samedi 1 octobre 2011

Le BDS, pilier d’une Palestine indépendante (Al-Ahram)



Le mouvement pour l’indépendance de la Palestine a tiré profit de l’amplification du mouvement BDS qui révèle au monde les terribles et injustes souffrances du peuple palestinien

Une nouvelle campagne du Boycott, Désinvestissement et Sanctions a été lancée par l’Eglise Unie du Canada, qui va tenter de convaincre six compagnies opérant au Canada — Caterpillar, Motorola, Ahava, Veolia, Elbit Systems et Chapters/Indigo — de cesser de soutenir l’occupation israélienne. "La campagne est semblable à d’autres campagnes initiées il y a quelque temps par l’Eglise Presbytérienne et la Conférence de la Nouvelle Angleterre de l’Eglise Méthodiste Unie. Nous avons lancé ’Occupés par la paix’ après presque deux ans de réflexion et d’études" dit le porte-parole, Jean Lee.

Le Congrès des syndicats anglais a voté la réévaluation de ses liens avec la confédération syndicale israélienne Histadrut, et réaffirmé sa décision d’encourager ses membres, ses patrons et ses fonds de pension à se désinvestir des compagnies qui tirent profit des colonies illégales, de l’Occupation et de la construction du Mur, et à les boycotter.

Les militants culturels londoniens de "Admirateurs de Beethoven pour le boycott d’Israël", se sont livrés, le 1er septembre, à un acte militant tout à fait original en chantant leur propre version de l’Hymne de la Joie à plusieurs reprises pendant un concert de l’orchestre philharmonique israélien au Royal Albert Hall de Londres, ce qui a obligé la BBC à interrompre la retransmission en direct du concert. "Israël mettez fin à votre occupation. Il n’y a pas de paix sur une terre volée. Nous chanterons pour la libération jusqu’à ce que vous nous entendiez et nous compreniez."

Les étudiants Sud-Africains ont mis en place un boycott national contre Israël et les Autorités des Standards Publicitaires d’Afrique du Sud ont rejeté les plaintes concernant une publicité radio du guitariste principal de Faithless en soutien des Artistes d’Afrique du Sud contre l’Apartheid : "Salut, je suis Dave Randall de Faithless. Il y a 20 ans je n’aurais pas accepté l’apartheid en Afrique du Sud ; aujourd’hui je ne l’accepte pas en Israël. Soyez du non côté de l’histoire ? Ne soutenez pas l’apartheid. Ralliez-vous au boycott international d’Israël."

Le basketteur légendaire de la NBA, Karim Abdel-Jabbar, a refusé d’aller en Israël à cause des "inquiétudes suscitées par les violences du Jour de la Nakba". Abdel-Jabbar devait présenter son nouveau documentaire sur la ségrégation raciale dans le basket, "Sur les épaules des géants", et devait concourir pour le "prix de l’esprit de liberté" au festival du film de Jérusalem.

Suite à une intense campagne de boycott au niveau européen, le plus gros exportateur israélien de produits frais, Agrexco, qui commercialise des produits provenant des colonies illégales estampillés "produits d’Israël", a déposé le bilan cet été. Ses problèmes financiers sont peu de chose comparés à ceux de la multinational française Veolia, une entreprise de systèmes urbains qui fournit des services au tramway qui relie Jérusalem aux colonies illégales de Jérusalem Est sous occupation et à la Cisjordanie voisine.

Depuis le début de la campagne initiée par les Palestiniens en 2005, Veolia a perdu des contrats d’une valeur globale de 14 milliards de dollars. La fusion récente de la division des transports Veolia avec une filiale du principal fond d’investissement d’état français indique que la solution que le gouvernement français a choisie pour solutionner les problèmes de Veolia est de faire payer ses pertes financières par les contribuables. Veolia se retire de plus de 40 pays mais pas du pays —Israël— qui est la cause principale de ses tracas financiers.

Son implication dans le projet de tramway viole les règles de l’Organisation pour la Coopération et le Développement économiques (OCDE). Considérant que le siège de l’OCDE est à Paris et que Israël est un nouveau membre, cela est particulièrement ironique.

La compagnie israélienne Sodastream, quant à elle, a subi un revers sérieux en Suède quand la chaîne de supermarchés Coop a annoncé qu’elle allait arrêter d’acheter ses produits. La principale unité de fabrication de Sodastream est située à Mishor Adumim, la plus grande colonie israélienne en Cisjordanie occupée. Unilever a déjà cédé à la pression du BDS en annonçant en juillet qu’il avait l’intention de ramener son usine de Bagels et de Bagels pretzels à l’intérieur de la ligne verte. Sodastream lui-même a laissé comprendre qu’il va aussi céder en annonçant la construction d’une nouvelle usine à l’intérieur de la ligne verte pour 2013, date de l’expiration du bail de l’usine de Mishor.

La campagne contre Sodastream s’est rapidement étendue dans le monde entier y compris aux USA. En mars, une pétition appelant Bed Bath & Beyond à cesser de vendre les produits de Sodastream (ainsi que ceux de Ahava, l’entreprise de cosmétiques basée dans une colonie) a été distribuée à 15 endroits le long de la côte ouest des USA de Seattle à Los Angeles et un groupe de militants déguisés en mariés a mis en scène un simulacre de mariage appelant les mariés concernés par la justice à ne plus utiliser les services de Sodastream (et Ahava) pour de leur mariage.

La lutte s’intensifie, spécialement en Australie. Une action pacifique du BDS contre une entreprise de cosmétiques de Jéricho qui vend des sels de la Mer Morte a été attaquée en juillet par la police et 19 militants de Melbourne sont menacés d’une amende de 32 000 dollars. L’attaque a suivi la demande du président de la communauté juive de Victoria de "réprimer plus sévèrement les protestataires agressifs." En ce moment des centaines de militants pro-Palestine des USA, France et Grèce, sont sous le coup d’une enquête criminelle pour avoir lutté pacifiquement pour les droits des Palestiniens.

Et il y a aussi la loi d’anathémisation votée le 11 juillet par la Knesset en Israël qui permet aux "victimes" de poursuivre en justice ceux qui promeuvent le boycott. Cette loi succède à la récente loi sur la Nakba qui interdit de financer des institutions qui reconnaissent le nettoyage ethnique de la Palestine.

L’organisation israélienne, Peace now, a tout de suite mis en place un groupe facebook "Attaque-moi en justice, je boycotte les colonies". "Nous n’avons jamais boycotté les colonies, nous le faisons maintenant à cause de la loi sur le boycott", nous a dit le militant de Peace Now, Etai Mizrav, "Quand ils ont décidé de faire taire les gens, nous avons décidé qu’il était temps de dire aux Israéliens que ceux qui soutiennent les colonies concourt à l’isolement d’Israël et font du tort à l’état." Une coalition de groupes alliés a décidé de demander à la Cour Suprême israélienne d’abroger la loi. "C’est vraiment absurde que les victimes de l’occupation soient obligées de payer des indemnités aux occupants s’ils organisent un boycott des produits des colonies" a déclaré le porte parole de la coalition, Idan Ring.

Une victoire de la campagne pour le Désinvestissement a été enregistrée cet été avec la décision du fond de pétrole norvégien de 450 milliards d’euros d’exclure deux firmes israéliennes - Africa Israel Investments et sa filiale d’ingénierie Danya Cebus— à cause de leur activité dans les colonies.

Quant aux Sanctions, l’événement le plus important de l’été a été le rapport Palmer de l’ONU qui a critiqué Israël pour son usage excessif de la force contre la Flottille de la Liberté mais qui cependant soutient son siège de Gaza en dépit du fait qu’une Commission des droits de l’homme de l’ONU précédente l’ait déclaré illégal. A cause de l’absence de réelles sanctions contre Israël par l’institution internationale le gouvernement turc a renvoyé l’ambassadeur d’Israël. Suite à l’assassinat par Israël d’au moins cinq gardes frontières égyptiens cet été, les manifestants égyptiens ont eux aussi chassé l’ambassadeur israélien et celui de Jordanie s’est enfui par peur de manifestations similaires.

Ceux qui voudraient que les politiciens israéliens rendent des comptes viennent de subir un revers. La semaine dernière les Anglais ont amendé une loi qui permettait de délivrer des mandats d’arrêts contre des politiciens et des militaires israéliens selon une juridiction internationale qui stipule que certains crimes sont si graves qu’ils peuvent être jugés partout. C’est un tel mandat qui avait été délivré contre le leader de l’opposition israélienne Tzipi Livni en 2009.

Eric Walberg

Pour consulter l’original : http://weekly.ahram.org.eg/2011/1065/re6.htm
Traduction ; Dominique Muselet

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