Comme s’il fallait qu’il détruise tout sur son passage, Sarkozy essaye de terminer sa tâche de liquidation des droits sociaux, de la Sécurité sociale et plus largement de notre système de santé. Au nom du déficit, il décide d’en finir avec cet acquis social issu des dures luttes menées par les travailleurs en 1936. Or, nous ne sommes pas dupes : la dégradation considérable des comptes de la Sécu ne résulte pas de dépenses trop élevées mais d’un effondrement des recettes.
Aussi la dernière idée du gouvernement, au nom de la rigueur, est de taxer les mutuelles. Or, si cette proposition est maintenue devant les deux Chambres, l’augmentation des cotisations sera faite sur le dos des adhérents. Les cas de renoncement aux soins, déjà trop nombreux, ne feront que se développer dans les foyers les plus vulnérables et chez les personnes seules et vieillissantes.
De fait, cette taxation supplémentaire ne manquera pas de dégrader l’accès aux soins de nos concitoyens, mais elle entraînera également une augmentation des dépenses hospitalières, comme on le constate à chaque fois que l’on réduit l’accès aux soins de ville.
Médecins du Monde : « une politique plus sécuritaire que sociale »
Le dernier rapport de Médecins du Monde (MDM) confirme que les personnes les plus démunies accèdent de plus en plus difficilement aux soins, du fait des politiques publiques « plus sécuritaires que sociales », soulignant le retard mis par un nombre grandissant de patients à se faire soigner.
Selon l’association, les consultations médicales dans les 21 centres de soin de Médecins du Monde en France ont augmenté de 10 %, pour atteindre le chiffre de 38 606. Près de 12 % des patients reçus en 2010 par MDM étaient des mineurs, dont la moitié avait moins de 7 ans et un tiers seulement était suivi par les services de protection maternelle et infantile. Par ailleurs, 8 % des femmes enceintes suivies par l’ONG vivent dans la rue et plus de la moitié présentent un retard de suivi de grossesse.
MDM s’inquiète également du fait que 24 % des patients viennent trop tardivement se faire soigner, tandis que 45 % des consultations nécessiteraient un suivi d’au moins six mois, notamment pour des cas de diabète, asthme, hypertension artérielle, troubles psychiques, etc. Selon Jean-François Corty, de MDM, « les malades retardent leurs soins parce que c’est compliqué d’ouvrir des droits quand on ne parle pas la langue ». 95 % des personnes accueillies par l’association sont en effet étrangères. De plus, « ces populations, qui vivent pour la quasi-totalité sous le seuil de pauvreté, ne peuvent payer le ticket d’entrée de 30 euros obligatoire depuis 2010 pour bénéficier de l’Aide médicale d’État, destinée aux étrangers en situation irrégulière ». Et Jean-François Corty de conclure : « Pour ces personnes, se déplacer entre le lieu de vie et le lieu de consultation, c’est prendre des risques de s’exposer à des arrestations. » De fait, on assiste à une recrudescence d’épidémies que l’on croyait éradiquées.
Cerise sur le gâteau : fin annoncée du 100 % pour les ALD ?
Martin Hirsch profite de la campagne présidentielle pour « vendre » à la gauche comme à la droite son idée de bouclier sanitaire. Ce dernier consisterait, plutôt que de prendre en charge à 100 % les affections de longue durée (ALD), à « garantir à chaque Français que ses dépenses de santé ne dépasseront pas un certain pourcentage de ses revenus ». Ce qui signifierait la fin des soins gratuits pour les 7 millions de Français qui souffrent de la trentaine d’affections de longue durée reconnues (AVC, insuffisances cardiaques, VIH, diabète, paraplégie, sclérose en plaque, affections psychiatriques de longue durée, etc.). Si pour ce politicard ex-socialiste vendu à Sarkozy, les ALD sont responsables des deux tiers de l’augmentation des dépenses de santé, pour Le Monde libertaire, l’égoïsme et l’étroitesse de vue de Martin Hirsch sont seuls responsables… de sa connerie !
Patrick Schindler
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