Un rapport qui fait l’effet d’une bombe. L’organisation Amnesty International vient de rendre publique une enquête affirmant que le régime syrien faisait appel à ses ambassades pour traquer les opposants syriens à l’étranger. Des révélations qui concordent avec l’agression dont a été victime il y a un mois Mohamad Taha, opposant syrien à Paris, en compagnie de trois de ses compagnons. Membre du Comité de la déclaration de Damas, une coalition d’opposants en France, le militant dévoile au Point les pratiques sauvages des "chabiha", les sbires de Bachar el-Assad, sur le territoire français.
Pouvez-vous nous raconter votre attaque ?
Mohamad Taha : Le 26 août, nous étions une centaine de militants à manifester à 17 heures, comme tous les week-ends, place du Châtelet à Paris. Une heure plus tard, entre huit et neuf personnes sont tout à coup descendues d’une voiture, avec des photos et des banderoles à la gloire de Bachar el-Assad. Contrairement à nous, ils ne possédaient aucune autorisation préfectorale. Ils se sont alors mis à nous insulter, puis à nous tabasser, y compris à terre. Une femme a mordu l’oreille d’un manifestant. Cela a dégénéré. Les trois policiers en civil présents ne pouvaient rien faire jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre. Blessés, mes compagnons militants Shevan Amhani, Azad Namo et Georgette Alam ont porté plainte au commissariat du 2e arrondissement. Mais à leur grande surprise, leurs agresseurs avaient fait de même.
C’est là que vous avez failli être assassiné...
Mes amis sont sortis du commissariat à minuit. Mon compatriote Salem Hassan et moi-même les attendions pour les raccompagner chez eux. Or, une demi-heure plus tard, lorsque nous abordons la rue Lafayette, une voiture rouge avec quatre personnes à bord se dresse en travers de notre chemin. Puis une deuxième, et bientôt une troisième. Très vite, une vingtaine de personnes armées de battes de base-ball nous encerclent. Ils se jettent alors sur moi et réussissent à me mettre à terre, avant de me bloquer la tête contre le trottoir. C’est là que l’un de leurs véhicules a foncé dans ma direction pour m’écraser. Mais j’ignore pourquoi, lancée à pleine vitesse, la voiture a dérapé. Nous avons finalement réussi à leur échapper et à nous réfugier dans un bar. Mais ils sont revenus à la charge. Les "chabiha" frappaient contre les vitres du bar en ordonnant au propriétaire de nous livrer à eux. Ils répétaient nos noms derrière les vitres en mimant une décapitation. C’est l’ambulance de l’hôpital qui a mis fin au calvaire. Mon corps était rempli de blessures. Jamais, je n’aurais cru subir cela en France.
Connaissiez-vous ces personnes ?
Je ne les avais jamais vues de ma vie. Seule une femme, parmi les agresseurs de la manifestation, avait été aperçue dans nos précédents rassemblements. Sans doute pour nous filmer afin de mieux nous identifier. Mais sur les neuf assaillants qu’a arrêtés la police, six ont été immédiatement relâchés. Ils étaient détenteurs d’un passeport diplomatique. Quant aux voitures qui ont tenté de me renverser, j’ai réussi à retenir la plaque de l’une d’entre elles, qui a été appréhendée par la suite avec ses deux occupants. Ils ont été relâchés après avoir passé 48 heures en garde à vue.
Avez-vous subi d’autres types de menaces, comme le suggère le rapport d’Amnesty ?
Après nos actions, certains de nos amis ont été interpellés en Syrie, avant d’être relâchés. Durant les interrogatoires, on les a questionnés sur leurs liens avec nous, puis on leur a promis qu’on nous couperait la langue. Mais le plus angoissant, ce sont les appels quotidiens que je reçois sur mon portable. Ils proviennent du numéro de mon frère en Syrie. À chaque fois que je décroche, ce n’est pas sa voix, mais celle de la même personne qui répète en boucle : "Attendez, on va vous passer votre frère."
Allez-vous continuer à manifester ?
Nous sommes visés aujourd’hui, parce nous avons réussi à unir plusieurs groupes d’opposants. Et comme en Syrie, nous n’arrêterons qu’à la chute du régime. Celui-ci possède une liste de plus de 250 000 noms de personnes ayant participé aux manifestations. Si nous cessions, nous serions massacrés, tant en Syrie qu’à Paris.
Mohamad Taha : Le 26 août, nous étions une centaine de militants à manifester à 17 heures, comme tous les week-ends, place du Châtelet à Paris. Une heure plus tard, entre huit et neuf personnes sont tout à coup descendues d’une voiture, avec des photos et des banderoles à la gloire de Bachar el-Assad. Contrairement à nous, ils ne possédaient aucune autorisation préfectorale. Ils se sont alors mis à nous insulter, puis à nous tabasser, y compris à terre. Une femme a mordu l’oreille d’un manifestant. Cela a dégénéré. Les trois policiers en civil présents ne pouvaient rien faire jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre. Blessés, mes compagnons militants Shevan Amhani, Azad Namo et Georgette Alam ont porté plainte au commissariat du 2e arrondissement. Mais à leur grande surprise, leurs agresseurs avaient fait de même.
C’est là que vous avez failli être assassiné...
Mes amis sont sortis du commissariat à minuit. Mon compatriote Salem Hassan et moi-même les attendions pour les raccompagner chez eux. Or, une demi-heure plus tard, lorsque nous abordons la rue Lafayette, une voiture rouge avec quatre personnes à bord se dresse en travers de notre chemin. Puis une deuxième, et bientôt une troisième. Très vite, une vingtaine de personnes armées de battes de base-ball nous encerclent. Ils se jettent alors sur moi et réussissent à me mettre à terre, avant de me bloquer la tête contre le trottoir. C’est là que l’un de leurs véhicules a foncé dans ma direction pour m’écraser. Mais j’ignore pourquoi, lancée à pleine vitesse, la voiture a dérapé. Nous avons finalement réussi à leur échapper et à nous réfugier dans un bar. Mais ils sont revenus à la charge. Les "chabiha" frappaient contre les vitres du bar en ordonnant au propriétaire de nous livrer à eux. Ils répétaient nos noms derrière les vitres en mimant une décapitation. C’est l’ambulance de l’hôpital qui a mis fin au calvaire. Mon corps était rempli de blessures. Jamais, je n’aurais cru subir cela en France.
Connaissiez-vous ces personnes ?
Je ne les avais jamais vues de ma vie. Seule une femme, parmi les agresseurs de la manifestation, avait été aperçue dans nos précédents rassemblements. Sans doute pour nous filmer afin de mieux nous identifier. Mais sur les neuf assaillants qu’a arrêtés la police, six ont été immédiatement relâchés. Ils étaient détenteurs d’un passeport diplomatique. Quant aux voitures qui ont tenté de me renverser, j’ai réussi à retenir la plaque de l’une d’entre elles, qui a été appréhendée par la suite avec ses deux occupants. Ils ont été relâchés après avoir passé 48 heures en garde à vue.
Avez-vous subi d’autres types de menaces, comme le suggère le rapport d’Amnesty ?
Après nos actions, certains de nos amis ont été interpellés en Syrie, avant d’être relâchés. Durant les interrogatoires, on les a questionnés sur leurs liens avec nous, puis on leur a promis qu’on nous couperait la langue. Mais le plus angoissant, ce sont les appels quotidiens que je reçois sur mon portable. Ils proviennent du numéro de mon frère en Syrie. À chaque fois que je décroche, ce n’est pas sa voix, mais celle de la même personne qui répète en boucle : "Attendez, on va vous passer votre frère."
Allez-vous continuer à manifester ?
Nous sommes visés aujourd’hui, parce nous avons réussi à unir plusieurs groupes d’opposants. Et comme en Syrie, nous n’arrêterons qu’à la chute du régime. Celui-ci possède une liste de plus de 250 000 noms de personnes ayant participé aux manifestations. Si nous cessions, nous serions massacrés, tant en Syrie qu’à Paris.
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