Depuis 36 jours, Alfredo et Rosa sont en grève de la faim, avec les autres prisonniers politiques indigènes, membres du collectif de la Voz del Amate. Le principal porte-parole de ce groupe, Alberto Patishtán Gómez, qui lui aussi refuse de s’alimenter, a été transféré dans une prison du Sinaloa, dans le nord du pays.
L’enfant est mort, parce que ses grands-parents n’ont pas réussi à le faire soigner en urgence à l’hôpital de Teopisca (1).
Le gouverneur Sabines s’est contenté, jusqu’à présent, d’envoyer sa police réprimer les sympathisants des détenus politiques, qui campent devant la cathédrale de San Cristóbal de Las Casas.
Sur les écrans publicitaires, le gouverneur se proclame défenseur des droits des indigènes. Sur le terrain, les groupes paramilitaires, à son instigation, harcèlent les communautés zapatistes. Leur objectif est de déloger ces paysans qui s’obstinent à vouloir rester sur leurs terres. Ces indigènes font obstacle aux projets miniers, hydroélectriques, routiers et « écotouristiques » d’une poignée d’entreprises canadiennes, étatsuniennes et européennes, auxquelles le gouverneur a accordé des concessions sur plus de 500 000 hectares. D’importants investissements sont en jeu. De plus, les minerais recelés par le sous-sol de la région (2), les profits escomptés des opérations immobilières et touristiques, représentent pour les économies industrielles un ballon d’oxygène indispensable à la poursuite de leur folle escalade.
C’est que l’on n’arrête pas le progrès. Natanael, 4 ans, en est la triste preuve.
Jean-Pierre Petit-Gras
3 novembre 2011
1- Lire l’article de Hermann Bellinghausen, La Jornada du 03/11/2011. Des actions de soutien aux grévistes de la faim se déroulent actuellement dans plusieurs pays européens, dont la France.
2- Or, uranium, baryte et ces fameuses terres rares, indispensables pour l’industrie de l’électronique et de la défense. Le Mexique est l’objet des plus importants investissements d’Amérique Latine dans ces secteurs. Les peuples indigènes du pays, des Yaquis au Nord aux Mayas du Chiapas et du Yucatán, en passant par les Wixaricas du Jalisco, les P’urépechas et les Nahuas du Michoacán, les Me’phaa et les Suljaa’ du Guerrero, les Zapotèques, Mixtèques ou Triquis de l’Oaxaca, et bien d’autres, sont à la fois ceux qui résistent le plus fortement aux politiques de déprédation généralisée, et les cibles principales de la violence « collatérale » exercée par le gouvernement de Felipe Calderón, au nom de la « guerre contre le narcotrafic ».
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