Que reste-t-il en Sarkozie ?
Dès son intronisation, le président a placé des proches, voire des intimes, à tous les postes clés de l'état. En cette fin de règne déliquescent, ces hommes tout puissants, quasi intouchables, se font rattraper par la justice, les uns après les autres. On découvre chaque jour un peu plus le système Sarkozy, son fonctionnement clanique et sa transgression des lois, très inspirés des méthodes initiées à l'époque par Achille Peretti et Charles Pasqua, puis testées dans le cossu laboratoire de Neuilly. Rapide revue de troupes perdues dans la tourmente :
Hortefeux Brice : fidèle d'entre les fidèles, l'ami de 35 ans du président accumule les bourdes, agissant parfois plus en homme de main qu'en homme d'état. Condamné pour injures raciales en 2010, l'auvergnat au teint blême est miraculeusement relaxé en appel l'année suivante. Plus grave, cet ancien directeur de cabinet de la mairie de Neuilly sous Sarkozy, a passé il y a peu, deux coups de fil pour le moins prévenants à son ami Thierry Gaubert, ex-secrétaire général de la même mairie et mis en examen dans l'affaire Karachi.Les familles des victimes de l'attentat ont déposé plainte contre Brice de Clermont, notamment pour "complicité de subornation de témoins". Le parquet de Paris a également ouvert une enquête. L'auvergnatdevrait être rapidement entendu par la justice. Dans ces conditions un tantinet houleuses, pourra-t-il prendre comme prévu, la direction de campagne 2012 de son chef bien aimé ?
Bazire Nicolas : témoin du mariage de Chouchou et de Carlita en 2008, il avait été précédemment directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon avant de diriger sa campagne présidentielle en 1995 en compagnie d'un certain Sarkozy, désigné porte-parole pour la circonstance. Reconverti numéro 2 de LVMH, le leader mondial du luxe présidé par Bernard Arnault, l'ancien officier de marine avait failli prendre la place de Claude Guéant, au poste de Secrétaire Général de l'Elysée, lors du dernier remaniement ministériel. Il passe pour être le confident du satrape auquel il rend visite fréquemment la nuit tombée. Il vient d'être mis en examen pour recel et complicité d'abus de biens sociaux dans l'affaire Karachi. Selon la propre épouse de Gaubert, son mari aurait remis à Bazire des sacoches gorgées de billets ayant transités en Suisse via le douteux marchand d'armes Ziad Takieddine. Cet argent aurait servi à financer la campagne électorale de Balladur.
Gaubert Thierry : à l'époque, c'est lui qui avait présenté à Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly fraîchement élu, les magnats des affaires, les pontes de de la communication, le gratin de la finance et de la magistrature, la fine fleur des people, j'en passe et des meilleurs. Un vrai carnet d'adresses en or dur pour l'ambitieux à talonnettes. Un temps, chef de cabinet adjoint au ministère du Budget sous Balladur, cet éternel mondain entre en réserve de la république suite à une brouille avec Cécilia et une mise en examen pour abus de biens sociaux et escroquerie dans le cadre de l’utilisation des fonds du 1% logement des Hauts-de-Seine. Il est recasé à la BPCE (Banques populaires-Caisses d'épargne) dirigée par un certain François Pérol. Tout récemment sa femme, la princesse de Yougoslavie, le dénonce comme porteur de valises louches en rapport avec l'affaire Karachi. Il est alors inculpé pour recel d'abus de biens sociaux.
Woerth Eric : avec sa bonne bouille de chef comptable, on lui donnerait le bon dieu sans confession. Cumulant un temps les fonctions de trésorier de l'UMP et de ministre du budget sous Sarkozy, il semblait logiquement destiné à s'installer tranquillou à Matignon. Patatras, son parcours sans faute de gendre idéal a pris brutalement des chemins de traverse. Impliqué dans deux affaires de gros sous, la saga Bettencourt et l'hippodrome de Compiègne, il a tout perdu en deux coulées gros. Il avait, ces derniers temps, donner la subreptice impression de pouvoir se sortir de ce double guêpier mais Claire Thibout, l'ex-comptable de l'héritière L'Oréal vient de lui remettre un joyeux coup de pelle. Libérée de la peur de représailles et faisant fi des menaces récurrentes, elle affirme avoir régulièrement préparé des enveloppes pleines de liquide et destinées à monsieur Eric. Elle dit aussi avoir croisé dans les couloirs très prisés de la maison Bettencourt, Nicolas Sarkozy et Cécilia, son épouse du moment. "Est-ce que j'ai une tête à couvrir une faute fiscale ? " annone le divin chauve quand on s'aperçoit de surcroît que sa femme Florence a été embauchée dans le staff financier des Bettencourt. "Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? ", gouaillait Arletty...
Courroye Philippe : autrefois considéré comme un chevalier blanc pour son indépendance et sa ténacité, le procureur de Nanterre, désormais proche du pouvoir, a vu sa réputation sévèrement remise en cause récemment. Son rôle dans l'affaire Woerth-Bettencourt reste ambigu tant il a donné le sentiment de vouloir enterrer la chose pour protéger ses puissants amis. Privé de l'enquête par son supérieur hiérarchique, il pourrait être très prochainement mis en examen dans un autre volet du dossier, celui des fadettes, des factures téléphoniques détaillées de journalistes du Monde qu'il aurait réclamées à cor et à cri à la police en toute illégalité.
Péchenard Frédéric : sa mère était amie de celle de Sarko à Neuilly quand ils étaient bambins. Ces deux-là se retrouvent dans l'affaire Human bomb, une prise d'otage d'enfants en école maternelle toujours à Neuilly. Auto-proclamés héros des temps modernes, le maire de l'endroit et l'as de l'antigang ne se quitteront plus. Désormais directeur général de la police nationale sur piston très avoué, il est intervenu en 2009 pour sauver son jeune fils des griffes de la maison poulaga. Ce dernier avait été interpellé tandis qu'il slalomait sur le trottoir en scooter et en état d'ivresse. Il avait alors menacé et insulté les policiers trop zélés. Papa était venu en urgence récupérer fiston et les policiers avaient reçu l'ordre d'oublier l'événement et d'effacer les différentes procédures en cours. Plus récemment, le DGPN vient d'endosser la responsabilité de donneur d'ordres dans l'affaire des écoutes des journalistes du Monde. Il est convoqué devant un juge d’instruction pour une possible mise en examen. Vous avez dit bouc émissaire ?
Squarcini Bernard : le squale, tel est son surnom, a été longtemps le bras droit d'Yves Bertrand, le très manipulateur patron des Renseignements Généraux. Dans l'affaire Clearstream, il prend fait et cause pour Sarkozy, ce qui le rapproche définitivement du futur monarque. En juillet 2008 et en remerciement, ce dernier lui offre sur un plateau le commandement de la DCRI, la direction centrale du renseignement intérieur, née de la fusion de la DST et des RG. Devenu depuis l'ombre du résident élyséen, il enquête aussi bien sur les ragots distillés sur le couple présidentiel que sur les "petites fadettes" des journalistes du Monde dans l'affaire Bettencourt. Il est, comme son complice Péchenard, convoqué par un juge pour s'expliquer sur ce dernier point. Ajoutons, qu'entre autre fait d'armes, le squale a également introduit le sulfureux Alexandre Djouhri dans le club très fermé du premier cercle sarkozyste.
Balladur Edouard : à tout saigneur, tout honneur. Terminons cet inventaire si peu à la Prévert, par le grand mamamouchi, son altesse sérénissime Ballamou 1er. Déjà présent sous Charles de Gaulle en qualité de membre éminent du cabinet de Georges Pompidou, il a traversé sans sourciller les arcanes improbables de la cinquième république. A la présidentielle 95, il a tenté de trahir Chirac avec l'aide de l'opportuniste Sarkozy. Manque de bol, sa fourberie ayant lamentablement échoué, il doit désormais rendre des comptes sur sa campagne rebelle. Le juge Renaud Van Ruymbeke aurait en sa possession un document permettant d'établir un lien direct entre la signature d’un contrat d’armement avec l’Arabie Saoudite en 1994 et le financement de la campagne présidentielle du grand turc, premier ministre de l’époque. La piste Karachi passerait-elle désormais par Riyad ?
Bref, tous ces petits arrangements entre amis, sentent confusément le suint. On a beau sortir nos mouchoirs, les remugles aussi pestilentiels que présidentiels rendent notre république irrespirable. Et notre premier représentant de l'état a beau décorer de la légion d'honneur des gens très illustres comme Yvette Horner, Robert Castel ou Gilbert Montagné, force est de constater en visionnant la vidéo ci-dessous, que même des sarkozystes bon teint, tel le sémillant Philippe Tesson, semblent quitter le vaisseau amiral...
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