Depuis longtemps, Greenpeace a l'image d'une organisation qui soigne particulièrement sa communication. Alors de temps à autre, ses militants sont tenus de se lancer dans des coups d'éclat communicationnels, ne serait-ce que pour soigner l'image de l'organisation.
Le coup du "coucou, c'est nous", lancé au matin du 5 décembre de l'intérieur de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, participait de manière évidente d'une bonne vieille stratégie de filles et fils de pub désireux de "porter un message".
On espère que le message - "Le nucléaire sûr n’existe pas" - n’était pas plus lourd à "porter" que la banderole...
Coucou, c'est bien Greenpeace.
Avec un sens très affuté de la pédagogie – ou de la didactique, je confonds toujours -, le blogue associé à cette "action" explique tout :
11h02 : Rappelons ici la démarche : Cette action montre à quelle point les centrales nucléaires françaises sont vulnérables : de simples militants, aux intentions pacifistes, ont réussi, avec peu de moyens, à atteindre le cœur d’une centrale nucléaire ! Pourquoi ? Comment ? Car les dispositifs de sécurité existants sont insuffisants ! Greenpeace demande au gouvernement d’élargir le périmètre de l’audit des installations nucléaires françaises en y intégrant l’ensemble des risques.
(La dernière phrase est graissée d'origine.)
Voilà qui est clairement exprimé, mais on peut se demander si manifeste talent didactique – ou pédagogique – ne pourrait pas être utilisé pour atteindre le vrai cœur du faux "débat" engagé, selon les règles démocratiques d'un temps de crise, sur le choix qui a été fait de l'énergie nucléaire. Car enfin, ce qui reste central dans tout cela, il semble, c'est encore et toujours de montrer – inlassablement – pourquoi ce fut une erreur grandiose, sachant ce que nous savions déjà, de s'engager dans la voie de l'électro-nucléaire et pourquoi il est urgent, sachant ce que nous savons maintenant, de s'en désengager.
Greenpeace a préféré aborder le terrain glissant, et en pente, du sécuritaire.
Et a obtenu une réponse sécuritaire : du totalement sûr, on ne sait pas faire ; mais du plus sûr, si vous en voulez, on peut vous en donner.
Alors, on rassure :
Dans un communiqué, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a estimé mardi que les intrusions de Greenpeace "ne remettent pas en cause la conception des dispositifs de sécurité des sites nucléaires français".
Et on assure :
Le gouvernement français a décidé de renforcer la directive de sécurité des installations sensibles après le coup d'éclat de Greenpeace, qui s'est introduit dans deux centrales nucléaires.
Les mesures de protection passive des 58 réacteurs français seront également durcies, ont précisé mercredi les ministres de l'Intérieur et de l'Industrie, Claude Guéant et Eric Besson, lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.
Encore un ou deux coups pédagogiques et/ou didactiques de cette ampleur, et on nous promettra, malgré la crise, d'établir au plus vite un glacis militaro-policier autour de chaque réacteur nucléaire, au prétexte que la sécurité de nos concitoyens est un droit républicain intangible.
Au besoin, on pourra envisager une "protection" plus active que "passive" des 58 sites... C'est d'ailleurs le genre d'idée qui peut venir au premier jeune crétin venu, touittant comme un grand à ses moments perdus :
"La gendarmerie aurait du abattre les terroristes de #greenpeace ! Ils ne meritent pas de traitements particuliers…"
En vérité, en vérité, je vous le dis, on reconnaîtra un jour que monsieur Maxime Buizard, ci devant porte-parole des Jeunes Populaires (UMP) du Loiret, était un précurseur et qu'il a payé pour avoir eu raison avant les autres.
Pour l’instant, je suppose que ce pauvre jeune homme doit être bien déçu. Car on ne devient pas porte-parole des Jeunes Pop, comme disent les jeunes, du jour au lendemain, j'imagine. On a, en général, appris à faire un beau nœud de cravate bien avant d'avoir fait sa première communion. L'inconvénient, c'est que la cravate, cela serre un peu, et il arrive que l'irrigation cérébrale pâtisse de ce fait. Mais arrivé à dix-huit ans, on a déjà derrière soi une longue expérience des mandats électifs en tant que délégué de sa classe d'abord, et ce depuis la sixième, puis en tant que représentant des élèves au conseil d'administration de son lycée. Il y a là de quoi vous cheviller au corps, et à jamais, cette volonté de mettre toute son intelligence au service de la chose publique. Volonté dont notre bouillant précurseur vient de donner, avec une certaine impatience, une preuve éclatante.
Patience...
On a déjà retrouvé 150 fusils à pompe, on est en train de les vérifier et de les graisser pour les distribuer "principalement au bénéfice des brigades anticriminalité (Bac)".
On en trouvera d'autres.
Patience...
Bel article !
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