Il y a un peu plus d’un an, le locataire de l’Élysée montrait du doigt, juridiquement parlant, les gens du voyage, les Roms, les Tsiganes… En somme, celles et ceux qui seraient venus il y a belle lurette d’Inde et d’ailleurs. Tous ces gens-là étaient coupables de la hausse de l’insécurité tous azimuts, bref il fallait les renvoyer chez eux ! Beaucoup sont citoyens français depuis des générations, mais quand on veut faire des effets d’annonce, on ne s’encombre pas de tels détails…
Pour faire court, on dira que, dans notre charmante métropole, extrême droite et consorts ont d’autres « non-Français » en ligne de mire. Néanmoins, ils exhortent leurs partisans à faire des commentaires dans tous les médias qui sont à leur disposition. On n’en est plus à insulter les « voleurs de poules », mais c’est pas loin. Si on se branche sur le site internet des Dépêches tsiganes on peut lire l’avis de journalistes sur l’évolution du délit de « sale gueule ». Ainsi, l’ethnie du délinquant est-elle une information pertinente ? Voici l’avis d’un journaliste de Libération : « Non, la culture ou l’origine d’une personne n’a pas grand-chose à voir avec les délits qu’il peut commettre, mais il faut tenir compte de la pression exercée par une partie des lecteurs… Lorsque je traite d’un fait divers, je raconte à chaque fois des histoires où la psychologie tient une grande place. En étant très précis nous pouvons limiter les généralités et démonter les préjugés. Il existe des voyous de toutes origines et tous milieux sociaux. Nous devons comprendre les cheminements individuels en nous méfiant des généralisations simplistes. »
En France ce sont des mots autre part des exactions. Avant la Seconde Guerre mondiale, certains États de l’Europe de l’Est (Estonie, Lituanie pour ne citer qu’eux) auraient appliqué les « principes » du troisième Reich avant que ceux-ci ne le soient en Allemagne. Certains sont connus, d’autres un peu moins. Pour l’extermination des Juifs, la cause est tristement entendue, mais pour les autres individus visés par ces lois, pas mal de choses sont passées à la trappe.
Et, l’autre face de la chute du mur de Berlin oblige, les vieux phantasmes resurgissent. Ainsi, en Hongrie (présidente de l’Union européenne), la bride est lâchée aux idées, aux pulsions de l’extrême droite. Dans le village de Gyöngyöspata, des milices fascistes ont pris le pouvoir effectif. En juillet dernier, elles ont gagné les élections municipales. Première mesure : le travail forcé pour les Roms.
Ca rentre, bien sûr, dans ce que l’on dit d’eux… « Y savent rien faire à part voler des poules » ! Image d’Épinal qui ne correspond à rien dans notre triste xxie siècle.
Si on écoute Gaspar Tamas, philosophe et président de la gauche verte, il n’y a pas d’exception hongroise : « Le cas hongrois n’est pas unique. Ce qui se passe à Gyöngyöspata s’inscrit dans toute une sorte d’expérimentations conduisant à isoler les Gitans dans les ghettos. C’est ce qur font les gouvernements tchèque, roumain, bulgare, biélorusse, etc. En Bulgarie aussi il existe un parti d’extrême droite, Ataka, qui a ses propres forces paramilitaires. Pourquoi les Roms sont-ils devenus une cible ?
L’écroulement de l’économie socialiste a surtout atteint les ouvriers non-spécialisés dans les années 1990. Or, parmi eux, seuls les Roms faisaient la navette entre le village et la ville. Tandis que les autres ouvriers sont restés à la ville, les Roms ont été cantonnés dans leurs villages abandonnés. »
Bon, ça c’est la Hongrie mais, dans d’autres pays de l’Est, ce n’est pas mieux.
« Tous les gouvernements néolibéraux ont accusé les bénéficiaires de l’aide sociale d’être des parasites », poursuit le camarade hongrois sans oublier « le discours ici est un peu différent de celui d’Hortefeux ou du gouvernement italien contre les immigrés. Nous sommes plus avancés que vous, mais la direction est la même ! »
Les ex-pays du rideau de fer convertis comme d’autres au néocapitalisme nous feraient les brouillons de ce qu’il faut faire avec celles et ceux qui ne marchent pas dans les clous ? Nous y reviendrons. Mentionnons en guise de conclusion la parution en français d’une bande dessinée, O Pribjehi Histoires, parue aux éditions, Ça et là… Des histoires de Roms en République tchèque et en Slovaquie. Comme le dit la traductrice Milena Fucikova, « pour traduire [ce texte] en français, j’ai dû tout d’abord comprendre que j’avais affaire à des textes d’une richesse linguistique très particulière. Les trois personnages parlent dans une langue, sinon « étrange », du moins absolument pas standard. Ferko, Keva et Albina ont une manière de s’exprimer qui les situe loin de la culture occidentale de l’écriture. »
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