mercredi 30 novembre 2011

Non Monsieur Hollande, Vous Ne Serez Pas Le Prochain


Et voilà. C’est reparti comme en 1995. Ou comme en 2007. Et allez savoir si ça ne finira pas comme en 2002 ; mal. Oh bien sûr, pour le moment, il ne semble pas y avoir péril en la demeure. François plane encore dans les sondages. Mais je crains que ça ne dure point. Que le soufflé retombe. Lentement. Mais sûrement. Et là : adieu Berthe. Terminus pour le PS.

Pourtant ça se présentait bien, voyez. Mais ça, c’était du temps où DSK était le champion du PS. Qu’il écrasait tout. Et la primaire. Et la présidentielle. Dans cette configuration, le député de Corrèze, il était à son aise. Dans la peau qui lui sied : celle du challenger. Il était, ce brave homme, téméraire, loser magnifique, qu’allait s’opposer au Big Boss, le grand manitou du FMI, DSK et toute sa clique. Je m’en pourléchais d’avance… Ah, me disais-je, c’est une chance ! Enfin (peut-être) nous allons y avoir droit, au socialisme. Enfin, oui, nous aurions le choix.
Hollande représentait, alors, une alternative. Une possibilité. Une île.

Oh bien sûr, je n’étais pas dupe, j’ai de la mémoire, je n’ai pas oublié que François, il a tout voté, et des deux mains, s’il vous plaît : Maastricht et tutti. Et, concernant le fameux Traité pour une Constitution Européenne, comme Jospin, comme Royal, il fut un fervent défenseur du « Oui ». Alors que Mélenchon, non... Mais, le temps passant, les alliances allant, venant, et puis aussi, la solitude, tant de paramètres, la crise notamment, la mondiale, bref, je pensais que cet homme, Hollande, avait pris la mesure. Qu’il l’avait fait, pour de vrai, cette fois, l’inventaire.

J’avoue, je me suis trompé. Et dans les grandes largeurs.

Nonobstant, qu’on ne s’y trompe pas. L’homme est brillant. Si loin de cette image que d’aucuns lui collent. Des ignorants pour la plupart. Des paresseux, il va de soi. De ceux qui gobent les images médiatiques, sans jamais en vomir. Des perroquets. Des inutiles.
Oui, je l’affirme et le maintiens, François Hollande est un homme politique de qualité. Ni Flanby. Ni transparent. Redoutable, assurément... Mais peu importe. Ce serait une perte de temps que de le démontrer par A+B. Et puis, désormais, ça ne sert plus à rien. L’affaire étant entendue. Hollande a rompu. Le socialisme, vous n’en verrez pas la queue. Rien. Zéro...
Autant le dire, c’est un gâchis. Et il est, ce gâchis, impardonnable et scandaleux.

Ce DSK, mazette ! Il nous aura bien pourri la vie. Et, si ça se trouve, c’est loin d’être fini. J'vous le dis, on n’est pas à l’abri d’une révélation bien embarrassante. Pour le PS, exclusivement. Mais n’anticipons pas. Laissons le temps, cet acide, faire son œuvre…
Toujours est-il que, tant qu’il était là, DSK, il y avait un espoir. Et cet espoir, c’était François. Car il était l’opposant. Il était l’anti-DSK déclaré... Et puis, boum, patatras, le grand argentier se fait salement serrer... Comme disent les journalistes, ces gens qu’ont tellement d’imagination qu’ils emploient toujours les mêmes mots, toujours les mêmes expressions, « les cartes sont rebattues ».
D’une certaine façon, oui. Mais pas pour le meilleur. Non : pour le pire. Car, brutalement délesté de son adversaire, François, alors, se perd. Il erre comme une âme en peine... Que dire ? Que faire ? Qui affronter, désormais, sur le terrain des idées ?... Aubry ? Laissez-moi rire !...
C’est plus une primaire, le grand beau match pour la présidentielle, non, c’est un congrès du PS qui se dessine. Une histoire de motions. Ni plus, ni moins. Il ne reste plus qu’à habiller cette affaire, la maquiller, pour que ça ne se voie pas trop, que l’illusion soit parfaite.

DSK, ou plutôt la chute de DSK, a tué Hollande. Net. C’est à partir de ce point, mai/juin 2011, que tout part en vrille. Que l’homme se rétracte. Retrouve ses mauvais réflexes de premier secrétaire. Qu’il remise par devers lui son socialisme. Non pas qu’il était flamboyant, son socialisme, faut pas pousser non plus ; le PS, on le sait, le socialisme, c’est plus sa tasse de thé depuis lurette. C’est d’ailleurs la raison essentielle, principale, de ses échecs successifs aux dernières présidentielles. Dix-sept ans que ça dure. A croire qu’ils sont aveugles et sourds. Ou pétris de trouille.

Orphelin de l’homme qu’il rêvait d’affronter, Hollande se délite. D’une certaine façon, Aubry, n’a pas eu tort, en employant cette expression, vacharde, mais qui fit mouche, celle de « gauche molle ». Certes, c’était comme qui dirait l’hôpital qui se foutait de la charité, tant, tout bien pesé, à quelques détails insignifiants près, Aubry, c’est la même crémerie, les mêmes ficelles, la même politique : c’est du fade. Et si peu de gauche.

Or donc, voilà Hollande qui nous la joue raisonnable, crédible, et surtout : prudent. Moins je me mouille, mieux ça sera. D’autant que l’industrie sondagière est avec lui... Ah, ces sondages, mais quel cancer ! On ne dira jamais assez, à quel point, ils sont les ennemis du débat politique, desidées, de la démocratie. Mais passons… Et entrons dans le vif. C’est-à-dire, à ce qui, inéluctablement, va conduire, cet homme, François Hollande, à la défaite. Une de plus.

Pour quelle(s) raison(s), dites-moi, le peuple français, accorderait, dans sa majorité, suffrages au candidat du PS ?
Si c’est pour se débarrasser de Sarkozy, c’est trop court. Je veux dire : c’est insuffisant. Et d’ailleurs, ça ne suffira pas.
Pourquoi (pour être plus clair) le peuple enverrait-il à l’Elysée un homme qui ne représente pas une alternative, mais juste : l’alternance ?
Mais le peuple s’en moque de l’alternance, Monsieur ! Lui, ce qu’il veut, c’est une autre politique.
Ce que veut le peuple, c’est une alternative, vraie, réelle. C’est un homme, une équipe, qui se lèvent, fièrement, et disent « non » ! Non à la finance et son diktat, non aux banquiers, non à ce système injuste qui nous broie, qui fait de nous des numéros, des moins que rien.
Ce que veut le peuple, c’est le changement, et en profondeur.

Nous ne voulons pas un Zapatero, un Papandréou, de ces socialistes de pacotille qui ont plié sous la loi des marchés, ont fait subir à leurs peuples des plans d’austérité, que même un Reagan, que même une Thatcher, n’auraient jamais osé appliquer !
Nous voulons que la France soit le fer de lance du « Non » et de la Résistance !
Nous voulons que la France soit le premier pays d’Europe à proposer une autre réponse. Pour une autre vie.
Et parce que vous n’êtes pas cette réponse, Monsieur Hollande, parce que, tout comme voscamarades Zapatero, Papandréou, vous n’êtes pas socialiste, Monsieur Hollande, vous ne serez pasle prochain Président de la République Française.

Pourtant, vous aviez un boulevard devant vous. Une chance même. Elle porte un nom : la crise.
Car oui, c’est une chance. C’était l’occasion, ou jamais, de porter sur le devant de la scène, haut et fort, de nouvelles idées, de nouveaux projets, une alternative.
Mais non, vous restez engoncé dans votre centre. Etriqué. Mimant Mitterrand ; François malheureusement, pas Danielle !
Mais si vous l’aviez fait, l’inventaire, alors vous sauriez !
Si vous aviez pris la mesure, alors, vous sauriez !
Mais non, vous n’avez rien travaillé, rien compris. Rien entendu.

Mais Monsieur, si Jospin a perdu en 1995, puis en 2002, ce n’est pas à cause de Chevènement, de Taubira, c’est juste que les Français n’en voulaient pas. Et vous savez pourquoi ? Parce que la politique qu’il portait, le projet qu’il défendait, n’étaient pas socialiste. Parce que, comme vous, il a joué au centre. Et Royal, c’est pareil. Dix-sept ans que ça dure. Avec une gifle, une monumentale, le fameux 21 avril... Jamais, n’est-ce pas, vous n’avez compris, véritablement, ce qu’il s’était passé cette année-là ? Le pourquoi. Or, c’est du limpide. C’était un cri. Un appel. Vous nous avez abandonnés, que ça disait…

Vous savez, les types de droite (Sarkozy, par exemple) ils sont vraiment de droite ! Et c’est pour ça qu’ils gagnent les présidentielles.
Mais vous, les socialistes, le peuple le voit bien, que vous n’êtes pas vraiment de gauche. Il sait, le peuple, du moins il a une idée, de ce que c’est le socialisme. C’est précis comme terme. Comme doctrine. Comme concept. Politiquement, économiquement, socialement, ça fait sens. Le peuple, c’est peut-être une masse, la plèbe infâme, n’est-ce pas, mais faut pas lui raconter des salades. Il préfèrera toujours voter pour un type qui est vraiment de droite que pour un type qui se dit de gauche, mais qui ne l’est pas vraiment. Logique, non ?... Eh si !... Parce que : un type de gauche qui n’est pas vraiment de gauche, c’est quand même, un peu, un type de droite, non ?
Alors autant voter pour l’original, vous ne trouvez pas ? 



Non Monsieur Hollande, vous ne serez pas le prochain. Comme Jospin, comme Royal, vous ne passerez pas. Et pour les mêmes raisons. Ou quasiment... Elle est pliée, l’affaire. Il reste trop peu de temps, pour tourner casaque, se faire socialiste. Mais ce sera votre faute. Pas la nôtre. Ah, ne venez surtout pas, au printemps prochain, nous faire la leçon, la morale, ou je ne sais quoi. Ce serait bien malvenu…

C’est le petit, le Nicolas, qui va rempiler. Cinq ans de plus, et allez donc !... Que voulez-vous que j’vous dise ?... Que ça me fait plaisir ? Du tout ! J'vous prie de me croire… Ceci dit, cette nouvelle défaite sera peut-être, et enfin, la bonne. Celle qui mettra un terme à ce parti qui se dit socialiste. Ce qui est, convenez-en, une imposture grand format… Ah, si seulement vous aviez eu ce courage, ou cette honnêteté, de débaptiser votre parti, de virer ce terme que vous usurpez depuis tant d’années, celui de socialiste, alors oui, ce serait différent. Qui sait, même, si vous n’auriez pas trouvé une majorité ! Mais là, vus le contexte, les enjeux, les souffrances, le dépit, le ras-le-bol, et surtout, considérant l’imposture, Zapatero, Papandréou, cette Internationale socialiste qui n’a de socialiste que le nom, non, vous ne passerez pas ! Parce que vous n’êtes pas une alternative. Or, c’est d’une alternative que le peuple français a cruellement besoin. Et l’Europe aussi.

Vous savez, Monsieur Hollande, pour moi, la politique, ce n’est pas une affaire de supporteurs. Je n’en ai cure de crier, bêtement, le 6 mai prochain « On a gagné ! » sous prétexte que je suis de gauche. Moi, ce que je veux, c’est gagner véritablement. Avec une politique de gauche. Pas un truc à la petite semaine, qui ajuste à la marge. Autant voter Bayrou, dans ces conditions, non ? Du reste, c’est bien ce que le PS est devenu, en réalité : un MoDem bis. Une petite chose sans envergure, sans moelle, sans fierté.

Qu’est-ce qui vous distingue, au demeurant, de Sarkozy ? Hormis la personnalité, et deux ou trois détails sans grande importance ; sans grande importance parce que ça ne changera rien à notre quotidien. Nous vivrons toujours aussi chichement, voire aussi mal.
Et puis, aussi, je voulais vous dire : ce peuple, celui du bas, vous l’avez définitivement abandonné, Monsieur. Il n’est pas venu voter, d’ailleurs, pour la primaire citoyenne. Y’avait pas lerche d’ouvriers, d’employés, n’est-ce pas ? Ce sont les cadres supérieurs qui votent pour vous, désormais. Les urbains. C’est ça la gauche ? C’est ça notre avenir ? C’est Jack Lang, encore ?... Ah non ! Non Monsieur, vous ne passerez pas. Vous ne serez pas le prochain. Profitez bien de cet instant, où les sondages vous font roi. Profitez, ça ne durera pas. Vous savez, les printemps sont parfois, souvent, meurtriers…

Allez donc vous faire cuire un œuf chez Terra Nova. Chez Fouks. Chez qui vous voudrez. On s’en moque. Mais vous ne passerez pas. Vous ne serez pas le prochain. Juste le suivant. Après Jospin et Royal. Quelle tristesse… Vous aviez, crise aidant, un boulevard pour qu’enfin, le socialisme naisse. Gâcher une chance pareille, une telle opportunité, c’est vraiment impardonnable, Monsieur.
Vraiment impardonnable.

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