mardi 27 décembre 2011

Chômage de novembre : en 2012, ce sera pire


Outre les 29.900 inscrits supplémentaires de l'officielle catégorie A, la hausse devient spectaculaire si l'on englobe l'ensemble des «demandeurs d'emploi tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» (catégories ABC) : +51.800.


Il paraît que c'est la plus forte progression mensuelle depuis mai 2009.

On lit aussi un peu partout que le chômage a atteint un niveau jamais égalé depuis 12 ans : novembre 1999 exactement. Pourtant, le pire était à venir les années suivantes. Petit retour en arrière...


10,2% de chômeurs en mai 2005

En effet, fin 2003, la France comptait 10% de chômeurs. Pourtant, nous n'étions pas encore en crise... Quoique ?

En cause, le violent «retournement conjoncturel» de l'automne 2001 qui, en deux ans, a mis sur la paille quelque 450.000 personnes. Déjà à l'époque, les jeunes et surtout les seniors — qui se découvraient "trop vieux" à 40 ans — étaient les plus frappés. Après une légère baisse en 2004 (on est repassés en juin sous la barre des 10%… à 0,1 point près), le chômage est remonté de plus belle, atteignant 10,2% en mai 2005. Puis il a à nouveau décru, lentement, lentement, laissant derrière lui de nombreux chômeurs de longue durée condamnés au déclassement et à la pauvreté.


110.000 nouveaux actifs par an à caser

Dans ce petit flashback, n'oublions pas le poids de la population active. En 2005, un taux de 9,6% de chômage au sens du BIT correspondait à 2,4 millions de chômeurs officiels (sur un total de 27,6 millions d'actifs). En 2011, un taux de chômage à 9,3% correspond à… 2,6 millions de personnes. Or le souci — car dans ce contexte, hélas, c'en est un —, c'est que notre population active continue de croître : aujourd'hui riche de 28,4 millions d'individus, elle devrait dépasser les 31 millions en 2060. Chaque année, nous gagnons plus de 100.000 actifs que le marché du travail a de plus en plus de mal à accueillir. Si, d'ici peu, les créations d'emploi ne suivent pas, nous courrons à la catastrophe.

Depuis 2008, «la crise» a déjà détruit plus d'un demi-million d'emplois salariés. Aujourd'hui, au troisième trimestre 2011, notre taux de chômage officiel s'élevait à 9,3% en métropole et, fin novembre, Pôle Emploi compte 5,375 millions d'inscrits toute catégories confondues avec les DOM et les chômeurs âgés en DRE (dispense de recherche d'emploi, non catégorisés). Or, «la crise» entre dans une nouvelle phase et certains experts chagrins prévoient son explosion à près de 11% fin 2012.


La deuxième vague du tsunami


Selon l'OFCE, la vague de l'automne 2008 a fait beaucoup de ravages mais ça aurait pu être pire car, depuis 2009, les entreprises n'auraient pas assez réduit leur masse salariale. Après une fausse accalmie comparable à l'œil d'un cyclone, une deuxième [1] vague se profile à l'horizon : les entreprises sont en train de réajuster leurs effectifs en ne remplaçant pas certains salariés sur le départ et en gelant les embauches; d'ici six mois, l'économie se contractant toujours plus, elles vont recommencer à mettre en place des plans sociaux. Donc le chômage, qui n'a jamais baissé, va à nouveau bondir à partir de la rentrée 2012.

C'est la fin de l'année et je vous avoue que j'ai un poil dans la main. Au lieu de décortiquer moi-même les chiffres du mois dernier comme je m'y emploie d'habitude, je vous laisse consulter le travail qu'a déjà effectué notre ami Patdu49 dans Le Post.

Et pour les curieux qu'elle ne rebute pas, si vous avez envie de l'éplucher en cherchant la petite bête, vous pouvez télécharger ici la dernière note de la Dares/Pôle Emploi. Et je vous dis à l'année prochaine pour les mauvais chiffres de janvier dont le gouvernement, impuissant et complice, prendra acte.

Sophie Hancart

[1] J'ai volontairement employé l'adjectif "deuxième" (et non "seconde") car une troisième vague n'est pas à exclure.

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