jeudi 3 novembre 2011

Ça pète de partout, à quand le grand chambardement ?


De la révolution à l'expropriation…

Le dictateur libyen n’était pas encore « otanasié » que le secrétaire d’État au commerce extérieur Pierre Lelouche et le député UMP Renaud Muselier débarquaient le 12 octobre à Tripoli, accompagné de 80 patrons d’entreprises françaises. Sans aucun scrupules, les deux sbires du président Sarkozy entendaient bien assurer le retour sur investissement de l’intervention militaire menée par l’armée française contre l’ancien ami d’hier. 

L’opération « Harmattan » aura coûté quelques 300 millions d’euros au contribuable français, ce qui faisait dire au sous-ministre qu’il n’avait « aucun complexe » à venir s’approprier les richesses pétrolières (et autres infrastructures à construire et reconstruire) au peuple enfin débarrassé de leur fanatique guide Kadhafi. La délégation de rapaces est donc venue à la rencontre du CNT – pas le syndicat mais le gouvernement de transition en uniforme. Un comité national de transition, qui annonçait fièrement dès la fin officiel des hostilités contre l’ancien régime, la remise en place de la charia – la loi islamique comme ciment de la nouvelle société libyenne, tout un programme…

En Libye, comme ailleurs dans le monde arabe qui s’affranchit jour après jour de ses dictateurs mégalomaniaques, les révolutionnaires, qui ont payé avec leur sang et leur vie leur liberté, doivent déjà affronter l’obscurantisme religieux et la rapacité occidentale, toujours prêtes à spolier les peuples. Une dictature en poussant une autre, la capitalo-cratie finit d’étendre ses tentacules sur un pactole estimé à 145 milliards d’euros (sur dix ans), avec l’assentiment des barbus.

Ainsi, en Tunisie, où les élections ont désigner les heureux élus qui rédigeront la constitution et mettrons en place le fonctionnement « théocratique » du pays révolutionné, le parti islamiste « modéré  » (sans rire) ennadha est arrivé en tête. Déjà, une poignée de révolutionnaires est en grève de la faim, parce que blessés ils ne servent plus à rien et risqueraient probablement de s’insurger à nouveau contre cette confiscation, par la nomenklatura tunisienne, d’une révolution qu’ils ont payée dans leur chair. Les touristes peuvent revenir dépenser leurs rentes.

En Égypte, le gouvernement se prépare à transiter pour de longues années…

En Syrie, Bashar al-Assad a massacré plus de 3 000 personnes depuis mars, tandis que son homologue yéménite Ali Abdullah Saleh en revendique à peine 1 500, et ce dans l’indifférence occidentale la plus totale qui a bien d’autres puits de pétroles à pomper.
Pendant ce temps, en Europe comme aux États-Unis, les agences de notation distribuent les mauvais points aux États qui ne se plient pas à une politique suffisamment libérale et austère contre leurs citoyens. Les marchés suivant opportunément les admonestations de ces vigies de bonne conduite économique et financière, augmentant ainsi leurs taux d’intérêts aux emprunts accordés à ces États encore bien trop socialisés à leur goût.
À Rome comme à Athènes, les médias complaisant décrivent des manifestations qui dégénèrent, omettant de détailler les mesures assassinent prisent par les gouvernements contre leur propre population pour satisfaire leurs usuriers.

C’est ainsi que, dans une vision unilatérale de l’économie, les technocrates de la commission de Bruxelles font appliquer, au vieux continent, une politique ultralibérale jugée incontournable, indiscutable et indépassable sauf à sombrer dans les pires heures du communisme stalinien. Une politique confortée par le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui n’entend pas se laisser dicter ses prêches par les ineptes citoyens européens.

Angela l’Allemande et Nicolas le Franzose peuvent convoler en juste opportunisme pour garder leur pouvoir hégémonique sur leno man’s land européen sans trop froisser leur électorat respectif qui pourrait bien les éjecter de leur trône si confortable aux prochaines élections. Parallèlement, et en parfaite symbiose, le G20 accélère ses non-décisions et repousse aux calendes grecques la régulation a minima des banques et la taxation des transactions financières.

De Madrid à Wall Street les indignés ont beau s’insurger et multiplier les initiatives pour dénoncer cette confiscation de la démocratie par l’oligarchie politco-économique, et les anarchistes de gueuler « Ni Dieu, ni État, ni marchés ! », les gourous de l’ordre mondial n’en n’ont cure et entendent bien imposer leur manière « moderne » d’administrer la planète, au mépris des libertés et de la solidarité.

À Tripoli, à Tunis, à Athènes, à Rome, à Lisbonne, à New York, comme à Paris ne laissons plus cette classe privilégiée accaparer nos richesses pour mieux nous asservir. Ne laissons pas les dictatures sanguinaires se substituer à celles, toutes aussi violentes, de la spéculation financière. La révolte ne doit pas conduire à l’expropriation de nos vies et de nos biens par une poignée d’illuminés guidés par leur insatiable soif de profits.
Il est désormais urgent que les révolutions de par le monde soient sociales, libertaires et autogestionnaires pour ne pas se retourner contre la liberté des individus et la solidarité des peuples !

Sébastien Pillias

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