samedi 25 février 2012

Chômage de janvier : un «ralentissement de l'augmentation»



Egal à lui-même et adepte de la méthode Coué, Xavier Bertrand trouve toujours le moyen de glorifier «le résultat des efforts déployés» par le gouvernement. 14.000 chômeurs en plus au lieu des 30.000 habituels, c'est en effet une grande victoire ! Il ne lui reste plus qu'à trouver un emploi durable et correct à 5 millions de Français.

Décortiquer la note mensuelle de la Dares/Pôle Emploi ? On ne s'en lasse pas... D'autant plus que ce mois-ci, si on la compare avec celle du mois précédent, on détecte des différences inexpliquées sur les chiffres de décembre 2011.

En effet, selon la note de janvier, en décembre 2011, il y avait 2.874.500 chômeurs de catégorie A en métropole.
Sur celle de février, dans la colonne de décembre 2011, ils ne sont plus que 2.848.300 !?! Et en janvier 2012, ils sont 2.861.700, soit moins qu'en décembre… Allez comprendre !

Visez un peu ces captures d'écran :

Note N°006 - Janvier 2012




Note N°012 - Février 2012



D'où viennent ces écarts que personne ne semble relever ?
Les chiffres de décembre 2011 publiés fin janvier étaient-ils faux ?
Comme nous n'avons pour l'instant aucune explication à fournir, nous allons procéder à notre décryptage habituel sur la base des dernières données.


Catégorie A
(chômeurs officiels, sans activité aucune) : +13.400
Ils sont 2.861.700 en métropole, 3.097.800 avec les DOM.
Progression annuelle : +6,2% en métropole, +5,9% en France

Du côté des chômeurs qui demeurent inscrits tout en exerçant des petits boulots, faute d'emplois véritables, on note un nouveau recul de l'activité réduite, signe que le volume de ces jobs diminue...

Catégorie B (chômeurs en activité réduite inférieure à 78h/mois) : -4.700
Ils sont 557.600 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +3,9%

Catégorie C (chômeurs en activité réduite supérieure à 78h/mois) : -3.900
Ils sont 838.900 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +4,3%

Au total, le nombre des inscrits en catégories ABC — c'est-à-dire l'ensemble des demandeurs d'emploi «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» — a crû de 4.800 en métropole.

Ils sont désormais 4.258.200 en France métropolitaine, 4.525.900 avec les DOM.
La hausse annuelle s'élève à 5,5%.


Maintenant, les voies de garage...

Catégorie D
(chômeurs non disponibles car en arrêt maladie ou en maternité, en stage, formation ou convention de reclassement) : +2.000
Fin décembre, ils sont 239.300 en France métropolitaine.
Variation annuelle : -2,9%

Catégorie E (chômeurs non disponibles car en contrat aidé) : +7.300
En France métropolitaine, ils sont 370.000 ainsi occupés.
Variation annuelle : +5%

On note que les injonctions du gouvernement en matière de fourgage de contrats aidés avant les élections portent leurs fruits.

Au total, fin janvier 2012, toutes catégories confondues (ABCDE), le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en métropole s'élève à 4.867.500 (+5% sur un an). Avec les DOM, on arrive à 5.160.600, soit 14.800 personnes en plus par rapport à décembre.

A ces 5.160.600 inscrits, il convient d'ajouter les 160.700 "seniors" indemnisés de métropole (chiffre non précisé pour les DOM) bénéficiant d'une "dispense de recherche d'emploi" (désormais supprimée), non catégorisés.

Ainsi, on dépasse 5,3 millions.


Dans le détail...

L'ancienneté moyenne des inscrits des catégories ABC ne cesse de battre des records, atteignant 461 jours (contre 437 il y a un an), soit plus de 15 mois. La moyenne d'inscription des sortants est stable à 247 jours.

Du côté des chômeurs de longue durée, bien évidemment, aucune amélioration. Ils sont désormais 1.621.400 dans les catégories ABC de métropole (+7.500 en un mois), auxquels on peut rajouter les 370.000 chômeurs de catégorie E et les 160.700 seniors en DRE. Ainsi le volume des "DELD" — comme on les appelle — dépasse toujours 40% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi, hors DOM.

Parmi eux, 726.500 perçoivent le RSA (+7% sur un an).

En glissement annuel, le volume des inscrits depuis plus d'un an a augmenté de 6,7%. Celui des inscrits depuis plus de 3 ans — enkystés dans la crise depuis 2008 — a bondi de 22,7%. Entre les deux (2 à 3 ans d'inscription), la progression est de 7%.

Du côté des seniors, par rapport à décembre, on note pour la première fois un recul des inscriptions des chômeurs de plus de 50 ans dans les catégories ABC de métropole : -3.800.
Ils sont 861.500 dont plus de la moitié (448.700) sont des femmes.
Progression annuelle : +14,3%

Du côté des entrées, on note que les fins de CDD (+6% sur un an) et de mission d'intérim (+8,8%) représentent toujours un tiers des motifs.

Et on attend toujours que les organisations patronales qui siègent à l'Unedic cessent de faire barrage aux propositions de taxation de l'emploi précaire : rapportant quatre à cinq fois moins en cotisations que ce qu'il coûte en indemnisation, il ruine l'assurance chômage dont le déficit cumulé dépasse 11 milliards.

Du côté des sorties, on note une recrudescende des «cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation» (209.300, en hausse de 3% sur un an), et une baisse des radiations administratives (38.000, en recul de 20% sur un an) et des «autres cas» (50.000, en recul de 11% sur un an). Ces trois motifs représentent 64% du volume des sorties : en comparaison, les reprises d'emploi déclarées n'en pèsent que 22%.

Du côté des offres, c'est pathétique. En janvier, Pôle Emploi n'en a collecté que 271.200, DOM compris. Et le compteur d'offres en ligne du site pole-emploi.fr n'en propose que 146.137.

Malgré tout, à l'instar de Xavier Bertrand, restons optimistes. Pour le mois prochain, nous prédisons une «baisse accélérée du ralentissement de l'augmentation».

SH

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire