lundi 28 novembre 2011

Leur morale et la nôtre ?



Il est désolant de constater à quel point même les luttes pour les libertés (notamment collectives) dites "fondamentales," pour ces libertés politiques, comme la liberté d'expression, la liberté d'information, la liberté de réunion ou de manifestation... ne soient pas menées ni même évoquées par l'ensemble de ce que d'aucuns appellent encore "la gauche".

Il est pourtant assez évident, me semble-t-il, que la bourgeoisie dans son ensemble, opère depuis plusieurs années, avec un point culminant ces dernières semaines, une sévère (re)prise en mains des cultures et des esprits.

Le but est toujours le même: nous interdire de penser, de débattre et de réfléchir, nous interdire de remettre en question.

Nous habituer à cette interdiction.

Nous la faire intérioriser.

Par la même occasion, imposer leurs valeurs, imposer leur morale pour criminaliser la notre.

L'ordre dans les têtes précède l'ordre imposé aux corps. (Relire Foucault, Althusser, Chomski, Bourdieu, si on peu, et tant d'autres!)

Aujourd'hui la prison dans les têtes, demain la prison pour les corps.

La violente réforme de l'hospitalisation psychiatrique rappelle des heures extrêmement sombres et douloureuses.

L'accaparement de la presse et de sa distribution par les puissances de l'argent atteint un climax.

Le délabrement actif et accéléré de l'enseignement et de l'école complète le tableau.

Aujourd'hui, 80 députés de l'UMP prétendent dire ce qu'il faut trouver dans les manuels scolaires sur l'orientation sexuelle.

Luc Chatel prétend rétablir la "leçon de morale" à l'école primaire.

Les journalistes qui essaient de faire encore ce qui ressemble à leur travail sont espionnés, menacés, poursuivis en justice!

Depuis plusieurs années, la bourgeoisie a criminalisé le syndicalisme, elle a fait patiemment entrer dans les consciences que l'idée même de se syndiquer était au mieux inutile au pire, une faute.

Les salariés l'ingèrent, l'intègrent, l'intériorisent. Cela prend le temps qu'il faut, mais cela vient.

Ce qui fut CONQUIS dans le sang et les armes à la main est défait par TFHaine dans le temps de cerveau disponible pour Coca-Cola.

Également, elle châtie sévèrement les rebelles qui osent encore pratiquer un syndicalisme de lutte de classe.

La bourgeoisie fabrique des ennemis extérieurs. (Le "viol des foules par la propagande politique" s'en est fait depuis longtemps une spécialité qui s'améliore à mesure qu'augmentent nos connaissances en sociologie, en génétique etc.)

Elle cloue au pilori des syndicalistes comme Xavier Mathieu ou Philippe Galano, qui refusent, avec raison, de donner leur ADN, elle embastille des Yldune Lévy, des Julien Coupat, elle traite les manifestants pour les droits du peuple palestinien comme des criminels en les fichant, en restreignant leur droit sacré à la libre circulation, et en faisant donner les CRS contre des manifestations et des "sit-in" absolument pacifiques et respectueux de la légalité, elle poursuit de ses foudres des malheureux gamins qui font "fuiter" un sujet du bac, et j'en passe...

Tous les jours, elle désigne à la vindicte populaire supposée de nouveaux boucs-émissaires pour maintenir une illusion d'altérité: les sans-papiers, les musulmans, les immigrés, les Rroms, les chômeurs, les pauvres, les habitants des cités... L'Iran, la Chine, Kadhafi, Gbagbo... le monde entier regorge également de boucs-émissaires de premier choix!

Interdit d'informer, interdit de discuter. STOP, on ne passe PAS. La voix de la raison s'appelle BHL!

La bourgeoisie fabrique ainsi également des ennemis intérieurs dans chacun de nous. Elle nous délègue le soin de nous auto-censurer, elle instille la peur, la peur qui pue comme la mort.

"Il faut défendre la société" nous explique-t-elle.

Oui-da!

Défendre la société contre ceux qui la composent, n'est-ce-pas piquant?

Défendre la société contre chacun de nous, rebelles en puissance, révoltés d'un jour ou de toujours.

La société? D'ailleurs, de quelle société parle-t-on? La polysémie du terme ne peut plus nous échapper. La société "civile" disparaît, bienvenue dans ce que Les Guignols avaient un temps baptisé la "World Company" (disparue desdits Guignols au profit de sketches de plus en plus ineptes ça ne vous aura pas échappé) . Il n'y a plus de société, il y a une "company", une SA, dont nous devenons tous plus ou moins des salariés, des larbins!

Il y a "leur morale" et il y a "la notre".

Leur morale? Je vais la rappeler:

"Plutôt Hitler que le Front Populaire". "Classe laborieuse, classe dangereuse". "Qui vole un œuf vole un bœuf". "Mange ta soupe et tais-toi"...

Il y a "leur morale" et il y a "la notre".

En théorie au moins car en pratique...

La notre, de morale, on ne l'entend plus.

Même dans nos rangs, et c'est cela qui est grave, au point de virer au tragique sous peu!

On ne la voit plus. Nous sommes taiseux. Nous sommes muets. Nous n'occupons pas la rue contre l'invasion impérialiste en Libye, nous ne nous dressons plus contre les bombardements sur Gaza - jamais le "mouvement pour la paix" n'a été aussi mal. Ne pas s'étonner de cette absence de réaction.

Il y a reprise en mains des esprits. Tous les jours. Cela va avec la leçon de morale à nos chérubins.

Serions-nous carrément consentants?

La "gauche" , qui nous explique tranquillement que toutes ces attaques sont des "rideaux de fumée", (ah qu'il est beau le prétexte pour, surtout, ne RIEN faire) porte déjà une énorme responsabilité historique en ne livrant pas ce combat d'importance qui se joue chaque jour. Donc, surtout, ne pas s'en préoccuper, surtout, ne pas réfléchir, ne pas réagir.

Et elle feint de ne pas comprendre, de ne pas voir, de ne pas savoir ce qui se passe.

Oh bien-sûr elle chouinera parfois un peu face à "l'embourgeoisement" de la classe ouvrière. Mais lutter contre, cela, non. Il faut "battre la droite", voyons! Et "tant que nous ne sommes pas AU POUVOIR, que voulez-vous que nous fassions?" "Citoyens, attendez 2012"!

Entièrement tournée et préoccupée par une élection présidentielle qui ne CHANGERA PAS nos vies, ni la société, quelle que soit la pouliche de tête, "la gauche" monopolise le peu de structures , d'organisations et de moyens qu'il nous reste dans ce combat entièrement dédié au profit de la bourgeoisie.

J'en appelle donc à toutes celles et tous ceux qui me liront et qui sont encore membres de ces organisations dites "de gauche", qui sont encore proches, d'une manière ou d'une autre: harcelez-les, exigez une riposte, une résistance active sur ce sujet de LA LIBERTE, qui ne soit pas en lien avec "2012", qui n'attende pas que le train nous passe dessus. Engageons-nous, toutes et tous, dans ce combat que personne de nos soi-disant "représentants" ne veut manifestement livrer aujourd'hui, avant qu'il soit trop tard.

Le combat pour toutes les libertés politiques. Non seulement pour les préserver, mais surtout, pour les étendre! Casser les appareils de l'Etat et les rouages de l'impérialisme passe aussi par cette lutte. La lutte de classe passe par cette lutte.

Nous voulons savoir, nous voulons connaître, nous voulons échanger, nous voulons débattre, nous voulons nous réunir, et manifester, nous voulons nous syndiquer, nous voulons publier, librement, absolument, nous, les producteurs de richesses.

C'est le combat de NOTRE MORALE contre LA LEUR.

Si nous ne le menons pas, nous serons complices, nous serons coupables, nous communistes.

Coupables, et comptables. Devant notre classe. De ne pas nous être battus pour notre morale. Contre la leur.

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