J'irai aussi dire demain à quel point les annonces du gouvernement sont en dessous de tout. Roselyne Bachelot a en effet annoncé ce jeudi à grand renfort de communication les mesures qu'elle allait mettre en œuvre pour faire reculer les crimes sexistes. 5 ans après l'élection présidentielle, c'était le dernier 25 novembre à l'occasion duquel elle aurait pu faire preuve de courage et de détermination sur le sujet.
La ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale a préféré répondre à une double commande du gouvernement : alimenter les déclarations sécuritaires du moment et ne pas dépenser un euro (l’austérité, c’est pour tout le monde, y compris les femmes violées). Résultat : on nous annonce des bracelets électroniques (déjà prévus en 2009 et 2010) et sans doute d’un allongement des délais de prescription. Le décalage entre la réalité des violences faites aux femmes et les mesures rendues publiques est sidérant. Dans ces conditions, il y a fort à parier que le 25 novembre 2012, nous manifesterons à nouveau.
Pour lutter contre les violences faites aux femmes, il est nécessaire d'agir en même temps sur le terrain économique, social et culturel. Augmenter le délai de prescription pourrait éventuellement être l'un des éléments d'une politique plus générale (et encore, les délais de 10 ans pour les viols n'empêchent pas que seules 10% des femmes portent plainte). Mais si cette mesure est la seule que prend le gouvernement (avec des bracelets électroniques dans 3 villes en France), c'est qu'il passe totalement à côté du sujet.
Les revendications sont pourtant claires :
> Le Planning Familial demande que soit appliqué le 3ème plan contre les violences. Ce dernier, présenté en avril dernier par le gouvernement, prévoyait notamment « des actions de prévention et de sensibilisation en milieu scolaire en direction des jeunes ».
> Le Collectif National Droits des Femmes revendique une formation en profondeur des professionnels de la justice, de l’éducation et de la police comme elle peut exister au Québec par exemple.
> La campagne « Contre le Viol » lancée l’an dernier par Osez le féminisme, le CFCV et Mix-Cité demandait que les crimes – donc les viols – soient jugés exclusivement en Cour d’assises et non en correctionnelle comme aujourd’hui.
> Les rencontres "Féministes en mouvement" de juillet 2011 demandaient l'application de la loi de juillet 2010 qui prévoit notamment une ordonnance de protection permettant d'éloigner les conjoints violents.
Les solutions sont donc connues et répétées chaque année par l'ensemble des associations féministes. Madame Bachelot ne répond à aucune d'entre elles. Elle prend la responsabilité que les violences continuent en 2012 comme en 2011. Et comme en 2010, 2009 et 2008.
C'est intolérable.
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