mardi 15 novembre 2011

Le peuple, pas la populace


Quand vient l'heure de l'adversité, tous deviennent courageux contre celui qui tombe. Lord Byron

Je n’ai jamais eu de goût pour le résistant de la 25ème heure.

Pour l’héroïque partisan de la tondeuse sur les femmes qui « couchèrent avec le boche ».

Pour les Charia Hebdo tout confort, forts avec les faibles, faibles avec les forts.

Pour la provoc du beurre, de l’argent du beurre et du cul de la moukère.

Je n’ai que dégoût pour les meutes haineuses qui conspuent l’homme à terre.

Pour les Franz Olivier Giesbert qui lèchent, lâchent et lynchent puis en font un bouquin.

Pour tous ceux qui hurlent avec les loups quand ça ne risque plus rien.

Pour les foules hargneuses, qui soulagent leurs rancoeurs sur l’homme seul.

La foule est un con.

Je n’en partage ni l’ivresse bestiale, ni l’hystérie de l’instinct.


C’est pourquoi je ne prends aucun plaisir à voir partir Berlusconi sous les crachats.

D’autant que le peuple, si peuple il y a, n’y est pas pour grand chose, qu’il pourrait en avoir au moins cette conscience là, et que ce qui se profile pourrait bien être plus terrifiant encore.

Si je n’ai que mépris pour ce triste Silvio, ce clown fardé, ce pitre lifté, ce populiste pitoyable pour concierges, ce Bernard Tapie mafieux, je le renvoie volontiers à sa momie, tant même à terre, il conserve empire et pouvoir de nuisance.

S’il est un pire danger aujourd’hui, ce n’est pas le guignol congédié par les marchés qui part mais bien les techniciens du mécano bancaire recrutés par l’oligarchie, qui arrivent .

Car l’ennemi aujourd’hui n’est plus le démagogue vulgaire, le Mussolini à paillettes, le téléfasciste racoleur mais bien ce système clinique, autrement plus sournois et pernicieux, faits de bureaucrates interchangeables à la norme iso 9001.

Les ennemis aujourd’hui ce sont ces golden boys formatés, Draghi, Monti, Papademos, ces serviteurs dévoués, conçus in vitro dans le même Sachs, ces techniciens lisses et insipides du sale boulot et de la dissection des nations.

Je ne pensais pas qu’on serait tombé si bas, qu’un jour peut être, j’irais à regretter les marionnettes poujadistes, ces enfants de la télé, cabotins capricieux et incultes.

Car, au moins, avant l’arrivée des hommes machines du projet kafkaïen, avions nous à faire, dans toute leur médiocrité, leur veulerie et leur petitesse, à des humains encore.

Et il faut être bien con ou bien banquier, pour penser que des comptables surdiplômés sachent diriger adroitement et sans désastre les peuples.

Les administrer peut être

les gérer tout au plus,

avant le chaos.



C’est donc bien quand les ennemis sont au faîte de leur gloire et de leur toute puissance qu’il faut mordre et cogner.

Si je n’ai guère de goût pour la basse vengeance, le défoulement des lâches, le lynchage de Kadhafi, j’ai de l’inclination pour la lutte finale et la revanche de classe.

Encore faudrait-il qu’au-delà des jets de quolibets et des manifs folkloriques, le peuple, s’il existe, ne s’abaisse pas au rang répugnant de populace.

On ne se grandit pas à humilier.

Qu’entre la masse statistique tout à l’adoration de ses idoles et la foule enivrée d’elle-même zappant son petit père des pipoles, le peuple se soulève pour mieux s’élever encore.

Quand viendra le jour, et il n’est pas si lointain, où notre paltoquet à nous aura le nez dans son fumier, je serai le premier à revendiquer pour sa dignité.

Ne serait-ce que pour bien montrer que le peuple, s’il existe, peut avoir autrement plus d’élégance et d’humanité que le dernier des ploutocrates.

tgb

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