Dans le dernier numéro de Courant Alternatif, un article parle des diverses initiatives prises de l’intérieur du mouvement des « indigné-es » qui tentent de traduire le “malaise social” dans des actions concrètes de solidarité et de lutte. Il s’est surtout agit d’actions de blocages de saisies-expulsions qui se sont multipliée ces 3 ou 4 dernières semaines, mais pas seulement. Voici quelques exemples supplémentaires. Difficile d’être exhaustif car ça part un peu dans tous les sens, ça bouillonne de réunions et d’initiatives sur de multiples sujets.
Voir en ligne : Site des « Marches populaires indignées » :
Dans certaines banlieues de Madrid, les assemblées populaires travaillent à la mise en place de groupe d’appui aux luttes des travailleurs avec la perspective d’un appel à la grève générale. Sur Madrid même, il y a un appel à créer une « assemblée de chômeurs ». Dans certaines villes et localités (notamment à Palma – Baléares), il y a eu des actions de protestation contre les augmentations de salaires que se sont généreusement octroyé les édiles nouvellement élus, les mêmes qui exigent de la population qu’elle se serre la ceinture. D’autres mènent campagne contre les coûts (au moins 50 millions d’euros) de la prochaine visite du Pape du 18 au 21 août prochain.
Les diverses marches sont maintenant toutes parties et convergent vers Madrid où elles doivent arriver le 23 juillet. Sur les différents parcours, des réunions et des assemblées (de 30, 50, 200 personnes ou plus, c’est selon) sont organisées dans chaque village ou petite ville, où sont recueillies les doléances des habitants, qui échangent, prennent la parole comme sans doute ils ne l’avaient jamais fait auparavant. Certains font un bout de chemin ou une journée entière avec les marcheurs. Dans des villes plus importantes, les participants locaux organisent parfois des accueils dans des localités périphériques qui n’étaient pas prévues sur le trajet initial afin de faire connaître une situation dont personne ne parle.
[Murcie] Un piquet de solidarité se présente avant la police et arrête la 22ème saisie-expulsion dans la région
Et de 22 ! La Plataforma de Afectados por las Hipotecas (PAH) a réussi à enrayer une nouvelle expulsion dans la région de Murcia. Cette petite victoire a été obtenue grâce à l’appui d’une cinquantaine de membres de PAH qui se sont retranchés dans le logement visé, situé dans la rue Francisco Eslava, à Puente Tocinos, à côté du Mercadona. Les activistes se sont enfermés dans la maison avant que soient présents les effectifs de la police anti-émeute, qui ont bouclé la rue à environ 8h30 pour éviter l’arrivée de plus de personnes en solidarité. Autour de 9h30, les agents se sont retirés devant les protestations de la foule. « Nous étions comme un camp de concentration, ils ne nous laissaient pas aller et venir et nous avons exigé qu’ils nous montrent l’ordre qu’ils avaient pour couper la rue », a déclaré Miguel Marin, membre de la PAH. L’expulsion était prévue pour 11h30 et devait être la deuxième tentative d’expulser la famille, après celle qui a échoué il y a quelques mois. Avant cette intervention, la PAH a empêché 21 expulsions depuis le début de cette année. Toutefois, le greffier du tribunal ne s’est pas présenté finalement dans la maison, de sorte que l’action a été avortée. La personne menacée d’expulsion est un mécanicien au chômage, marié avec un fils de 18 ans. Il doit 42 000 € à la banque qui lui a accordé un prêt hypothécaire de 48 000 euros en l’an 2000. Depuis 2009, la famille ne pouvait plus payer les échéances. La banque s’est adjugée la maison pour 50% de la valeur estimée actuelle, environ 20.000 euros.
Les opérations visant à empêcher les expulsions de logements s’étendent à tout le pays. Le 7 juillet, une première action réussie dans les Asturies s’est déroulée à Xixón (Gijón) où une quarantaine de personnes a occupé les escaliers et bloqué la porte d’entrée de l’immeuble où était prévue l’expulsion.
En ce début juillet, en 3 semaines, c’est une cinquantaine d’expulsion qui ont été bloquées dans tout l’Etat espagnol par des actions directes collectives de solidarité.
[Madrid] Des habitant-e-s d’un quartier populaire empêchent une rafle anti-immigrés et expulsent la police
Le 6 juillet, des dizaines d’habitant-e-s sont intervenus pour mettre fin à une descente de la police nationale dans la station de métro Lavapiés à Madrid. Les policiers étaient postés à côté des tourniquets du métro et demandaient les papiers aux usagers en fonction de la couleur de leur peau et de leur apparence. Dans cette tâche, ils ont pu compté avec la collaboration active l’agent de la sécurité privée du métro.
Les habitants du quartier madrilène de Lavapiés se sont rassemblés pour venir en aide à plusieurs Africains arrêtés et en très peu de temps, de plus en plus de jeunes sont arrivés grâce aux appels lancés par messages sur les mobiles. Rapidement, plus de 100 personnes étaient réunies. Au cri de « Aucune personne n’est illégale » et « Quartier uni contre le racisme » les habitants ont fait reculer le déploiement de la police et sont parvenus à arrêter la rafle.
Dans le même temps, plusieurs camionnettes de la police anti-émeute sont arrivées avec des policiers préparés et équipés de casques, matraques et lance-balles en caoutchouc pour charger. Mais la résistance pacifique des habitant-e-s a finalement réussi à expulser la police du quartier. Toutefois, malgré les protestations, deux personnes d’origine sub-saharienne ont été arrêtées.
Les habitants du quartier madrilène de Lavapiés se sont rassemblés pour venir en aide à plusieurs Africains arrêtés et en très peu de temps, de plus en plus de jeunes sont arrivés grâce aux appels lancés par messages sur les mobiles. Rapidement, plus de 100 personnes étaient réunies. Au cri de « Aucune personne n’est illégale » et « Quartier uni contre le racisme » les habitants ont fait reculer le déploiement de la police et sont parvenus à arrêter la rafle.
Dans le même temps, plusieurs camionnettes de la police anti-émeute sont arrivées avec des policiers préparés et équipés de casques, matraques et lance-balles en caoutchouc pour charger. Mais la résistance pacifique des habitant-e-s a finalement réussi à expulser la police du quartier. Toutefois, malgré les protestations, deux personnes d’origine sub-saharienne ont été arrêtées.
[Barcelone] Les habitants âgés de la Colonia Güell occupent le dispensaire de leur quartier pour protester contre sa fermeture
Dans le cadre de la politique budgétaire de coupes dans les dépenses de santé, le gouvernement de Catalogne veut fermer le dispensaire de ce quartier résidentiel, anciennement ouvrier, occupé depuis jeudi dernier par les anciens du voisinage, la plupart octogénaires. Les habitants âgés de la Colonia Güell, “indignés” peut-être, en colère surtout, occupent la petite polyclinique, unique service médical de ce quartier enclavé, pour protester contre sa fermeture. Ils ont forcé le ministère de la Santé à négocier
La Colonia Güell est aussi sur le pied de guerre et cela se remarque d’un simple coup d’œil sur les banderoles accrochées partout, sur les fenêtres et les balcons, certaines à même le niveau de la rue, de sorte que le passant est par la force informé de deux choses : il y a ici un dispensaire et ils veulent le fermer. Il s’agit d’un mouvement de protestation, en effet, et son centre est ce même dispensaire, occupé depuis jeudi dernier [30 juin] par les anciens du quartier, la plupart octogénaires, qui livrent là leur dernière bataille : c’est le dispensaire de la Colonia, disent-ils, il a 100 ans et il est le peu que nous avons, et c’est pourquoi nous mèneront ce combat jusqu’à la fin. Les laisser le fermer ? Jamais de la vie !
Jeudi 30 juin : ce jour-là, par ordre de la Generalitat [gouvernement de Catalogne], la petite clinique, le médecin responsable et l’infirmière qui l’assiste doivent cesser de prêter assistance. Tous les jours le dispensaire ouvrait pendant trois heures et cela avait assuré les soins de base aux habitants du quartier, que le docteur connaissait par leur nom, prénom et affection particulière. Beaucoup sont des personnes âgées et beaucoup vivent seuls, la plupart sont d’anciens ouvriers de l’usine textile et à tous sans exception il leur semblait normal que, vivant où ils vivant, dans ce noyau qui urbanistiquement parlant, n’est ni Sant Boi de Llobregat ni Santa Coloma de Cervello, isolé en quelque sorte, il y ait un centre d’attention médicale, un médecin et une infirmière. Mais, maintenant on le leur enlève.
Voisins solidaires
« Le problème est que dans la Colonia il y a de nombreuses personnes très âgées. Je ne suis pas un exemple, j’ai 67 ans, mais ici beaucoup de gens qui ont entre 75 et 85 ans, des personnes ayant des problèmes de mobilité, des gens qui marchent avec des cannes, certains dans des fauteuils roulants, des gens qui ont souvent besoin d’attention médicale. Imaginez ce que c’est pour eux qu’on leur enlève cela. » Maria Dolors Ramiro n’est pas, en effet, parmi les plus anciens du quartier, mais deux cancers, un du sein et un du colon, maintenant surmontés, ont fait des entailles à sa santé. Et elle souffre d’atrophie musculaire. « Je pense aussi il y a beaucoup de veuves. Et là encore, ce n’est pas mon cas. Mais beaucoup de ces personnes, si elles doivent quitter la colonie pour aller consulter le médecin, devront faire appel à leurs enfants, ou payer quelqu’un »
Les anciens ont occupé le dispensaire. Ils entendent que l’emplacement de la Colonia, le profil des habitants et autre détail, le manque de transports publics - « Le bus passe toutes les heures » - devraient donner à réfléchir aux responsables de la Generalitat. Jeudi ils s’y sont installés, et depuis lors, ils se relaient pour garder le lieu. La salle d’attente est remplie de chaises et il y a toujours une douzaine de personnes qui viennent y passer un moment. Depuis un café voisin, ils leur amènent du café le matin. Une équipe de médecins du quartier est venue hier pour faire des bilans de santé. La pharmacie donne les médicaments. Il n’y a personne qui ne se solidarise pas avec la cause. Et des négociations sont en cours.
« Hier [lundi], nous avons eu une réunion, a déclaré Patricia Petit, porte-parole de l’association de quartier. Il y avait trois personnes de l’association de quartier, deux de l’association Gent Gran [association barcelonaise qui lutte contre la marginalisation des personnes âgées] et des représentants de la Municipalité, de CatSalut [service catalan de santé] et de l’Institut Català de la Salut. Ce fut une rencontre tendue. Leur proposition est que le dispensaire ouvre un jour par semaine, il nous offrent un médecin au téléphone et en temps de grippe une augmentation du service qu’ils n’ont pas précisé. Mais la vérité est que, en tenant compte des besoins des personnes âgées, le minimum, vraiment le minimum que l’on peut accepter est qu’il ouvre trois jours par semaine »
« Qu’ils soient raisonnables »
Que le gouvernement accepte de négocier semble être déjà une réussite. Et que la ministre de la Santé ne parle plus d’une « fermeture définitive » comme le menaçait l’affiche que les usagers ont vu il y a un mois, et qu’elle s’occupe aujourd’hui, selon une porte-parole, « d’étudier l’organisation et les horaires » du dispensaire à partir de septembre, montre que non seulement la protestation des anciens adoucit peut-être les cœurs, mais qu’elle est juste : ils sont 587 usagers répertoriés, la moitié sont des personnes âgées. « Nous demandons seulement qu’ils soient raisonnables », dit Purificación Alejandre, 80 ans, qui fait ses deux heures de présence dans le dispensaire comme tout le monde, qui a au moins une demi-douzaine d’affections, qui marche avec une canne, et pour qui évidemment avoir un médecin à proximité est indispensable.
D’après leur presse (El Periodico)
_ _ _ _ _ _
Le même jour, plusieurs centaines d’ “indignés” se sont retrouvés pour un concert de casseroles devant le domicile du président de la Generalitat pour protester contre les coupes budgétaires dans la santé. Auparavant, ils avaient participé à une manifestation contre les coupes budgétaires dans ce secteur. Le 30 juin était en effet le dernier jour où les directions des hôpitaux publics devaient présenter au gouvernement leur plan de suppressions de postes en réponse à ses exigences. Sur Barcelone, plusieurs centaines de postes sont concernés dans au moins deux grands établissements et, à Terrassa (commune importante du Grand Barcelone), en plus de 146 licenciements, 700 personnes (soit près d’un tiers des effectifs de l’hôpital), vont voir leur durée de travail et rémunération diminuer de 10 à 20% (le maximum légal pouvant aller jusqu’à 30%)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire