mercredi 1 février 2012

Face au FN, des ripostes à géométrie variable



Zéro réaction. Cette semaine, le PS et l’UMP n’ont pas jugé nécessaire de dénoncer la participation de Marine Le Pen à un bal d’extrême droite en Autriche, ni les propos polémiques de son père dans la foulée (lire notre article).

SOS Racisme y a pourtant vu un «bal immonde pour nostalgiques du IIIe Reich», le Front de gauche une «VRP de la haine en week-end» et le MoDem un «bal tragique» qui fait «tomber le masque»de la candidate frontiste. L’équipe de Bayrou a aussi dénoncé «l’allusion antisémite» de Jean-Marie Le Pen. Et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) s'est «s'inquiétée du silence de la société civile et de la classe politique».

Le PS et l’UMP nous avaient pourtant habitués à plus de réactivité, diffusant des dizaines de communiqués à l’occasion du discours du Bourget de François Hollande ou de l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy (25 côté UMP sur la seule émission de dimanche, quasiment autant côté socialiste). Sur le terrain, dans les marchés, il est pourtant beaucoup question de Marine Le Pen. Mais l’UMP et le PS s’enferment dans un duel. Qui riposte aujourd’hui au Front national ? Et comment ? Mediapart a fait le tour des partis.

C’est un cadre de l’UMP qui le confie, sous couvert d’anonymat (lire notre “Boîte noire”) : «Si le PS et l’UMP ne tapent pas suffisamment sur le Front national, c’est parce qu’il y a une part de calcul électoral.» Il va même plus loin. «A l’UMP, on n’a pas intérêt à donner l’impression que notre adversaire c’est le FN, ni à lui donner de l’importance. Son électorat est volatil, on en aura besoin au second tour, il ne faut pas le braquer.» La stratégie serait donc la suivante : «En parler, mais pas trop abondamment. On tape fréquemment sur son projet, mais en restant sur l’économie et le social. On n’a pas intérêt à parler des autres thématiques (immigration, peine de mort, etc.), on a peur d’être moins audible.»

En d’autres termes, si l’on veut continuer à séduire l’électorat droitier avec le thème de l’immigration par exemple, difficile de dénoncer le discours de Marine Le Pen. Dans ses interventions d’ailleurs, Nicolas Sarkozy ne cite jamais la présidente du FN, mais accumule clins d’œil et appels du pied à ses électeurs. Quand il célèbre les 600 ans de la naissance de Jeanne d’Arc. Ou lors de ses vœux aux forces économiques, le 19 janvier, lorsqu’il évoque «ceux qui souffrent» et se «tourn(ent) vers celui qui crie le plus fort, non pas parce qu'il a la solution, mais parce que, au moins, il exprime une colère». «Dans un pays en difficultés, celui qui crie le plus fort est souvent le plus entendu», a-t-il redit sur huit chaînes, le 29 janvier. Ou encore quand, ce même 29 janvier, il envoie Gérard Longuet à Perpignan inaugurer hier matin le centre de documentation des Français d'Algérie à Perpignan (lire ici), où ce dernier chantera à plein poumons «Le chant des Africains» (le chant de l'OAS).

Le député du Nord et secrétaire national Sébastien Huyghe est l’un des “riposteurs” de l’UMP. Lundi, il affirme à Mediapart qu’il n’était «pas au courant» de l’épisode viennois de Le Pen. Trop rivé sur l’agenda du PS ? «C’est un non-événement, ça ne mérite pas de réponse, ça mettrait en valeur le FN, ça leur permettrait de se victimiser», répond-il. Pour lui, «la diabolisation ne fonctionne pas. A partir du moment où vous jetez de l'opprobre les gens vous répondent “on est des adultes, on choisit seuls”. On préfère une stratégie de pédagogie.»

L’UMP n’a pourtant livré ni argumentaire ni tract à ses militants. Il explique : «On est monté au créneau sur les éléments du projet de Marine Le Pen (retour au franc, repli sur soi) en expliquant, avec des chiffres, que ce serait une catastrophe. On ne va pas réagir à la moindre phrase, surtout qu’elle tourne autour de trois ou quatre thèmes.»

«On préfère être sur le terrain des idées, de la promotion de notre propre projet», précise-t-il. Même argument avancé par une autre “riposteuse” de l’UMP, la copéiste Valérie Rosso-Debord : «La campagne, on la fait surtout sur nos propositions, on a sorti des tracts sur notre bilan.» La députée de Meurthe-et-Moselle oublie de dire que, outre ce tract pour défendre le bilan de Sarkozy, l’UMP a tiré un tract anti-PS à trois millions d’exemplaires après la primaire, et un autre à six millions sur le «programme caché de Hollande». Surtout, le parti présidentiel a mis sur pied deux cellules ripostes pour répliquer au PS et a consacré une convention entière au démontage de son projet. Deux poids, deux mesures ? «L’adversaire, c’est d’abord le PS, c’est très clair», dit le cadre de l’UMP.

Pour Valérie Rosso-Debord, des tracts ou des communiqués contre le FN seraient «contre-productifs». «Parler de Marine Le Pen, n’est-ce pas la valoriser ou la normaliser ?», interroge-t-elle. Elle cite les quatre pages d’interview de la présidente du FN dans Elle, qui l’ont «choquée». Mais aussi la biographie de Caroline Fourest, «un livre tellement engagé que certains peuvent en sortir convaincus du contraire». Elle ajoute : «Les gens ne lisent pas, le jeune tenté par le FN encore moins, c’est extrêmement compliqué. Face à un discours populiste, c’est difficile d’avoir un discours intelligent. Il faut du temps. Notre angle d’attaque, ce sont les jeunes, via l’action des Jeunes Pop. Beaucoup sont attirés par le FN et ont un discours inquiétant, notamment sur l’immigration. Et ils sont un vrai réservoir de voix pour Marine Le Pen.» Sur le site des Jeunes Populaires, on trouve un article dénonçant leprogramme économique du FN, mais l'adversaire semble clairement être le PS.

« Pas grand-monde à l’UMP et au PS imagine Le Pen au second tour »




Auteure du Front-antinational (éd. du Moment, 2011), qui rappelle que le parti de Le Pen n’a rien d’un «nouveau FN», la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet semble quelque peu à contre-courant de son parti : «Je suis de ceux qui pensent qu’il faut accepter le débat avec le FN, la stratégie “faisons comme si de rien n’était et il finira par disparaître” ne marche pas. Il faut purger ce débat, rappeler l’héritage de Le Pen, d’où mon livre.» Elle a d’ailleurs affronté Marine Le Pen lors d’un débat sur i-télé / Europe1 en septembre dernier:

«

"Il faut répondre sur le fond. Surtout en ce moment où Marine Le Pen joue sur tous les tableaux, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, dans un grand mélange idéologique.» Mais pour elle, «la réponse rationnelle est insuffisante, elle ne touche qu’une frange politisée». «Faire un tract sur le FN, ça ne marche pas. Il faut parler. La riposte, elle est sur le terrain, dans l’action.» Et pas dans la rafale de communiqués, dit-elle en se distançant de la «cellule riposte» de l’UMP : «Je ne m’occupe pas du tout de cela, et je n’en suis pas une fana, il y a un côté stalinien.» Elle pense en revanche qu’il faut «être présent sur Internet où l’extrême droite fait beaucoup de "buzz"». Pourquoi, dans ce cas, ne pas fournir des argumentaires aux militants UMP ? «On le fait, j’en ai vu un sur l’intranet de l’UMP», jure-t-elle.

Pour expliquer la faiblesse de la riposte à droite, ce cadre UMP avance une autre raison : «Il n’y a pas grand-monde à l’UMP et au PS qui imagine Le Pen au second tour. L’expérience de 2002 fait penser que l’électorat aura un réflexe de vote utile au dernier moment, veut-il croire. Si elle est si haute dans le sondages, c’est parce que Sarkozy est bas.» «Beaucoup de gens (à l’UMP) considèrent que ce n’est pas la priorité», reconnaît NKM, qui pense que cela diffère selon les circonscriptions d’origine.

Dans certaines «circo», des élus UMP (notamment de la Droite populaire) ont au contraire préparé le terrain aux frontistes en s’emparant de leurs thèses. Au lieu d’être une digue, ils ont joué les passerelles. Embarras d’un permanent du parti : «Vous remarquerez qu’il n’y a pas une proposition du projet 2012 qui vienne de la Droite populaire, il y a un vrai cordon sanitaire.» Valérie Rosso-Debord, elle, renvoie la balle aux socialistes : «Le problème du PS, c’est qu’il a intérêt à ce que le FN monte, à provoquer des triangulaires, c’est un jeu pervers.»

Au MoDem, en revanche, on aurait tout intérêt à combattre Marine Le Pen, qui dispute à François Bayrou le titre de candidat «hors système» (elle l'a accusé de plagiat sur l'une de ses formules). Le candidat démocrate, tout en dénonçant la montée des extrêmes, disserte peu sur le Front national, parlant plus volontiers de ses adversaires du PS et de l’UMP. Contactée par texto et coup de fil, la numéro deux du MoDem, Marielle de Sarnez, n’a pas répondu à nos demandes sur le sujet. «Il n’y a pas de feuille de route, ni d’argumentaires nationaux, explique Jean-François Martins, directeur de communication du mouvement. C’est à l’initiative des fédérations locales», dit-il en citant le blog du militant Yves Delahaye, dans le Nord. Le blogueur signe très régulièrement des billets sur la candidate du FN, mais souvent aussi pour dénoncer la comparaison... avec Bayrou (exemples ici et ).

Quant aux écolos, confrontés à d’autres problèmes en ce moment avec la candidature d’Eva Joly qui patine, la préoccupation n’est pas franchement à la concurrence avec le FN, plutôt à la remobilisation de son propre électorat. Dans les discours, les figures d’Europe Ecologie-Les Verts demeurent donc dans le registre classique de la dénonciation sans concessions d’un parti d’extrême droite. Ainsi Eva Joly, lors d’un récent entretien à Mediapart, déclarait : «Marine Le Pen n’a aucune légitimité pour s’arroger le monopole de la morale publique, bien au contraire (…) Elle s’est donné la peine de naître avec une cuiller en argent dans la bouche, et va hériter de la fortune d’un ancien tortionnaire d’extrême droite, qui en a lui-même hérité dans des conditions sordides.» Ce mardi, Daniel Cohn-Bendit s’exclamait, après l’affaire du «bal de Vienne» : «Si Mme Le Pen va voir des déglingués fascistes du FPOE à Vienne, ça m'est égal, ça lui correspond. Elle a le droit d'aller voir les débiles mentaux qui sont de droite et d'extrême droite en Autriche. Je ne vois pas pourquoi on perd son temps avec ça.»

«Sur les marchés, l’adversaire, ce n’est plus Sarkozy, mais Le Pen»


Côté PS, pour l’heure, la dénonciation du Front national ne figure pas comme une priorité du candidat Hollande. Après un court passage lors du discours du Bourget, il a consacré une partie de son intervention lors de son meeting de Brest, ce lundi, à la montée en puissance de Marine Le Pen. Toujours selon le même axe de contestation : l’extrême droite et le vote utile.

«Je vous préviens sur l’extrême droite. Elle est là, partout, à un niveau que nous n’avions jamais connu, même le 21 avril 2002,dit Hollande. Elle fait semblant d’avoir changé : c’est la même. Même nom, mêmes idées, mêmes mauvaises pensées, même rendez-vous avec l’extrême droite européenne (…) Ne laissez pas les ouvriers voter pour un parti qui dessert leur intérêt ! Ne laissez pas des jeunes faire un vote qui est finalement le retour au pire du passé de notre Histoire !» Et de marteler le même message : «Ecartez le risque de la dispersion, le risque de l’avertissement, du vote de colère, de tous ceux qui disent : "Je vous retrouverai au second tour." Mais au second tour, je ne serai peut-être plus là !»

Sur le terrain, les alertes se multiplient. Lors du rassemblement des secrétaires de section au Bourget, le matin du discours de lancement de campagne de Hollande, ils furent nombreux à faire le même constat (lire notre reportage), ainsi résumé par un cadre de l’Hérault : «Sur les marchés, l’adversaire, ce n’est plus Sarkozy, mais Le Pen. Non seulement les gens ne se cachent plus, mais ils hurlent désormais leur envie de voter FN, et on voit d’autres gens les rejoindre pour leur dire leur accord ! C’est bien plus fort qu’en 2002…» Pour Nelly Morisot, proche d’Arnaud Montebourg en Savoie et Haute-Savoie, «le FN a de réelles chances d’être en tête au premier tour. Or il y a un vrai mépris pour les électeurs, comme si la seule façon de répondre c'est d'expliquer que le FN c'est mal». Selon elle, «il n’y a pas de réelle prise de conscience au PS selon laquelle beaucoup de gens, y compris de gauche, envisagent de voter Le Pen, en voulant exprimer un ras-le-bol».

Face aux avertissements de la base, le PS s’est malgré tout décidé à se mettre en branle, lors d’un bureau national fin décembre, installant une cellule riposte spécifique, où l’on retrouve Najat Vallaud-Belkacem et Guillaume Bachelay, secrétaires nationaux et récents auteurs d’un abécédaire anti-FN (Réagissez, éditions Jean-Claude Gawsevitch), et coordonnée par Alain Bergounioux. Ce dernier, intellectuel organique du PS, met la touche finale à un argumentaire d’une cinquantaine de pages, «à usage interne», qui sera envoyé la semaine prochaine dans les fédérations. «Ça pourra éventuellement nourrir des tracts, nous confie-t-il, mais l’idée est plutôt de nourrir la réflexion pour les débats que peuvent avoir les militants quand ils font campagne.» Il dit avoir privilégié «un usage local», en détaillant les votes dans les conseils régionaux ou au Parlement européen. D’après lui, «l’expérience montre qu’une simple dénonciation du nationalisme du FN ne marche plus, car il a lissé son programme au fil du temps, et des passages entiers sont désormais la reprise de mesures de gauche».



Pour Najat Vallaud-Belkacem, l’objectif de la riposte socialiste«est double : il s’agit à la fois d’élaborer une contre-argumentation aux promesses vides de sens du FN et de démystifier l’extrême droite». Elle souhaite mettre l’accent sur les «conséquences pratiques des mesures préconisées, en particulier en matière économique et sociale, puisque ce sont ces dernières qui font le surcroît d'adhésion dont bénéficie actuellement le FN». Et de prendre l’exemple du chiffrage du projet frontiste. «En apparence il est équilibré. En réalité c’est une mystification, totalement fantaisiste, avec 150 à 200 milliards de dépenses supplémentaires d’ici à 2017 et des recettes totalement fictives – notamment les 88 milliards d’euros provenant d’une sortie de l’Euro. S’il était mis en œuvre, le programme de Marine Le Pen entraînerait un emballement de la dette et la faillite du pays à l’instar de la Grèce. Et les premiers qui paieraient la facture seraient évidemment les plus modestes, dont Marine le Pen se prétend le défenseur.»
Autre versant de l’argumentation, pour Vallaud-Belkacem, la réaffirmation d’«un parti xénophobe et populiste qui renie les valeurs de la République». Elle assène même : «Sous son apparence de fréquentabilité et sous couvert de défense des classes populaires, le FN propose en réalité un programme national-socialiste.» Autre élément de langage, selon elle, le FN au pouvoir s’apparenterait à la Hongrie de Viktor Orban (lire notre série de reportages).

Pour Alain Bergounioux en revanche, et même si «cela peut apparaître comme une petite contradiction avec les valeurs socialistes», réagir aux faits et gestes de Marine Le Pen et critiquer ses paroles serait «en faire un objet de publicité et détournerait l’actualité vers elle et l’aiderait plus qu’autre chose». Le message est clair : «L’adversaire principal, c’est Nicolas Sarkozy. Mais ça évoluera peut-être d’ici la fin de la campagne…»

« Heureusement qu’il y a Mélenchon pour faire le taf »

Ainsi que le note un secrétaire de section socialiste, «heureusement qu’il y a Mélenchon pour faire le taf en ce moment, lui au moins il la cogne, la Le Pen !». Pour Alain Bergounioux, l’ancien sénateur PS et désormais héraut du Front de gauche «est dans son rôle : il est en compétition électorale avec Marine Le Pen et s’attaquer frontalement à Le Pen lui donne de la visibilité et de la légitimité». Jean-Luc Mélenchon et les siens sont effectivement les seuls à prendre la mesure de la percée frontiste et à ne pas regarder ailleurs.

Celui qui fonda le courant Gauche socialiste avec Julien Dray et les militants de SOS-Racisme à la fin des années 1980 n’a rien perdu de sa «sincérité combattante» contre le FN, selon les termes de Bergounioux. Mais si, à l’époque, il militait pour l’interdiction du Front national, il a désormais décidé de «prendre au sérieux»l’héritière de Jean-Marie Le Pen. Via deux petits ouvrages écrits par ses proches, Laurent Mafféis (Les Cinq Mensonges du Front national, éd. Bruno Leprince) et Alexis Corbière (Le Parti de l’étrangère, éd. Flibuste), Mélenchon offre aux militants et aux électeurs un appareillage théorique solide, tant sur les fondements historiques que sur les propositions programmatiques. Le premier s’attelle à démonter le programme frontiste en matière de laïcité, immigration et social, ainsi que sur la sortie de l’euro. Le second revient sur l’héritage idéologique du FN et défend la thèse d’un fascisme à l’italienne, «ni droite ni gauche» et décrypte méthodiquement les tentatives de référencement à l’histoire de la gauche (Salengro, Jaurès, Schœlcher, Marchais) ou à de Gaulle, récemment déployées par Marine Le Pen.


Les deux lieutenants de Mélenchon multiplient les réunions d’éducation populaire sur le sujet (la prochaine en date ce vendredi, au siège du Front de gauche), tandis que le candidat à la présidentielle martèle dans les meetings et les passages médiatiques son aversion de Marine Le Pen, quitte à la traiter de «semi-démente» ou de chauve-souris («les ailes du changement, mais les pattes d’un rat»). «On met en scène le conflit, car on veut que la bagarre avec elle ait lieu, assume Corbière. Alors on lui dit: “Viens te battre !” Idéologiquement bien sûr, on n’est plus dans les bastons de fac…»

Pour cet élu parisien du XIIe arrondissement, il faut face au FN «rester solide sur l’argument moral, mais aussi aller au-delà et mobiliser la méthode Dracula : si on met en lumière son programme et qu’on démontre combien est grande son imposture de candidate des classes populaires, alors il vole en éclats !».Selon lui, refuser la confrontation frontale, comme il en accuse le PS et l’UMP, s’apparente à «un mépris de classe, sous-entendant que l’électorat populaire est forcément xénophobe». D’après Corbière, le problème serait qu’«il est impossible de faire barrage au FN avec un programme libéral, même mâtiné de social. Dans nos argumentaires, nous disons toujours aux militants de commencer le débat d’abord en parlant de notre programme, car il est une vraie alternative au capitalisme, et qu’il ne lâche rien sur l’immigration…» Exemple concret avec Vincent Adami, jeune élu local communiste de Montbéliard, qui s’est affronté à Marine Le Pen devant l’usine PSA de Sochaux…




Pour le rassemblement de la gauche radicale, s’attaquer au Front national n’est pas qu’un moyen de sortir d’une critique anti-PS, qui lui est parfois reprochée. «On veut en finir avec l’idée complètement fausse, mais pourtant totalement admise par les élites politiques et médiatiques, selon laquelle le FN serait le parti des classes populaires», râle Corbière. Et de souligner que «dans les enquêtes d’opinion, il n’y a rien de plus difficile que d’obtenir des panels d’ouvriers», tandis que si on s’attarde sur les «sondages sortis des urnes», réputés plus fiables, lors des dernières cantonales et régionales, «il y a 70 % d’abstention chez les ouvriers, et sur ceux qui votent, la majorité choisit la gauche et les 22-24 % qui votent FN ne représentent, sur le total, que 6 à 8 %… Comment peut-on après dire qu’elle est la seule à leur parler !».


Pour Alexis Corbière, «engager la bataille frontale avec le FN, c’est faire œuvre utile pour toute la gauche. Si on se contente d’une alternance molle, on ne règle pas le problème et Marine Le Pen continuera sa marche en avant. Nous, au Front de gauche, on veut passer devant eux, et arrêter avec le pari indicible de s’arranger de son éventuelle présence au second tour». Cette volonté de «tenir la tranchée» n’est pas seulement un moyen de «conquérir un électorat encore indécis», aux dires de Corbière, mais aussi «de reconstruire une conscience de classe, qui ne considère pas le peuple comme bourrin et raciste, qui ne transige pas sur les principes et qui s’appuie sur le talent oratoire de Mélenchon pour faire de la pédagogie anti-raciste».
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