J’ai été le meilleur compagnon de Jules Vallès et de Louise Michel. Nous nous sommes connus sur les barricades de la Commune en 1871. Le petit souvenir de cerises que « je garde au cœur », c’est à eux et eux seuls que je le dois. Il me porte vers les barricades de ma révolte intacte.
Au loin derrière les barbelés, j’entendais un Felgrau qui fredonnait en tremblant ce même Verboten Antikriegslied. Il le comprenait trop bien, même s'il n'était pas dans sa langue, car il accompagnait le même désespoir.
En 44, je me suis retrouvé GI pataugeant dans le sable bouillonnant d’Omaha Beach. Cerné par des guêpes mortelles, j’ai fini par tomber, le nez dans une baïne, un air de trombone de Glenn Miller sous le casque. « In the mood ». Un morceau qui allait faire danser le peuple de France sur les places et dans les rues. Un air baigné par le soleil de la fête. Une fête sans moi.
J’ai également été le fantassin de la Wehmacht qui se fichait des médailles et dont la seule ambition était de pouvoir rentrer chez lui.
J’aime quand mes enfants me disent être émus, sans trop savoir pourquoi, en entendant le « Révolution » ou le « Baby it’s you » des Beatles de la première heure. C’est un peu, pour eux, comme une fête à laquelle ils ont l’impression d’avoir participé.
J’aime aussi et surtout quand ils chantent le temps des cerises, ce souvenir qu’un peuple « garde au cœur » et qui a plus de sens que jamais.
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