Dans la plupart des pays occidentaux, l'accès aux lieux d'enfermement des migrants est strictement encadré. En France, seuls les parlementaires et quelques associations sélectionnées par appel d'offres peuvent entrer dans les centres de rétention administratives (CRA), où sont enfermés les étrangers en instance de reconduite à la frontière. À de rares exceptions près, les journalistes et militants sont interdits de visite.
Pour dénoncer cette situation contraire au respect des libertés publiques et individuelles, l'organisation Alternatives européennes et le réseau associatif Migreurop lancent, samedi 22 octobre 2011, à Paris, une campagne Pour un accès ouvert aux centres d'enfermement des migrants en Europe. Au Centre international de culture populaire (CICP), un colloque est prévu le même jour, au cours duquel devraient intervenir, entre autres, Sara Prestianni, de Migreurop, Claire Rodier, juriste au Gisti, Ségolène Pruvot, d'Alternatives européennes, Rokhaya Diallo, chroniqueuse et militante associative, et Alain Morice, directeur de recherches au CNRS (Paris 7, Urmis) (consulter le programme).
«Afin de gérer leurs flux migratoires, écrivent les initiateurs,la plupart des États membres de l'UE ont recours aux centres d'enfermement de migrants. Des cas de violation de droits de l'homme ont été signalés dans bon nombre de ces pays, avec des détenus de facto qui, bien que n'ayant commis aucun crime, se retrouvent dans une situation où l'assistance juridique, la communication avec l'extérieur et la liberté de mouvements leur sont refusées.»
«Bien que le drame de ces personnes tentant de traverser la mer pour atteindre les côtes européennes ait attiré l'attention des médias, poursuivent-ils, le grand public en sait très peu sur les conditions d'enfermement des migrants. La focalisation des médias sur le centre de Lampedusa est peu représentative de la situation, dans la mesure où de nombreux migrants sont retenus dans d'autres centres disséminés partout en Europe. Dans la plupart des pays, l'accès aux centres d'enfermement est en effet limité voire refusé aux journalistes, aux groupes de défense des droits de l'homme, à la société civile et parfois même aux autorités locales. Une telle situation pose un double problème: ce sont à la fois les droits des migrants et la liberté d'expression et d'information qui sont ainsi bafoués.»
«Tant que les journalistes et les activistes n'acquerront pas droit d'accès aux camps de rétention, concluent-ils, le public restera sans informations et les citoyens européens ne seront pas à même de se forger librement une opinion sur les lieux d'enfermement.»
Quarante ans après le manifeste du Groupe d'information sur les prisons, emmené par Michel Foucault, ce type d'initiative reste toujours aussi nécessaire.
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