jeudi 10 novembre 2011

14-18 : Hommage aux mutins et fusillés « pour l'exemple »


Les mutineries de la Première guerre mondiale, avec ses révoltes, ses refus d'obéissance et ses actes d'indiscipline, restent encore mal connues.

Pourtant, de la fin avril à la fin de l'été 1917, les soldats d'une centaine d'unités, représentant plusieurs dizaines de milliers d'hommes, ont refusé de continuer la guerre et d'aller aux tranchées.

Ces mutineries ont été massives. Dans certaines unités, elles concernaient jusqu'à 15% des soldats.

André Loez [1] conteste la version habituelle qui veut que ces soldats n'aient pas été politisés. Selon lui, l'étude des discours, des chants, des symboles déployés révèle une réalité plus complexe.

Il existait tout un dégradé de positions politiques allant de l'indifférence au militantisme d'extrême-gauche et, dans la moitié des cas, les mutins ont arboré un drapeau rouge et ont chanté L'Internationale.

Les mutineries de 1917 sont également à replacer dans le contexte de la révolution russe - dont les échos parvenaient jusqu'aux tranchées - ainsi que des grèves ouvrières massives qui se produisaient à l'arrière.

Verdun, 1917 : Exécution d'un mutin

On sait que nombre de ces mutineries ont été durement réprimées, notamment par Pétain. Des soldats ont été fusillés et ces victimes s'ajoutent aux 554 soldats envoyés au poteau d'exécution, simplement « pour l'exemple ».

Jusqu'à aujourd'hui, les autorités de la République n'ont toujours pas reconnu que les fusillés « pour l'exemple » l'avaient été après une condamnation expéditive de la justice militaire.

Plusieurs organisations réclament - à juste titre - leur réhabilitation. Toutefois, est-ce bien de réhabilitation dont il devrait être question ?

Comme il l'a fait pour d'autres de ses victimes, l'Etat français ne devrait-il pas solennellement se déclarer responsable et présenter symboliquement ses excuses aux familles de tous ces hommes - fusillés pour mutinerie ou pour l'exemple - injustement sacrifiés ?

Lénine écrivait à l'époque : « Nous ne sommes pas, en général, contre la défense de la patrie, mais contre l'idéalisation, par ce mot d'ordre mensonger, de la guerre impérialiste actuelle ».

Tous les Etats capitalistes européens portaient une part de responsabilité dans ce conflit généré pour l'essentiel par leurs ambitions coloniales. « Cette guerre n'est pas notre guerre », déclareront avec raison les délégués français et allemands de Zimmerwald. [2]

JPD

Dessin de Tardi (détail)


[1] André Loez, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Folio Histoire.

[2] Du 5 au 8 septembre 1915, dans le village suisse de Zimmerwald, se sont réunis des syndicalistes et des socialistes européens hostiles à l'Union sacrée. Parmi les documents adoptés figure une déclaration franco-allemande.




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