mardi 8 novembre 2011

BHL, le Booster Kelton du Fouquet's ou la guerre malgré lui


BHL est à la philosophie ce que Doc Gynéco est à la chanson, une bulle de savon qui explose à peine formée. Le fils spirituel de Jean-Baptiste Botul, jubilation en sus. Comme pour exister il faut de l'air, BHL est devenu l'éolienne d'une pensée qui a besoin de beaucoup de vent pour faire tourner les hélices.

Depuis l'antiquité grecque les philosophes, pour ou contre le Prince, se font une guerre impitoyable. Les anecdotes sont nombreuses et pas toujours fastidieuses, contrairement à ce que l'on pourrait penser quand l'ombre du passé se penche sur le présent avec une touche d'ironie.

De tous temps le Prince cherche à se faire cautionner par le philosophe, une obsession de frustré que les analystes n'ont pas réussi, malgré des pistes intéressantes, à éclairer de leur lumière. L’histoire regorge d'exemples plus ou moins savoureux que l'on dépoussière à l'occasion pour alimenter le débat dans le sens des intérêts de chacun. Celle qui me botte en l'occurrence concerne Diogène. Alors qu'il se bronzait la couenne tranquilou, il fut dérangé par Alexandre, sorte de Sarko de l'époque, qui lui demande à brûle-pourpoint quel souhait il aimerait exaucer. De mémoire d'historien, la réponse fut cinglante : « Ôte-toi de mon soleil ». Autrement dit : « Casse-toi pov'con, tu fais de l'ombre ! »


Ce n'est pas BHL qui parlerait de la sorte aujourd'hui en s'adressant à son seigneur et maître Nicolas Sarkozy. Tombé sous le charme de celui qui fait d'une commune et d'un département (les Haut-de-Seine) le symbole et la représentation d'un pays aussi diversifié que la France, BHL s'avance du col pour peser dansla balance afin de convaincre la nation que le bling-bling est l'unique ressort sur lequel elle doit se balancer en 2012. Rien que ça ! Enfin un philosophe enraciné dans la réalité de son pays ! Enfin un intellectuel dont le cœur bat au rythme de sa Kelton, elle-même programmée à l'heure allemande. Comme un journaliste le résumait récemment de fort belle manière : « fort avec les faibles, lâche avec les puissants » !... BHL aime la France faillitaire de François Fillon !

C'est à pleine page que le Figaro célèbre, par la voix insondable d'Alexandre Adler, sorte de frustré-lustreur, la sortie du dernier opus du nouveau philosophe, « La guerre sans l'aimer ». Un récit dans lequel, dit-on, BHL déclare sa flamme à Nicolas. Bidule dans lequel il s'amourache de lui-même, plus que du personnage adulé, – la chose n'est pas nouvelle - en découvrant, à l'insu de son plein gré, qu'il est passé du statut de « commentateur engagé » à celui d'acteur. Merci Sarko la Divine surprise ! Pour s'en convaincre il s'est violemment pincé, façon SM : « si, si, c'est bel et bien moi, là, sur la photo, en Libye... Même que Juppé n'y croit pas. Oh, la grosse claque qu'il a reçu le girondin ! »
De ce salmigondis, où sont invités pour faire la claque des esprits lumineux, de Malraux (l'alter ego qu'il n'a pas fini de rattraper) à Julien Gracq, irréductible nantais, pour une campagne de justification ayant pour but de comparer notre philosophe à l'aventurier moderne de l'Odyssée. Au secours, ô mère !

Et nous voici, comme par hasard, chez les grecs ! A ce stade, le dithyrambe dépasse la fiction. Emporté par la propagande, l'auteur de l'article se fait dessus : « Le lecteur y trouvera sans surprise véritable, mais non sans émotion, une sorte de montage cinématographique de lumière noire et blanche qui se situe parfois au voisinage direct de l’esthétique active et sobre des années 1930, montage, action, sentiments plutôt pudiques et réflexion politique toujours implicite. »

Un traducteur dans la salle ?...

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