dimanche 27 novembre 2011

Droit de vote des étrangers : Tartuffe Sarkozy, président du clivage et de l’extrême droite



« Le droit de vote des étrangers extra-européens, débattu au Sénat début décembre est une « proposition hasardeuse », a estimé Nicolas Sarkozy mercredi devant les maires de France réunis à l’Elysée, relaie TF1. « Elle présente le risque de diviser profondément les Français au moment, où plus que jamais, nous avons besoin de les rassembler », a ajouté le chef de l’Etat. »Bon.

« Dans un livre en 2001 puis dans une interview en 2005, Nicolas Sarkozy se montrait ouvert au droit de vote des étrangers extra-communautaires aux élections municipales. A 6 mois de l’élection présidentielle, les choses ont changé. Le chef de l’Etat s’est prononcé mercredi contre le droit de vote et d’éligibilité des ressortissants de pays non membres de l’Union européenne résidant en France aux élections municipales, proposé par la nouvelle majorité sénatoriale socialiste. » Bien sûr que Sarkozy ne peut pas avouer que maintenir son accord à cette mesure ferait se détourner de lui les électeurs du Front national, qu’il ne cesse par ailleurs de cajoler puisque c’est d’eux dont dépend sa réélection. D’où l’offensive xénophobe et ultrasécuritaire de l’aile droite UMPiste – la Droite populaire -, qu’absolument rien ne distingue de la formation d’extrême droite, avec laquelle elle pratique la surenchère. La raison d’être même de ce courant national-sarkozyste est le racolage électoral actif : or impossible d’espérer séduire la frange de l’électorat qui fait de l’immigration son obsession pathologique en permettant de voter à ces étrangers qu’ils vomissent ! Adopter le droit de vote aux élections locales pour les étrangers reviendrait pour Sarkozy à se tirer une balle dans le pied. Parce que sans l’extrême droite, il est mort.


L’accusation n’est pas gratuite mais s’appuie sur l’histoire. Comment le futur président lui-même analysait-il en effet les enjeux du scrutin ? « Pour nous, l’élection de 2007 se jouera sur les électeurs de Le Pen. On les prend, on gagne. On les prend pas, on perd« , a rapporté Bruno Le Maire, actuel ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, de la Ruralité et l’Aménagement du territoire et responsable du projet du parti pour la présidentielle de 2012 (Des hommes d’Etat, chronique au quotidien de trois années dans la coulisse du pouvoir, Hâchette). Voici ce que nous écrivions à la sortie de l’ouvrage : « Ce qui nous intéresse ici dans son témoignage est ce qu’il révèle du cynisme de Nicolas Sarkozy, de la façon dont il manipule l’opinion, adoptant des positions non pas parce qu’il pense qu’elles sont bonnes pour la France mais simplement dans le but de se faire élire. Deux exemples très clairs sont livrés lorsque le futur Président affirme : « pour faire de la politique, il faut cliver. On a le texte sur l’immigration : je dis pas qu’il est parfait, mais au moins on clive, les socialistes sont mal à l’aise. Et puis on a la prévention de la délinquance : je dis pas que c’est bien ou pas, la prévention de la délinquance, je dis que les Français attendent ça, ils veulent qu’on soit ferme, et ils voient que les socialistes sont mal à l’aise. Alors qu’est-ce qu’on attend ? C’est que du bonheur, ça ! » La définition que donne le Robert du verbe cliver est intéressante : « fendre (un corps minéral, un diamant) dans le sens naturel de ses couches ». Ce qui donne dans le sens abstrait : « séparer par plans différents ». Ce que Sarkozy veut cliver n’est pas un corps minéral ni un diamant mais le corps électoral. D’autres entretiennent l’ambition de rassembler, mais sa stratégie personnelle est justement inverse. Quant au « sens naturel de ses couches », de quoi s’agit-il concernant l’opinion ? Il s’agit d’opposer gauche et droite, basiquement : progressisme et réaction, prévention et répression. Ses textes sur l’immigration ou la soi-disant prévention de la délinquance sont-ils utiles au pays ? Ce n’est pas le problème de Sarkozy. Il les justifie en se réjouissant qu’ils embêtent les socialistes et qu’ils correspondant à ce que « les Français attendent ». Est-ce utile, pertinent, efficace de durcir la répression de l’immigration comme de la délinquance ? Peu importe : sondages en mains, il prend les mesures flattant l’opinion. Parfaite illustration de la démagogie et du populisme. Une enquête indiquerait que les Français sont favorables à la peine de mort qu’il proposerait son rétablissement.



Autre exemple : « Moi, j’ai dit : il y a une crise morale en France et cette crise, c’est la crise du travail. Bon, je prétends pas que c’est génial, mais c’est un point de départ. Il y a autre chose : la France, c’est pas fini. C’est un thème qui marche bien aussi. Je l’ai vu à Charleville-Mézières, un beau déplacement. Lorsqu’on dit aux gens qui sont là-bas : la fonderie, l’industrie, Charleville-Mézières, c’est pas fini, ils accrochent, je vous garantis qu’ils accrochent ». Trouver des thèmes qui plaisent à l’opinion, peu importe qu’ils soient bons ou mauvais. Et puisqu’il s’agit de cliver gauche et droite, quel meilleur moyen qu’adopter carrément les positions de l’extrême droite ? Une démarche consciente et volontaire : « Pour nous, l’élection de 2007 se jouera sur les électeurs de Le Pen. On les prend, on gagne. On les prend pas, on perd », annonce-t-il ainsi. Ce qui est corroboré par l’ouvrage de Yasmina Reza, L’aube le soir ou la nuit, qui rapporte le propos suivant : « Je vous dis une chose. Si on n’avait pas l’identité nationale, on serait derrière Ségolène. On est sur le premier tour, mes amis. Si je suis à 30%, c’est qu’on a les électeurs de Le Pen. Si les électeurs de Le Pen me quittent, on plonge ». On y trouve aussi une illustration de la façon dont Sarkozy choisit et défend ses thèmes, dans la conversation suivante : « Nicolas : (répétant une phrase de son discours de Bercy) Entre Jules Ferry et 68, ils ont choisi 68… Bon, c’est limite mauvaise foi… Yasmina : Je suis contente de te l’entendre dire… Nicolas : (il rit) Oui. C’est même terrifiant de mauvaise foi, mais enfin, il faut y aller ! » Voilà donc clairement livrée la personnalité politique du Président : un homme qui est prêt à dire n’importe quoi – ce qu’il fait régulièrement (toujours ?) – pourvu que ça serve son ambition. Et qui, pour conquérir l’Elysée, a attiré vers lui les électeurs du Front national, flattant ainsi ce qu’il y a de plus bas dans l’âme humaine : la haine, l’exclusion, le repli sur soi, le racisme, la violence. » Et vous imaginiez ce Sarkozy-là accorder le droit de vote aux étrangers ?

Une fois la vraie raison de sa volte-face rappelée, penchons-nous deux minutes – le point n’en vaut pas plus – sur la justification qu’il en donne : cette mesure risquerait de « diviser profondément les Français au moment, où plus que jamais, nous avons besoin de nous rassembler ». Nous venons de voir toute la tartufferie du personnage qui n’a jamais voulu rassembler mais au contraire cliver. Ce que sa stratégie illustre constamment, jour après jour : monter les chômeurs contre ceux qui touchent le RSA, les smicards contre les chômeurs, les fonctionnaires contre le secteur privé, les bien-portants contre les malades, tout le monde contre les musulmans et les Roms et, naturellement, les Français contre les étrangers et les Français entre eux, selon qu’ils le soient « de souche » ou d’origine étrangère. Assurément, Sarkozy-le-fourbe est un maître en division des Français ! Prétendre que le sujet précis qui nous occupe serait un facteur de division est enfin particulièrement grotesque : « Près de six Français sur dix se déclarent favorables à l’extension du droit de vote aux élections municipales et européennes aux étrangers non-européens vivant en France. C’est ce que révèle un sondage de Harris Interactive pour La lettre de la citoyenneté publié vendredi », révèle TF1 qui ajoute :« Le total des personnes favorables « correspond à une hausse de neuf points par rapport à la dernière mesure réalisée en 2009 et constitue la proportion la plus élevée recueillie depuis le début de ce baromètre en 1994″, précise BVA ». Loin de diviser les Français, le droit de vote aux étrangers fait au contraire l’objet d’un consensus massif ! Sauf chez les lepénistes, naturellement. Et Sarkozy est leur président.


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