mardi 15 novembre 2011

Le crincrin humanitaire


J’voudrais pas me moquer, pas mon genre, mais savoir que Botul, l’homme qu’à vu l’homme qu’à vu l’homme qu’à vu le philosophe, a roulé (des mécaniques) pour les ‘islamo-fascistes’du CNT, péril vert dont il fit son fonds de commerce vertueux, me paraît, si ce n’était désolant, assez cocasse.

Savoir que grâce à ce brillant droit-de-l’hommiste distingué, la femme libyenne libérée (et c’est pas si facile) verra l’instauration de la charia, de la polygamie, de la répudiation et autres fantaisies émancipatrices ne peut que nous conforter dans le génie visionnaire du guignol.

Justifier la guerre d’un côté pour libérer l’afghane de la burqa et la faire, de l’autre pour soumettre la femme libyenne pourrait poser comme un léger problème de cohérence.

‘Pourrait’, car en vérité, pas plus de problème de cohérence ici que d’honnêteté intellectuelle chez Bulot, puisque libération des peuples et démocratisation ne sont que prétextes pour mieux nous enfumer et faire passer la pilule impériale.

Sinon quid de Gaza ?


Tout ça pour dire que, contrairement à ce que nous racontent les hystériques de la chose islamique, l’intégrisme n’est pas un problème mais un levier servant, selon la saison de repoussoir ou de justification.

Ennemi de complaisance un jour, allié de circonstance le lendemain…

Car si l’enjeu était vraiment la démocratie, il faudrait alors qu’on nous explique en quoi Paul Biya 78 ans président du Cameroun depuis 30 ans réélu à 78% est plus légitime que Laurent Gbagbo ex président de la côte d’Ivoire, réélu avec 51,5% des voix avant de se prendre des bombes démocratiques sur la gueule, ou en quoi Juppé peut se féliciter du 94% de oui au référendum bidon marocain et la fermer sur le coup d’état au Honduras ?

Pas d’autre explication que la nécessité de jeter un voile pudique sur les véritables enjeux :

camoufler notre volonté de domination par des guerres coloniales relookées à la sauce humanitaire parfaitement dévoyée.


Après tout que les empires cherchent à conserver leur suprématie, leurs sphères d’influence et leurs matières premières vitales, quoi de plus ordinaire au regard de l’histoire ?

Après tout, si on nous présentait les choses du genre : « si y’en a que ça démange qu’on bute des ‘bougnoules’ pour mettre la main sur leur pétrole qui vous permettra d’aller acheter des saloperies chez Ikea le dimanche en bagnole qu’ils le disent ? »

Y’a des chances que le peuple dans sa grande lucidité humaniste ne moufte pas.

Mais au moins, ce que l’on perd en pseudo morale on le gagne en brut de décoffrage.

Ce qui me fait particulièrement gerber c’est précisément cette morale à deux balles, cette tartuferie du bien contre le mal, cette arnaque de la civilisation contre la barbarie justifiant toutes les horreurs pour mieux masquer le rapport de forces.

Ensuite, question rapport de force c’est une autre histoire.

Qu’au grand jeu du qui domine qui, que le meilleur gagne et que l’histoire tranche. Simplement, faudra pas venir pleurer le jour où les Thaïlandais viendront faire du tourisme sexuel à Paname.

Après tout, que Botul et ses sbires néo-cons défendent la politique coloniale d’Israël, c’est leur affaire, mais qu’ils l’habillent d’oripeaux éthiques est juste abject.


Si l’imposture libyenne que je renifle depuis le début comme une copie conforme assez minable de l’arnaque irakienne, même propagande fumeuse, même humanitaire de pacotille, même alibi démocratique se vérifie, alors, après la phase tapis de bombes libérateur, puis discours de chef de guerre triomphant, enfin lynchage du despote en direct (qu’il la ferme ad vitam aeternam arrange à peu près tout le monde) viendra l’inévitable chaos, puis la réélection de mini Bush, avant qu’il ne finisse au tri sélectif des mini poubelles de l’histoire.

Si l’histoire ne se répète pas, parfois elle balbutie.

Ce chaos donc, avec son stock d’armes colossal débordera bien au-delà des frontières libyennes vers la Tunisie par exemple en première ligne. Car si des salopards nous expliquèrent main sur le cœur qu’aider les ‘rebelles’en Libye était le seul moyen de sauver le printemps arabe (qu’ils proposaient pourtant de mater 3 mois avant à coup de lacrymo français) c’est pourtant bien à une tentative d’y mettre un point final dont il s’agit ici.

« Plutôt barbu que coco » comme « plutôt Hitler que Staline ».

Toujours la même rengaine.


Incontestablement, au concours de bowling, du chien dans le jeu de quilles, du clivage sanglant, de la machine à générer du conflit ethnique, à souffler sur les braises communautaires, Yougoslavie, Irak, Soudan, Libye… l’Otan est devenu un cador.

Qu’au grand « strike » géopolitique, qu’au dépeçage d’états souverains, demain la Syrie, le Liban, l’Algérie, l’Iran, la Somalie, le Venezuela, la Bolivie… que l’empire au moins nous épargne son crincrin humanitaire.

Que son premier violon Kouchner et son orchestre se mettent leur archet dans le fion serait un premier pas vers la décence.

tgb

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire