vendredi 24 février 2012

Une image excellente pour l’Espagne



Depuis 1995, le Parti Populaire – la droite d’origine franquiste – gouverne la région de Valence, située au sud de la Catalogne. Ces dix-sept ans ont été une véritable orgie de corruption qui a vidé les caisses publiques. L’arrivée de la crise économique, aggravée par le fait que l’agence Moody a rétrogradé les titres de crédit de cette communauté à la catégorie “ junk bond ” (titres pourris) a mis le gouvernement dans une situation impossible, car il ne peut plus cacher la faillite en continuant à s’endetter, comme il l’avait fait jusqu’ici. La situation est tellement critique que le gouvernement ne peut même pas payer les factures d’électricité et les élèves doivent amener des couvertures en classe pour se protéger contre le froid de l’hiver. Et quelle est la réponse du pouvoir de la démocratie espagnole aux étudiants et élèves qui réclament le droit à une éducation convenable ? Très simple: la matraque.- Tlaxcala

DANGER: policier en liberté ! - Juan Kalvellido, Tlaxcala

En réponse à des journalistes qui lui posaient des questions sur les violentes charges policières de Valence, Mariano Rajoy a fait un appel à la “ sérénité et la responsabilité de tous ” pour qu’on évite de donner “une image qui n’est pas celle de notre pays ”. Le Premier ministre a voulu faire une déclaration institutionnelle équilibrée à laquelle on peut faire quelques objections.
Tout d’abord, les incidents de cette semaine à Valence ne sont pas l’effet sporadique de caprices d’adolescents “ difficiles ” voulant s’amuser. Les élèves (et leurs enseignants et leurs parents) du Lycée Lluís Vives manifestent pour protester contre les très dures coupures budgétaires dans l’éducation décidées par le gouvernement local et par le gouvernement national, tous les deux dirigés par le Parti Populaire de Rajoy.

Deuxièmement, les manifestations étudiantes consistent en des blocages de la circulation et il on n’a pas constaté d’attaques contre des personnes ou du mobilier urbain : la seule violence établie par des images et des témoignages directs a été celle exercée par la police contre ce que son chef valencien considère comme “ l’ennemi ”.

Troisièmement, le fait que des garçons et des filles mineurs soient tabassés n’est pas une question “ d’image ”, mais un usage disproportionné de la force qui doit faire l’objet d’une enquête du Procureur. Finalement, s’il y a une mauvaise image, ce sera celle du gouvernement et sa délégation à Valence, non pas celle de “ notre pays ”, car cette image des milliers de jeunes qui ont envahi les rues armés de livres est vraiment excellente pour l’Espagne.


Les manifestants brandissant leurs armes ... 



... et la réponse policière



Ce printemps, retour du GRIS*-- Juan Kalvellido, Tlaxcala

* Couleur des uniformes des policiers sous Franco. Dans l'Espagne démocratique, ils sont marrons et les policiers sont donc appelés non plus "los grises" mais "los maderos", qu'on pourrait traduire par les "boiseux" [NdE]

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