vendredi 4 novembre 2011

600 millions d'adolescentes oubliées


Alors que 70% des jeunes non scolarisés sont des filles, des parlementaires et associations exhortent les chefs d'États et de gouvernement réunis à Cannes pour le G20 à prendre en compte leurs besoins spécifiques comme levier du développement.

Le cap des 7 milliards d'habitants sur Terre vient d'être franchi. 50% sont des jeunes de moins de 25 ans et parmi eux, 86% vivent dans des pays en développement. Une population jeune est un immense atout pour le changement démocratique et le développement, comme le «printemps arabe» nous l'a montré.

Mais pour que cette population jeune devienne un levier de changement et de développement, encore faudrait-il prendre en compte ses besoins spécifiques. Or, les jeunes femmes et les filles souffrent de situations plus précaires que leurs homologues masculins, notamment dans les domaines de l'éducation et de la santé sexuelle et reproductive. Ainsi, 70% des jeunes non scolarisés sont des filles. Dans les pays en développement, où vivent plus de 600 millions de jeunes filles, une sur sept se marie avant 15 ans et de 15 à 50% deviennent mères avant 18 ans. En Afrique sub-saharienne, les nouvelles contaminations VIH chez les 15-24 ans concernent 8 filles pour 1 garçon.

Il est impensable qu'un nombre si considérable d'individus ne soit pas pris en compte. Les filles sont un enjeu majeur du développement, à la fois en termes de droits fondamentaux (statut social, de la santé, de l'éducation, de l'agriculture, de l'accès à l'eau, etc.) et d'efficacité des politiques publiques et d'aide au développement. Améliorer leurs conditions de vie, c'est aussi améliorer celles de l'ensemble de la société au sein de laquelle elles vivent.

Sur le terrain, un point aveugle de l'action publique

Pourtant sur le terrain, ces adolescentes marginalisées et en situation de grande précarité ne sont jamais considérées comme un public cible, pire, elles constituent souvent un point aveugle de l'action publique. A l'«entre-deux» entre l'enfance et l'âge adulte, elles sont soit trop jeunes soit trop âgées, et échappent ainsi aux programmes d'aide et aux politiques publiques. Remédier à cet état de fait devient une urgence. Les jeunes filles font l'objet, depuis quelques mois, d'une attention croissante sur la scène internationale. Des rapports des institutions internationales comme l'Unicef ou la Banque Mondiale, aux campagnes menées par diverses organisations non gouvernementales et coalitions comme «The girl effect», les initiatives se multiplient. Les solutions existent et elles sont connues. Il ne manque que la volonté politique pour soutenir et amplifier cette dynamique naissante.

Des parlementaires se mobilisent. Ainsi en mai dernier, ils étaient une soixantaine du monde entier, réunis à Paris en amont des G8 et G20, à appeler les acteurs du développement à agir massivement en direction des adolescentes pour développer leur potentiel et défendre leur autonomie par l'accès à l'éducation et la formation professionnelle, aux services de santé et autres protections juridiques (télécharger l'appel en pdf).

Faire des enjeux de population une priorité du développement, c'est aussi permettre un accès libre et gratuit aux services de planification familiale à toutes les filles et les femmes où qu'elles soient, dont la contraception et l'avortement sécurisé. C'est aussi ne pas transiger sur les engagements financiers pris par les Etats développés à l'ONU de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l'Aide Publique au Développement, dont 10% aux questions de population. Les nouvelles sources de financement possiblement dégagées par la future taxe sur les transactions financières dans nombre de pays devront être destinées à des politiques de développement centrées sur l'humain, qui ne laisseront pas de côté la thématique des adolescentes.

Alors que le G20 doit se réunit à Cannes, nous, parlementaires et associations, exhortons les Etats et gouvernements à faire des adolescentes, véritable levier oublié des politiques de développement, une priorité de l'agenda international.

Les députées et député Jean-Paul Bacquet, Marie-Odile Bouille, Danielle Bousquet, Marie-Françoise Clergeau, Catherine Coutelle, Pascale Crozon,Henriette Martinez, Anny Pousinoff, Catherine Quéré, Philippe Tourtellier
Les sénatrices Michèle André et Fabienne Keller
La députée européenne Françoise Castex
Dr. Marie-Claude Tesson-Millet, présidente d'Equilibres & Populations
Carine Favier, présidente du Planning familial

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