tiers de haute sécu­rité (QHS), est décédé dans sa maison de Montargis, dans le Loiret. Charlie Bauer est mort d’une crise car­dia­que. Il venait d’être grand-père. Il sera inci­néré ven­dredi. Il avait 68 ans.

Né en 1943, Charlie Bauer est d’ascen­dance rebelle. Fils de résis­tants juifs et com­mu­nis­tes, il passe par les Jeunesses du Parti, dont il « scis­sionne », selon son mot, « pour mener des actions délin­quan­tes cri­mi­nel­les, des actions de guerre sociale » en 1957. Déserteur, Bauer s’était engagé à 15 ans aux côtés du Front de libé­ra­tion natio­nale (FLN) : « On volait des armes, on détour­nait des conte­neurs sur les plates-formes à Marseille et on les remet­tait au FLN », expli­quait-il dans un entre­tien accordé à un jour­nal en sep­tem­bre der­nier. Dans son quar­tier natal de l’Estaque, dans le Nord de Marseille, Bauer dis­tri­bue les pro­fits de ses vols et autres cam­brio­la­ges sur les docks et dans les maga­sins de vête­ments.


Arrêté en 1962, il prend une peine de 20 ans, âge qu’il n’a pas encore. Il en fera 14 avant d’être libéré, mais aura connu là-bas un enfer qui mar­quera sa vie, le QHS. « Nul ne peut ima­gi­ner ce qu’est la tor­ture à l’électricité », confiait-il. Fort en gueule, il a cons­tam­ment à faire aux matons qui, pour beau­coup, revien­nent d’Algérie. Il avale des lames de rasoir, pour tenter de s’échapper depuis l’infir­me­rie. Pris dans les égouts de la cen­trale de Clairvaux, il est, affirme-t-il, passé à tabac et quasi noyé par les gen­dar­mes. Au QHS de Lisieux, il milite pour le droit, qu’il obtient, de pou­voir étudier. Il ren­contre ainsi Renée, sa pro­fes­seure de fran­çais dont il aura une fille après sa sortie de prison en 1977.
En liberté condi­tion­nelle, Bauer est un temps proche de Pierre Goldman, avant de s’asso­cier à Jacques Mesrine. Les deux hommes mon­tent des coups, bra­quent des ban­ques. Charlie assume et reven­di­que cette vio­lence qu’il aimait. Omniprésente. « La ten­sion, les armes, le danger... », disait-il. Des coups qui le mène­ront à une nou­velle peine de dix ans de réclu­sions. Libéré en 1988, il reprend le boulot, mais cette fois armé de verbes. Licencié en phi­lo­so­phie et socio­lo­gie, titu­laire d’un doc­to­rat d’anthro­po­lo­gie sociale, le tout acquis pen­dant sa déten­tion, il devient écrivain, ensei­gnant l’his­toire du marxisme dans les uni­ver­si­tés, et donne des confé­ren­ces sur les pri­sons.
Jusqu’à la fin de sa vie, Bauer aura milité contre les condi­tions d’enfer­me­ments, notam­ment celles des QHS - « summum de l’appa­reil répres­sif de l’Etat » -, se bat­tant pour l’accès à la télé­vi­sion, à la lec­ture, à la presse. Dans son der­nier ouvrage, il écrit : « Avec 80% de réci­di­ves, les pri­sons n’assu­rent pas leur rôle de régu­la­teur social, Foucault l’a dit avant moi, la prison n’est pas seu­le­ment une pri­va­tion de liberté, c’est l’éradication de l’indi­vidu ».



Texte piqué au Réveil 
Charlie Bauer, marathonien de l’espoir

Pour mieux savoir qui était Charlie Bauer, ce film docu­men­taire / inter­view de 60 minu­tes de 2005 retrace son par­cours. Il a été réa­lisé par Martin Monge et pro­duit par Dam pro­duc­tion. Le DVD peut être com­mandé à Athélès.
          



          



           



          







http://rebellyon.info/Salut-Charlie-Ceux-qui-vivent-sont.html

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